SANTE BUCCO-DENTAIRE
MINISTERE DE LA SANTE
COURS
DE SANTE BUCCO-DENTAIRE
A l’intention des élèves techniciens en soins bucco-dentaires de niveau secondaire
Collectionné par Dr BEKOMA YAMABESP
Médecin et formateur
AVRIL 2009
TABLE DES MATIÈRES
Préface
INTRODUCTION
Liste des sigles et abréviations
I.GENERALITES
1. Définition
2. importance
II.PRINCIPES DE BASE DE LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
2.1 Une composante essentielle et à part entière de la santé
2.2 Un facteur déterminant de qualité de vie
2.3 Santé bucco-dentaire - santé générale
2.4 Des soins de santé bucco-dentaires adaptés réduisent la mortalité prématurée
2.5 Poids des maladies bucco-dentaires et facteurs communs de risque
2.6 Surveillance de la santé bucco-dentaire et objective
III.HYGIENE BUCCO-DENTAIRE
3.1 Brossage
3.2 Hygiène alimentaire
3.3 Dépistage précoce
IV. CADRE POLITIQUE DE SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
V. PRÉVENTION DES MALADIES BUCCO-DENTAIRES ET PROMOTION DE LA SANTÉ
5.1 Promotion de la santé et santé bucco-dentaire
5.2 Prévention des maladies bucco-dentaires
VI. DOMAINES D’ACTION PRIORITAIRES POUR LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
6.1 Santé bucco-dentaire et fluorures
6.2 Alimentation, nutrition et santé bucco-dentaire
6.3 Tabac et santé bucco-dentaire
6.4 Santé bucco-dentaire et promotion de la santé à l'école
6.5 La santé bucco-dentaire des jeunes
6.6 Amélioration de la santé bucco-dentaire chez les personnes âgées
6.7 Santé bucco-dentaire, état de santé générale et qualité de vie
6.8 Systèmes de santé bucco-dentaire
6.9 VIH/SIDA et santé bucco-dentaire
6.10 Systèmes d’information sur la santé bucco-dentaire
6.11 Recherche en santé bucco-dentaire
VII EDUCATION EN SANTE BUCCO-DENTAIRE
BIBLIOGRAPHIIE
PRÉFACE
"Les maladies chroniques et les traumatismes sont les principaux problèmes de santé dans pratiquement toutes les régions du monde. Le tableau de la morbidité évolue partout rapidement. Il est étroitement lié à l’évolution du mode de vie avec notamment une alimentation riche en sucre et l’augmentation de la consommation de tabac et d’alcool.
La santé bucco-dentaire dépend des facteurs sociaux et environnementaux et aussi, fortement, de ceux liés au mode de vie. Ces facteurs constituent des risques pour la plupart des maladies chroniques ou au contraire des facteurs protecteurs, comme une exposition appropriée aux fluorures ou une bonne hygiène. Les maladies bucco-dentaires peuvent être qualifiées de problèmes de santé publique majeurs en raison de leur prévalence et de leur incidence élevées dans toutes les régions du monde et par le fait que, comme pour toutes les maladies, elles atteignent principalement les populations défavorisées et socialement marginalisées. Il faut également prendre en considération les effets qu’elles peuvent avoir en terme de douleur, de déficience fonctionnelle et de détérioration de la qualité de vie.
Le traitement classique des maladies bucco-dentaires est extrêmement coûteux dans nombre de pays industrialisés et est inaccessible dans la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire. La stratégie mondiale OMS de Prévention et de Contrôle des Maladies Non Transmissibles et l'approche fondée sur les facteurs communs de risque constituent une nouvelle façon d’aborder la prévention et le contrôle des maladies bucco-dentaires. Le Programme OMS de Santé Bucco- Dentaire a été renforcé en vue d’améliorer la santé bucco-dentaire partout dans le monde grâce à des liens avec d’autres programmes techniques au sein du Département Prévention des Maladies non Transmissibles et Promotion de la Santé."
Dans de nombreux pays d’Afrique, l’OMS en accord avec ces derniers ont institué la politique de soins de santé primaire. Le constat est que la composante soins bucco-dentaire a été laissée pour compte par exemple en République Démocratique du Congo.
La santé bucco-dentaire est une composante essentielle et à part entière de la santé, elle n’est pas uniquement synonyme de dents saines. Etre en bonne santé bucco-dentaire signifie ne pas souffrir de douleurs oro-faciales chroniques, de cancers de la cavité buccale ou du pharynx, de lésions des tissus de la cavité buccale d’anomalies congénitales comme le bec de lièvre et la fente palatine et d’autres maladies ou troubles affectant les tissus bucco-dentaires et maxillo-faciaux.
I. INTRODUCTION
Les maladies non transmissibles, au même titre que les maladies transmissibles, constituent pour les pays en voie de développement de lourds fardeaux qui pèsent considérablement sur leur développement socio-économique.
De nos jours, les affections bucco-dentaires, maladies non transmissibles, constituent un réel problème de santé publique émergent à cause de leur ampleur et de leur gravité.
Selon l’OMS :
- la carie dentaire, l’une des deux principales affections de la bouche avec les maladies parodontales, touche 60 à 90% des élèves dans les pays industrialisés et la grande majorité des adultes ;
- les traumatismes bucco-dentaires surviennent chez 15% des élèves en
Amérique latine, et sont en augmentation en pays développés passant de 16 à 40% chez les enfants de 6 ans ;
- les manifestations bucco-dentaires du VIH/SIDA sont très fréquentes ;
- les cancers de la cavité buccale chez les hommes ont une fréquence particulièrement élevée puisqu’ils occupent le 8ème rang des cancers les plus fréquents dans le monde.
- des affections très graves comme le noma tuent 90% des enfants de 2 à 6 ans en l’absence de traitement approprié.
La prévalence des maladies bucco-dentaires et leur incidence ne sont pas encore bien connues en R.D.CONGO.
Les données existantes, par rapport à la carie et aux parodontes ne reflètent pas la réalité du terrain, car les supports de collecte des données et de leur compilation ne permettent pas de disposer des fréquences relatives à chacune des affections bucco-dentaires.
Avant l’époque coloniale, leur prise en charge était uniquement du ressort des guérisseurs traditionnels et des chasseurs.
Pendant la colonisation, elle fut l’oeuvre du missionnaire blanc à travers l’assistance médicale gratuite.
Depuis l’indépendance, elle se fait dans les cabinets dentaires des établissements publics hospitaliers, de certains centres de santé, et dans des structures privées.
La prise en charge de la carie se faisait dans quelques établissements publics hospitaliers d’état par les chirurgiens dentistes, les stomatologistes nationaux et ceux des coopérations étrangères.
En dehors des structures étatiques et des cabinets privés, les autres structures ne disposent pas d’un plateau technique requis en matière de soins bucco-dentaires : le personnel de santé qualifié y est également insuffisant et les équipements techniques sont vétustes, en panne ou font défaut.
Le Gouvernement, à travers le Ministère de la Santé, doit créer un programme de
Santé Bucco-Dentaire dans le cadre de la prévention et la lutte contre les affections bucco-dentaires, dont l’une des missions essentielles est d’assurer la coordination, le suivi, l’appui technique aux structures de santé régionales et l’évaluation des actions en matière de santé bucco-dentaire.
L’élaboration d’un plan stratégique de santé bucco-dentaire sera une réponse à cette préoccupation et vient combler le vide en la matière.
Le but du plan sera d’améliorer l’état de santé bucco-dentaire de la population et la survie des enfants.
Il comprendra six axes stratégiques que sont :
- le renforcement des capacités de détection et de prise en charge efficace des affections bucco-dentaires,
- l’extension de la couverture en matière de santé bucco-dentaire,
- le développement de la communication pour le changement de comportement en faveur de la santé bucco-dentaire,
- le renforcement du partenariat autour de la lutte contre les maladies buccodentaires, et le renforcement des capacités d’intervention du programme,
- le développement de la surveillance des affections bucco-dentaires,
- la réalisation de la recherche sur les affections bucco-dentaires.
La réussite du plan nécessite une collaboration intersectorielle, l’implication de la communauté et l’appui technique et financier des partenaires
Objectif(s) du cours
Objectif pédagogique général :
La formation de l’élève en soins bucco-dentaire doit le rendre capable d’assurer des soins bucco-dentaires curatifs, préventifs, promotionnels et réadaptatifs aux membres de la communauté selon les ressources scientifiques et économiques accessibles et disponibles dans la communauté.
Objectifs spécifiques : A la fin de ce cours que l’apprenant soit capable de :
-donner des conseils pour améliorer l’hygiène bucco-dentaire pour une bonne santé.
-analyser les habitudes alimentaires de la population et adapter les principes de nutrition aux besoins bucco-dentaires.
- identifier les causes et les conséquences des affections bucco-dentaires.
-appliquer les méthodes de contrôle et les techniques de l'hygiène buccale.
-décrire les principes, les méthodes et les outils de travail propres à l'intervention de type communautaire.
-concevoir des programmes de prévention en hygiène dentaire en tenant compte des caractéristiques épidémiologiques et sociologiques des personnes cibles, des principes de base de la santé bucco-dentaire et des principes de base de l'éducation sanitaire dentaire.
-concevoir et construire du matériel éducatif de prévention en hygiène dentaire.
Liste des sigles et abréviations
ABD : Affections Bucco-dentaires
ADF : Association Dentaire Française
AOI : Aide Odontologique Internationale
Asc : Agent de Santé Communautaire
CAO : Cariées, Absentes, Obturées (Dents)
CCC : Communication pour le Changement de Comportement
IEC : Information Education et Communication
CDI : Centre Dentaire Infantile
CNIECS : Centre National d’Information, d’Education et de Communication pour la Santé
CNRS : Centre National de Recherche Scientifique
CNTS : Centre National de Transfusion Sanguine
CSC : Centre de Santé de Cercle
CScom : Centre de Santé communautaire
CSPD : Centre de Soins et de Prothèses Dentaires
CSR : Centre de santé de référence
FDI : Fédération Dentaire Internationale
HGR : Hôpital Général de Référence
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PMA : Paquet Minimum d’Activités
PCIME : Programme de Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant
SBD : Santé Bucco-dentaire
SIS : Système d’Information Sanitaire
SR : Santé de la Reproduction
ZS : Zone Sanitaire
I. GENERALITES
1.1 Définitions
La santé bucco-dentaire concerne tous les aspects de la santé et du fonctionnement de la bouche, en particulier les dents et gencives.
La santé bucco-dentaire se définit comme étant « la santé de la cavité buccale, y compris la denture et les structures et tissus qui la soutiennent. Elle est caractérisée par l’absence de toute maladie, et le fonctionnement optimal de la bouche, et de ses tissus, qui font la grande fierté de celui qui en jouit»
La santé bucco-dentaire passe par des gencives saines, des dents saines et insensibles à la variation thermique et chimique, éventuellement bien alignées, dans une bouche où le brossage dentaire est instauré au moins deux fois par jour
1.2 Importance de la santé bucco-dentaire
La santé bucco-dentaire est étroitement liée à l’état de santé général et au bien-être ; La capacité de mâcher et d’avaler est essentielle pour obtenir les substances nutritives dont nous avons besoin pour demeurer en bonne santé. Hormis l’impact sur le statut alimentaire, une santé dentaire insuffisante peut aussi affecter le discours et donc, la confiance en soi. Les maladies dentaires imposent aussi de lourds fardeaux financiers et sociaux, car les traiter est généralement coûteux. De plus, la douleur dentaire est synonyme d’absentéisme au travail et à l’école.
II. PRINCIPES DE BASE DE SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
2.1 La santé bucco-dentaire est une composante essentielle et à part entière de la santé
La santé bucco-dentaire n’est pas uniquement synonyme de dents saines: elle fait partie intégrante de l’état de santé générale et est essentielle au bien-être. Etre en bonne santé bucco-dentaire signifie ne pas souffrir de douleurs oro-faciales chroniques, de cancers de la cavité buccale ou du pharynx (gorge), de lésions des tissus de la cavité buccale, d’anomalies congénitales comme le bec de lièvre et la fente palatine, et d’autres maladies ou troubles affectant les tissus buccaux, dentaires et maxillo-faciaux, connus sous le nom de complexe maxillo-facial.
2.2 La santé bucco-dentaire est un facteur déterminant de qualité de vie
La santé bucco-dentaire n'est pas uniquement synonyme de dents saines: elle fait partie intégrante de l'état de santé générale et est essentielle au bien-être. Etre en bonne santé bucco-dentaire signifie ne pas souffrir de douleurs oro-faciales chroniques, de cancers de la cavité buccale ou du pharynx (gorge), de lésions des tissus de la cavité buccale, d'anomalies congénitales comme le bec de lièvre et la fente palatine, et d'autres maladies ou troubles affectant les tissus buccaux, dentaires et maxillo-faciaux, connus sous le nom de complexe maxillo-facial.
La santé bucco-dentaire est aussi un facteur déterminant de qualité de vie Le complexe maxillo-facial nous permet en effet de parler, de sourire, de toucher, de sentir, de goûter, de mâcher, d'avaler et de pleurer sans éprouver de douleur.
Il nous protège contre les infections microbiennes et les menaces liées à l'environnement. Les maladies bucco-dentaires restreignent les activités scolaires, professionnelles et personnelles, entraînant la perte de millions d'heures d'étude et de travail chaque année partout dans le monde. De plus, l'impact psychologique et social de ces maladies diminue sensiblement la qualité de vie.
2.3 Santé bucco-dentaire - santé générale
La relation entre la santé bucco-dentaire et l’état de santé générale a été établie scientifiquement; des formes sévères de maladies parodontales sont, par exemple, associées au diabète. La forte corrélation entre plusieurs maladies bucco-dentaires et des maladies non transmissibles chroniques est principalement due à des facteurs communs de risque. De nombreuses affections générales peuvent avoir des manifestations bucco-dentaires qui accroissent le risque de maladies bucco-dentaires, lesquelles, à leur tour, représentent un facteur de risque pour un certain nombre d’affections générales.
Cette conception élargie de la santé bucco-dentaire ne diminue en rien l’importance des deux principales pathologies bucco-dentaires au plan mondial – la carie dentaire et les maladies parodontales. Il est possible de les prévenir et de les traiter grâce à un ensemble de mesures individuelles, communautaires et professionnelles.
2.4 Des soins de santé bucco-dentaires adaptés réduisent la mortalité prématurée
Le dépistage précoce de la maladie est, dans la plupart des cas, essentiel pour sauver des vies. Un examen bucco-dentaire approfondi peut permettre de déceler des signes de carence nutritionnelle ainsi qu'un certain nombre de maladies générales telles que les infections microbiennes, les troubles immunitaires, les traumatismes et le cancer de la cavité buccale. Les tissus maxillo-faciaux permettent également de mieux connaître des organes les moins accessibles du corps. Par exemple, les glandes salivaires sont un modèle des glandes exocrines, et une analyse de la salive peut apporter des indices importants sur l’état de santé générale.
2.5 Le poids des maladies bucco-dentaires
Les maladies bucco-dentaires, en tant que maladies non transmissibles, constituent de nos jours un important problème de santé publique et parmi elles, la carie affecte particulièrement la santé des enfants et menace dangereusement leur vie.
La prévalence des maladies bucco-dentaires et leur incidence ne sont pas encore bien connues en R.D.CONGO.
Les maladies bucco-dentaires constituent pour les pays en voie de développement de lourds fardeaux qui pèsent considérablement sur leur développement socio-économique.
Selon l’OMS :
Les effets des maladies bucco-dentaires - douleur, souffrances, dysfonctionnement et baisse de la qualité de la vie - sont nombreux et coûteux. Le traitement représenterait de 5 à 10 % des dépenses de santé dans les pays industrialisés et n'est pas à la portée de nombreux pays en développement.
L’OMS a estimé à cinq milliards dans le monde le nombre des personnes présentant des caries dentaires. Dans de nombreux pays en développement, l'accès aux soins de santé bucco-dentaire est limité et les dents ne sont pas toujours soignées ou extraites",
- la carie dentaire, l’une des deux principales affections de la bouche avec les maladies parodontales, touche 60 à 90% des élèves dans les pays industrialisés et la grande majorité des adultes ;
- les traumatismes bucco-dentaires surviennent chez 15% des élèves en
Amérique latine, et sont en augmentation en pays développés passant de 16 à 40% chez les enfants de 6 ans ;
- les manifestations bucco-dentaires du VIH/SIDA sont très fréquentes ;
- les cancers de la cavité buccale chez les hommes ont une fréquence particulièrement élevée puisqu’ils occupent le 8ème rang des cancers les plus fréquents dans le monde.
- des affections très graves comme le noma tuent 90% des enfants de 2 à 6 ans en l’absence de traitement approprié.
2.6 Surveillance de la santé bucco-dentaire
Les affections bucco-dentaires, à cause du fardeau qu’elles entraînent, doivent faire l’objet de surveillance. Cette surveillance a permis à l’0MS de fixer des objectifs 2020 pour 16 « cibles associées à la santé bucco-dentaire »
La surveillance doit se faire à travers la collecte, le traitement, l’analyse, l’interprétation et la transmission des données.
La surveillance permettra d’apporter en temps opportun des réponses appropriées aux problèmes relatifs à la santé bucco-dentaire.
L’OMS a mis sur pied il y a déjà plusieurs années des systèmes de surveillance des maladies bucco-dentaires, en particulier en ce qui concerne la carie dentaire chez l’enfant.
L’Indice de Clin et Palmer est utilisé pour la surveillance de la carie dentaire.
CALCUL DE L’INDICE CAO
Pour mesurer les problèmes de santé bucco-dentaire d’une communauté on utilise des indices.
Parmi les indices de carie universellement reconnus, le plus simple est l’indice CAO décrit par Klein et Palmer en 1937.
Le CAO ou CAO individuel = C + A + O
C étant le nombre de dents cariées
A étant le nombre de dents absentes pour cause de carie
O étant le nombre de dents obturées définitivement dans la bouche de la personne examinée
• L’indice CAO appelé aussi CAO moyen est la moyenne qui résulte du nombre total des dents Cariées, Absentes pour cause de carie et Obturées définitivement d’une population donnée que l’on divise par le nombre de personnes examinées.
C total + A total + O total
L’indice CAO = ————————————
le nombre de personnes examinées
Le chiffre obtenu nous permettra alors de mesurer le niveau d’atteinte carieuse d’une population donnée :
- niveau très bas quand 0 < l’indice CAO < 1,1
- niveau bas quand 1,2 < l’indice CAO < 2,6
- niveau moyen quand 2,7 < l’indice CAO < 4,4
- niveau élevé quand 4,5 < l’indice CAO < 6,5
- niveau très élevé quand l’indice CAO est > 6,5
• Le CAO écrit en majuscule concerne les dents définitives
• Le cao écrit en minuscule est une adaptation de l’indice CAO aux dents de lait
L’indice cao ou cao moyen est donc la moyenne qui résulte du nombre total des dents temporaires cariées, absentes pour cause de carie et obturées définitivement que l’on divise par le nombre d’enfants examinés.
c total + a total + o total
L’indice cao = ————————————
le nombre d’enfant examinés
Indice CAO = CAO total/ l’effectif total des gens examinés
Indice cao = cao total/l’effectif total des enfants examinés
• Cocher sur le premier schéma par une croix toutes les dents atteintes de carie et noter en dessous le nombre de dents cariées (c et C), sans oublier les dents obturées avec récidive de carie.
Toute carie visible à l’oeil nu doit être comptabilisée mais aussi dès que la sonde accroche l’émail.
Toute coloration suspectée d’être une carie doit âtre vérifiée à la sonde : si la sonde n’accroche pas il doit s’agir d’une coloration (fluorose ou autre), d’une dysplasie ou d’une carie arrêtée, donc, ne pas comptabiliser dans le c et C.
Les taches ou coloration dues à une fluorose doivent être signalés dans la rubrique
Autre pathologie
Les dents à l’état de racine sont considérées comme absentes (car vouées à l’extraction)
• Cocher sur le deuxième schéma par une croix toutes les dents absentes pour cause de carie et noter en dessous le nombre de dents absentes (a et A).
Tenir compte de la chronologie d’éruption et veiller à bien faire l’interrogatoire pour ne pas comptabiliser les dents qui ont fait leur chute physiologique et celles extraites pour des besoins orthodontiques ou autres.
• Cocher sur le troisième schéma par une croix toutes les dents obturées et noter en dessous le nombre de dents obturées (o et O).
Seules les obturations définitives doivent être comptabilisées. Ne pas oublier les dents avec prothèse conjointes (nous le signalons bien que très rare chez nous dans la tranche d’âge qui nous concerne).
Noter à droite du schéma les cao et CAO totaux : cao = c + a + o
CAO = C + A + O
La surveillance montrait une forte prévalence de la carie dans les pays industrialisés, mais des valeurs généralement inférieures étaient observées dans les pays en développement. Une base de données a été créée et, au fil des ans, un nombre croissant d’études épidémiologiques ont fait état d’une évolution de la prévalence de la carie, à savoir une augmentation dans des pays en développement et une baisse dans de nombreux pays industrialisés.
Plusieurs études épidémiologiques ont été effectuées au moyen de la méthodologie et des critères OMS.
En 1980, la banque de données OMS sur la santé bucco-dentaire disposait des valeurs du CAOD à l’âge de 12 ans pour 107 pays sur 173, 51% des pays avaient un CAOD inférieur ou égal à 3, alors que les autres avaient des valeurs supérieures. En l’an 2000, le Programme OMS sur le profil de la santé bucco-dentaire par pays/région disposait de données pour 184 pays. Parmi eux, 68% avaient un CAOD inférieur à 3.
La diminution de la carie dentaire observée dans de nombreux pays développés est due aux mesures de santé publique, liées aux changements de mode de vie et d’habitudes d’hygiène. Dans certains pays, cette tendance risque de dissuader les pouvoirs publics de continuer à prendre des mesures pour améliorer la santé bucco-dentaire ou maintenir les résultats acquis. Cette tendance pourrait porter à croire que les problèmes de caries n’existent plus, du moins dans les pays développés, et entraîner une redistribution des budgets actuellement consacrés à la prévention de la carie. Pourtant, il convient de souligner que la carie dentaire, en tant que maladie, n’est pas éradiquée mais uniquement contrôlée jusqu’à un certain point.
En 1981, l’OMS et la Fédération Dentaire Internationale (FDI) ont formulé des objectifs à atteindre avant l’an 2000 pour la santé bucco-dentaire, à savoir:
1. 50% des enfants de 5-6 ans indemnes de carie dentaire;
2. Moyenne mondiale du CAOD ne dépassant pas 3 à 12 ans;
3. 85% de la population ayant toutes ses dents à l’âge de 18 ans;
4. Réduction de 50% d'édentés totaux chez les 35-44 ans par rapport au niveau de 1982;
5. Réduction de 25% d'édentés totaux à l’âge de 65 ans et plus par rapport au niveau de 1982;
6. Création d’une base de données pour surveiller les changements survenus dans la santé bucco-dentaire.
Pour le nouveau millénaire, il convient de fixer d’urgence de nouveaux objectifs en matière de santé bucco-dentaire, non seulement pour renforcer le contrôle de la carie dentaire et les activités de prévention, mais aussi pour tenir compte d’autres éléments importants influençant le poids des maladies bucco-dentaires telles que les maladies parodontales, les lésions de la muqueuse buccale, les lésions précancéreuses et cancéreuses de la cavité buccale, les traumatismes cranio-faciaux, la douleur et la qualité de vie liée à la santé bucco-dentaire. Au niveau mondial, ces objectifs, aideront les planificateurs de santé bucco-dentaire à élaborer des programmes de prévention ciblés sur les populations et les groupes à haut risque, et à améliorer encore la qualité des systèmes de santé bucco-dentaire dans les régions, les pays et au niveau local.
III.HYGIENE BUCCO-DENTAIRE
Elle fait partie de l’hygiène corporelle, et au même titre, on doit induire un changement de comportement : la population doit acquérir un comportement sain vis à vis de sa santé bucco-dentaire comme pour le reste du corps et ce, par l’apprentissage correct et régulier du brossage dentaire.
La santé bucco-dentaire en quatre points
Une bonne hygiène bucco-dentaire suppose :
1) des visites régulières chez votre chirurgien-dentiste;
2) un bon équilibre alimentaire;
3) une bonne technique de brossage;
4) un apport suffisant en fluor.
3.1 Brossage
Pour brosser les dents, on procède par la méthode 3 minutes, 3 fois par jour avec la méthode BROS. On commence toujours par la mâchoire du Bas avec un mouvement Rotatif. On doit se servir de la brosse en tournant le poignet de la gencive vers la dent. Mais pour les poignets délicats, les brosses à dents électriques font preuve de plus d'efficacité. Il faut également penser à brosser la gencive de façon Oblique. Enfin le S nous indique qu'il faut suivre toujours le même trajet, de bas en haut de l'intérieur vers l'extérieur, puis le dessus de la dent, et n'oublier aucune face. Mais il faut savoir qu'il faut également brosser la langue pas uniquement les dents car c'est la langue qui est source des mauvaises haleines avec la salive que nous produisons.
3.2 Hygiène alimentaire
Elle consiste à corriger les mauvaises habitudes alimentaires et à développer des conseils visant à écarter les aliments les plus cariogènes tout en favorisant une alimentation équilibrée.
Les habitudes alimentaires influencent la santé buccodentaire, notamment le développement des caries dentaires et la formation de la plaque dentaire. Le lien entre l’alimentation et les maladies infectieuses comme la maladie parodontale sont moins évidents, surtout parce que l’hygiène buccodentaire joue un rôle crucial dans ces problématiques.
Plusieurs facteurs reliés à l’alimentation sont à considérer dans la prévention de l’apparition et du développement des caries et la formation de la plaque dentaire :
- l’acidité provoquée par l’ingestion des aliments peut entraîner la déminéralisation des dents. L’acidité est créée par le métabolisme de sucres et de glucides fermentescibles. Les glucides fermentescibles sont des glucides (saccharides et amidons) qui commencent leur digestion dans la cavité buccale par l’entremise de l’amylase salivaire.
- L’absorption de sucres permet aux bactéries de se multiplier et à la plaque dentaire de se développer.
Des échelles permettent de classer les aliments selon leur potentiel cariogène, c’est-à-dire à favoriser l’apparition de caries. Certaines d’entre elles se basent sur le caractère acidogène des aliments. Par exemple, le lait, les noix et le pain sont des aliments faisant partie du groupe des moins acidogènes, tandis que le jus de pomme, le jus d’orange, les raisins secs et le pain de blé entier sont des aliments ayant un indice acidogène élevé.
D’autres échelles s’appuient plutôt sur la capacité des aliments à dissoudre l’émail des dents ou sur des modèles animaux. Cependant, ces échelles ne permettent pas de rendre compte de l’ensemble des facteurs qui influencent le développement des caries, ni de leur interaction.
Parmi ces autres facteurs, se retrouvent : le type d’aliment et sa composition, la façon d’apprêter les aliments, la quantité d’aliments, la fréquence des repas et le temps d’exposition des aliments dans la cavité buccale (ou clairance buccale).
Il est important de prendre en considération l’interaction de ces facteurs plutôt que d’analyser chacun d’entre eux séparément. En effet, un aliment possédant un indice cariogène potentiel très élevé peut être moins dommageable qu’un autre aliment à plus faible indice s’il est consommé seulement une fois par jour pendant les repas, par exemple.
Les conditions optimales pour prévenir l’apparition et le développement des caries seraient de favoriser un apport en sucre naturel (fruits et produits laitiers) plutôt qu’artificiel, de limiter la consommation d’aliments de la journée exclusivement à la période des repas et de combiner des aliments cariogènes avec d’autres aliments qui le sont moins.
À ce sujet, certains aliments ont été qualifiés d’anti-cariogène. En effet, en plus de ne pas avoir de potentiel de créer des caries, ils peuvent contrer l’effet néfaste d’autres aliments sur les dents. Plusieurs mécanismes sont proposés pour expliquer ce phénomène, particulièrement pour l’action des fromages et autres produits laitiers. D’abord, ces aliments provoqueraient une augmentation du flot salivaire, ce qui aurait pour conséquence de neutraliser l’acidité de la plaque en augmentant la capacité d’effet tampon. De plus, la stimulation de la salive aurait pour effet de diminuer le temps de rétention des aliments dans la cavité buccale en facilitant le délogement des débris. D’autre part, les produits laitiers inhiberaient la croissance bactérienne de la plaque. La diminution du nombre de bactéries causée par cette inhibition aurait pour effet de réduire la production d’acide. Finalement, les produits laitiers sont riches en substances alcalines comme le calcium, le phosphate et la caséine, et auraient le potentiel à la fois de diminuer la déminéralisation des dents et de favoriser leur reminéralisation.
D’autres recommandations sont proposées, comme l’ajout de fruits et légumes crus dans l’alimentation afin de favoriser la salivation, ainsi que le rinçage de la bouche avec de l’eau après chaque repas. L’important est d’adapter ces recommandations en fonction des besoins particuliers de chaque individu. Par exemple, au lieu d’éliminer complètement les collations chez une personne qui a une masse corporelle insuffisante, elles peuvent être remplacées par des fruits, yaourt ou fromage. Un autre aspect important à considérer pour la situation des aînés est la préparation des aliments. Les diètes en purée sont plus susceptibles d’être dommageables pour les dents, puisque les aliments ont le potentiel de demeurer plus longtemps dans la cavité buccale. Il devient donc très important de rincer la bouche avec de l’eau à la fin des repas et après l’administration de médication sucrée ou avec purée de fruits. Dans l’éventualité où la personne ne peut elle-même se brosser les dents et que le personnel n’est pas disponible en nombre suffisant pour prodiguer les soins d’hygiène buccodentaire aussi souvent qu’ils le devraient, la modification de certaines pratiques alimentaires peut tout de même freiner l’apparition des caries. Terminer le repas avec un yaourt plutôt qu’avec un gâteau au chocolat pourrait être une alternative intéressante.
3.3 Dépistage précoce
La carie du premier degré ne peut être détectée que par le chirurgien-dentiste. C’est à ce stade qu’il faut intervenir car le traitement est indolore et beaucoup moins coûteux.
3.4 Apport suffisant en fluor.
La mesure la plus efficace pour prévenir la carie dentaire est de maintenir en permanence un niveau suffisant de fluorures dans la cavité buccale.
Le fluorure contribue à la protection des dents contre le développement des caries en favorisant la reminéralisation des dents et la création d’une surface résistante à la déminéralisation
Pour cela, il faut faire recours à l’eau de boisson, au sel, au lait, aux bains de bouche et aux dentifrices fluorés, ou à l’application de fluorures par un professionnel ou bien encore à une combinaison de dentifrice fluoré et d’une autre source de fluorures.
L’exposition prolongée à un niveau optimal de fluorures se traduit par une diminution de la carie tant chez l’enfant que chez l’adulte.
Toutefois, il peut y avoir des effets secondaires indésirables à l’apport excessif de fluorures. L’expérience a montré qu’il n’est pas toujours possible d’obtenir une prévention efficace de la carie à base de fluorures sans un certain degré de fluorose dentaire, quelle que soit la méthode choisie pour maintenir ce faible niveau de fluorures dans la cavité buccale. Il faut chercher à réduire au maximum la carie tout en minimisant les risques de fluorose dentaire.
D’autres formes d’applications de fluorures (applications topiques, bains de bouche, comprimés/gouttes) peuvent être administrées.
L’usage généralisé des dentifrices fluorés à un coût abordable dans les pays en développement est efficace dans la prévention de la carie.
IV. CADRE POLITIQUE DE SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
Au cours des dix dernières années, des changements très importants sont notamment survenus en matière de santé, au niveau mondial. On comprend mieux maintenant les causes et les conséquences des problèmes de santé. Les déterminants sociaux, économiques, politiques et culturels de la santé sont désormais considérés comme importants et on peut faire valoir qu’en réduisant la pauvreté, il est possible d’améliorer la santé. Les systèmes de santé, y compris celui de la santé bucco-dentaire, ont leur rôle à jouer. Or, ils deviennent de plus en plus complexes et les attentes des populations ont considérablement évolué vis-à-vis des soins de santé.
Dans de nombreux pays, le rôle de l’Etat évolue rapidement avec l'émergence du secteur privé et de la société civile comme acteurs importants. Dans les pays en développement en particulier, un nombre croissant d’organisations de développement, de fondations privées et d’organisations non gouvernementales (ONG) prennent une part active dans le secteur de la santé.
Les objectifs de l'OMS visent à promouvoir la santé des communautés et des populations. Quatre orientations stratégiques définissent le cadre général de l’action technique de l’OMS et elles ont également des répercussions pour le Programme de Santé Bucco-Dentaire:
1. Réduire le poids des maladies bucco-dentaires et leurs conséquences invalidantes potentielles, notamment auprès des populations pauvres et marginalisées;
2. Promouvoir des modes de vie sains et réduire les facteurs de risque, pour la santé bucco-dentaire, liés à l'environnement, au comportement ainsi qu’à des causes économiques et sociales;
3. Développer des systèmes de santé bucco-dentaire qui améliorent celle ci équitablement répondent aux demandes légitimes de la population et qui soient financièrement acceptables;
4. Elaborer des politiques fondées sur l’intégration de la santé bucco-dentaire aux programmes de santé nationaux et communautaires ainsi que promouvoir la santé bucco-dentaire en tant que dimension de la politique de développement d’une société.
V. PRÉVENTION DES MALADIES BUCCO-DENTAIRES ET PROMOTION DE LA SANTÉ
5.1 Promotion de la santé et santé bucco-dentaire
Une bonne santé est une ressource capitale pour le développement social, économique et personnel. Certains facteurs politiques, économiques, sociaux, culturels, environnementaux, comportementaux et biologiques peuvent améliorer la santé ou au contraire lui nuire.
L’action de promotion de la santé vise à rendre ces conditions favorables à la santé. Elle va donc au-delà des seuls soins de santé. Elle place la santé au centre de l’action des politiques dans tous les secteurs et à tous les niveaux, leur enjoignant de tenir compte des conséquences de leurs décisions sur la santé et d’accepter leur responsabilité en la matière. La politique de promotion de la santé allie des méthodes variées mais complémentaires s’appuyant sur la législation, les mesures financières ou fiscales ou le changement organisationnel. Il s’agit d’un effort concerté en faveur de la création d’environnements propices et du renforcement de l’action communautaire. Promouvoir la santé, c’est mettre en oeuvre un certain nombre d’actions communautaires concrètes et efficaces pour définir des priorités, prendre des décisions, prévoir des stratégies et les mettre en oeuvre pour améliorer la santé. Le développement de la communauté et son autonomie consistent à tirer parti des ressources humaines et matérielles existantes pour faciliter la prise en charge individuelle, le soutien social et la participation à part entière de la communauté.
La promotion de la santé traite des déterminants de la santé au sens large et vise à réduire les risques à travers des politiques et des mesures adaptées. Promouvoir la santé là où les gens vivent, travaillent, étudient ou jouent est manifestement le moyen le plus créatif et qui a le meilleur rapport coût/efficacité pour améliorer la santé bucco-dentaire et donc la qualité de la vie.
L’eau est essentielle à la vie, à la santé et à la production des aliments. Pourtant, près de 20 % de la population mondiale n’a pas accès à l'eau potable et près de 40 % n’a pas accès à un assainissement adéquat (19). Un peu partout dans le monde, des contaminants biologiques et des polluants chimiques compromettent la qualité de l’eau, entraînant tout un éventail de maladies souvent mortelles. Les mauvais systèmes d’assainissement, observés dans la plupart des pays en développement, ont des répercussions sur l’hygiène générale et bucco-dentaire en particulier. Dans de nombreuses communautés des pays en développement, promouvoir l’éducation en matière d’hygiène et de changements de comportement auprès des parents, des personnes qui s’occupent des enfants et les enfants eux-mêmes, reste un véritable défi. Les communautés doivent également se battre pour élaborer des programmes efficaces d’assainissement en milieu scolaire et de traitement approprié de l’eau pour promouvoir l’hygiène bucco-dentaire.
L’urbanisation croissante, l’évolution démographique ainsi que les changements sociaux et environnementaux, exigent des approches différentes de la santé bucco-dentaire. Il est peu probable que l’on puisse obtenir des améliorations dans ce domaine au moyen d’interventions isolées ciblées sur des comportements particuliers. Les interventions les plus efficaces et les plus durables se fondent à la fois sur une politique sociale et sur des mesures individuelles de nature à promouvoir des conditions et des modes de vie sains.
Au niveau mondial, le soutien technique et politique de l’OMS est nécessaire pour permettre aux pays d’intégrer la promotion de la santé bucco-dentaire à la promotion de la santé en général. L’expertise des centres collaborateurs OMS est précieuse à cet égard. Les pays peuvent également s’inspirer des expériences locales et des atouts des communautés pour les encourager à contribuer activement à leur santé future et faciliter l’autonomisation et l’action communautaire en vue de la promotion de la santé. Le Programme OMS de santé bucco-dentaire applique la philosophie « penser globalement – agir localement » (20). L’élaboration de programmes de promotion de la santé bucco-dentaire, dans des pays ciblés, est axée sur:
* L’identification des déterminants de la santé; la mise en place de mécanismes visant à améliorer la capacité de concevoir et de mettre en oeuvre des interventions pour promouvoir la santé bucco-dentaire;
* La mise en oeuvre de projets de démonstration dans la communauté pour promouvoir la santé bucco-dentaire, en privilégiant les groupes de populations pauvres et défavorisés;
* Le renforcement des capacités de planification, d’évaluation des programmes nationaux de promotion de la santé bucco-dentaire et des interventions mises en place;
• La mise au point de méthodes et d’outils pour analyser le déroulement et les résultats des interventions de promotion de la santé bucco-dentaire dans le cadre des programmes nationaux de santé;
* La création de réseaux et d’alliances visant à renforcer les mesures nationales et internationales de promotion de la santé bucco-dentaire. L’accent est également mis sur la création de réseaux pour l’échange de données d’expérience dans le cadre du programme OMS.
5.2 Prévention des maladies bucco-dentaires
La prévention et la lutte contre les affections bucco-dentaires s’articuleront autour de six axes principaux qui sont :
- le Renforcement des capacités du personnel de santé des structures sanitaires à la détection précoce et à la prise en charge efficace des affections bucco-dentaires,
- l’Extension de la couverture géographique et sanitaire en matière de santé buccodentaire,
- la Communication pour le Changement de Comportement des populations en faveur de la santé bucco-dentaire,
- le Renforcement du partenariat dans la prévention et la lutte contre les affections bucco-dentaires,
- l’Intégration de la surveillance épidémiologique des affections bucco dentaires dans le système de surveillance épidémiologique existant,
- le Développement de la Recherche dans le domaine de la santé bucco-dentaire,
5.2.1 Le renforcement des capacités du personnel de santé à la détection précoce et à la prise en charge efficace des affections bucco-dentaires
Il comprendra les activités essentielles suivantes:
- la formation du personnel,
- l’élaboration de directives techniques pour la détection et la prise en charge efficace des affections bucco-dentaires au sein des établissements sanitaires,
- la supervision du personnel de santé
5.2.1.1 La formation
Pour prévenir les affections bucco-dentaires ou minimiser leur gravité, il est essentiel de former les différentes catégories de personnel de santé à l’identification des cas et à leur prise en charge efficace selon les directives techniques qui seront élaborées et diffusées à cet effet.
Cette formation concernera le personnel des secteurs public, communautaire parapublic et privé et aussi les relais des ONG, les enseignants, les guérisseurs, les chasseurs, et les ménages, etc...
Elle sera assurée sous forme de formation continue en cascade, c’est -à- dire, qu’elle se fera en plusieurs étapes, du niveau central au niveau périphérique. Elle consistera aussi à la formation initiale par l’introduction de l’enseignement des affections buccodentaires dans le curriculum des étudiants de l’Institut de Formation en Sciences de la Santé. Elle sera aussi introduite dans les programmes de l’enseignement primaire.
5.2.1.2 L’élaboration et la diffusion des Directives techniques
La qualité de la prise en charge des affections bucco-dentaires et celle de la récolte de données épidémiologiques dépendent de la codification des actes préventifs et curatifs par niveau. L’élaboration et la diffusion de directives techniques de prise en charge par niveau assureront cette codification.
5.2.1.3 L’élaboration d’algorithmes de prise en charge des affections bucco-dentaires essentielles
Ces algorithmes permettent la prise en charge précoce et rapide surtout des cas de
noma par le personnel de soignant à tous les niveaux.
6.2.1.4 Le suivi du personnel de santé formé
Il portera essentiellement sur les points suivants :
- l’appréciation du degré de connaissance des affections,
- la maîtrise de la prise en charge des affections bucco-dentaires,
- l’utilisation correcte des algorithmes par niveau,
- l’aptitude du personnel de santé dans la formation des relais communautaires.
5.2.2 L’extension de la couverture géographique et sanitaire en matière de santé bucco-dentaire
Le droit à la santé bucco-dentaire ne peut exister que si la majeure partie de la population a accès à des structures de prise en charge et à l’offre de services de base de qualité.
Les activités à ce niveau sont :
- la construction et l’équipement de structures ;
- l’élaboration et la mise en oeuvre d‘un PMA (Paquet Minimum d’Activités) de soins bucco-dentaires au niveau des structures de premier contact et de référence.
5.2.2.1 La construction et l’équipement des structures
L’extension de la couverture géographique se fera à travers la réalisation du plan standard de création et d’équipement de structures de santé (construction et/ou rénovation de cabinets dentaires, équipement et approvisionnement des structures en matériel et produits par niveau) et la répartition équitable du personnel entre structures dentaires des villes et des zones rurales.
6.2.2 L’extension de la couverture sanitaire
La définition d’un paquet de services en soins bucco-dentaires, son élaboration et son intégration dans le PMA (Paquet Minimum d’Activités) par niveau permettra d’étendre la couverture et l’accessibilité aux soins bucco-dentaires.
5.2.3 Le Développement de la Communication pour le Changement de
Comportement
Les pathologies bucco-dentaires sont assez répandues en R.D.Congo.
Leur survenue est liée à des multiples facteurs de risque environnementaux et comportementaux. Plusieurs d’entre elles sont évitables par des moyens simples et peu onéreux. L’élaboration et l’exécution d’un véritable plan de communication se justifient dans ce contexte.
L’objectif du plan de communication est de favoriser l’acquisition de connaissances et de compétences élémentaires relatives à ces maladies et l’adoption de comportements individuels et collectifs pour leur prévention à travers :
- l’information et la sensibilisation de la communauté, surtout des mères de famille,
- l’élaboration de messages et d’autres supports de la communication,
- la diffusion de messages au moyen de canaux et supports appropriés :
•radios, TV, livrets scolaires, dépliants, images ;
•conférences-débats, des jeux-concours ;
•canaux traditionnels (crieurs, griots, sketches, etc) ; leaders religieux et communautaires.
5.2.4 Le Renforcement du partenariat
L’Etat et les professionnels de la santé bucco-dentaire ne peuvent, à eux seuls, mener efficacement la prévention et la lutte contre les affections bucco-dentaires : le premier, à cause des ressources toujours limitées, les seconds, à cause de leur nombre très insuffisant.
L’appui d’autres partenaires, dont les populations bénéficiaires des activités programmées, est indispensable à cet égard.
La communauté sera impliquée aux efforts de sensibilisation et d’information et aux choix des agents de santé communautaires (relais communautaires).
Les guérisseurs constituent le premier recours aux soins ; à ce titre, ils sont les premières personnes consultées par les populations surtout pour les maladies des enfants. Ils seront les premiers remparts pour la détection précoce des affections bucco-dentaires et pour l’orientation des cas vers les établissements de santé.
La Stratégie PCIME (Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant) pourra jouer un rôle déterminant dans la prévention et la lutte contre les affections buccodentaires.
La mise en oeuvre du programme Santé de la Reproduction au niveau des CSR offre l’opportunité la meilleure pour la promotion de la santé bucco-dentaire et la prévention des affections. D’ailleurs selon l’OMS, « c’est durant la grossesse que commencent les soins destinés aux enfants ».
Les leaders communautaires et religieux, références sociales et morales, les associations de jeunes et de femmes joueront un rôle très important dans la lutte contre les affections bucco-dentaires en général, et singulièrement le noma.
L’intégration de la santé bucco-dentaire dans la santé scolaire avec une forte implication des enseignants produit des résultats forts appréciables.
Chaque partenaire sera formé à la connaissance des affections en général, à celle du noma en particulier.
La mise en place des associations de lutte contre les affections bucco- dentaires et le noma à tous les niveaux contribuera largement à la promotion de la santé buccodentaire et constituera à cet effet un soutien important pour le développement des activités du programme.
Les ONG et les partenaires bilatéraux et multilatéraux apporteront leur appui technique et financier à la réalisation du plan.
5.2.5 L’intégration de la surveillance des affections bucco-dentaires dans le système de surveillance épidémiologique intégrée existant
Les affections bucco-dentaires, à cause du fardeau qu’elles entraînent, ont fait l’objet de surveillance par l’OMS qui a dégagé des tendances pour la carie depuis 1979 en fonction du niveau de développement des pays et des différents groupes d’âge cibles. Cette surveillance a permis de fixer des objectifs 2020 pour 16 « cibles associées à la santé bucco-dentaire »
La surveillance se fera à travers la collecte, le traitement, l’analyse, l’interprétation et la transmission des données.
Elle permettra d’apporter en temps opportun des réponses appropriées aux problèmes relatifs à la santé bucco-dentaire.
5.2.6 La Réalisation de la recherche sur les maladies bucco-dentaires
L’enquête nationale sur les maladies bucco-dentaires est une recherche qu’il est indispensable de mener afin d’évaluer la prévalence des affections et de fournir les efforts nécessaires à sa réduction.
L’élaboration et la mise en oeuvre d’un projet de prévention des affections buccodentaires au niveau des écoles constituent une recherche qui contribuera à la diminution de la carie et même l’élimination du noma.
Le noma est peu ou mal connu. C’est pourquoi il est défini selon la perception de groupe linguistique. Comme il est difficile de lutter contre une affection dont la connaissance est basée sur des perceptions variables d’un individu ou d’une société à l’autre, la recherche permettra d’évaluer le niveau de connaissances, de perception et des attitudes que le personnel et la population ont de cette maladie
(enquêteCAP).
La recherche, sur des thèmes variés et divers, va contribuer à fournir des réponses aux problèmes de santé bucco-dentaires perçus par les populations ou par les structures de santé.
5.2.7 Nivaux d’action
L’Organisation de la lutte contre les maladies bucco-dentaires doit se faire à trois nivaux :
A) Au niveau des décideurs
Les décideurs doivent prendre conscience de l’ampleur des désagréments (douleurs, inconfort), de la sévérité (mortalité, séquelles lourdes) et des pertes que subissent les populations et l’Etat (dépenses et absentéisme du lieu de travail) à cause des maladies bucco-dentaires.
Les problèmes afférents à la santé bucco-dentaire revêtent un caractère de santé publique.
Aussi, ils doivent prendre en compte au niveau d’un programme de développement par la prévision d’activités à exécuter aux différents niveaux à travers l’élaboration et la mise en oeuvre du plan d’action.
B) Au niveau des prestataires
La détection des cas de noma et la prise en charge des autres affections se font dans les cabinets dentaires privés ou corporatifs et dans les établissements sanitaires étatiques et communautaires.
C) Au niveau du partenariat
L’OMS et FDI (Fédération Dentaire Internationale)
Ce sont les deux partenaires clés qui apportent leur appui technique et financier dans la lutte contre les affections bucco-dentaires en général.
Elle est, avec l’OMS et la Fédération Dentaire Internationale (FDI) l’instigatrice du
Réseau d’échanges et de formation en matière de santé bucco-dentaire en Afrique.
JUSTIFICATION
Selon l’OMS, les maladies bucco- dentaires sont en nette progression et leur poids socio-économique est pesant pour les populations des pays en développement en général et pour les couches les plus défavorisées vulnérables en particulier.
Elles sont d’origine plurifactorielle. Parmi les facteurs favorisants, les comportements individuels nocifs ont un rôle très important comme dans la plupart des maladies non transmissibles,
Il s’agit de la consommation fréquente des sucreries ou de coutumes traumatisantes dont la « taille » des dents (caries), de l’absence et /ou de l’insuffisance de l’hygiène bucco-dentaire (carie, parodontopathies, noma …), de la consommation d’alcool et de tabac à fumer et à chiquer (cancers bucco- pharyngés), des comportements dont le « mordillement des lèvres ou les frottements de la pipe » (tumeurs).
Leur survenue est aussi fortement liée à la pauvreté et/ ou à l’ignorance.
La carie dentaire, touche tous les âges (dès l’âge de 2 ans) et toutes les couches de la population (mais surtout les personnes démunies).
Le noma, dont la cible est constituée par les enfants âgés de 1an ½ à 5 ou 6 ans à l’état général altéré, est particulièrement sévère à cause de la forte mortalité qu’il entraîne. Ce fort taux de mortalité (90 % de mortalité sans traitement) l’a propulsé aujourd’hui à la tête du classement des pathologies bucco-dentaires fait par l’OMS.
Les manifestations buccales de l’infection à VIH représentent une cause non négligeable de consultations bucco-dentaires.
Les traumatismes bucco-dentaires essentiellement les fractures des maxillaires et des dents, et les plaies des tissus mous sont très fréquents et sont le fait des accidents de la voie publique, des accidents domestiques ou en milieu scolaire.
Ce plan décrit les grands axes d’intervention en matière de santé bucco-dentaire, les objectifs à court et moyen terme de même que les activités essentielles à mener pour atteindre les objectifs fixés.
Sa mise en oeuvre va nécessiter un engagement réel des décideurs, des partenaires, du personnel socio –sanitaire (des structures publiques, parapubliques, communautaires, et privées), et des communautés par une approche multidisciplinaire, multisectorielle et communautaire.
VI. DOMAINES D’ACTIONS PRIORITAIRES POUR LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
6.1 Santé bucco-dentaire et fluorures
Les recherches ont montré que la mesure la plus efficace pour prévenir la carie dentaire était de maintenir en permanence un faible niveau de fluorures dans la cavité buccale. L’objectif des programmes communautaires de santé publique devrait donc être de mettre en oeuvre le moyen le plus approprié pour maintenir ce niveau faible mais constant de fluorures chez autant de personnes que possible. Pour cela, on peut avoir recours à l’eau de boisson, au sel, au lait, aux bains de bouche et aux dentifrices fluorés, ou à l’application de fluorures par un professionnel ou bien encore à une combinaison de dentifrice fluoré et d’une autre source de fluorures. Les données montrent clairement que l’exposition prolongée à un niveau optimal de fluorures se traduit par une diminution de la carie tant chez l’enfant que chez l’adulte.
Toutefois, il peut y avoir des effets secondaires indésirables à l’apport excessif de fluorures. L’expérience a montré qu’il n’est pas toujours possible d’obtenir une prévention efficace de la carie à base de fluorures sans un certain degré de fluorose dentaire, quelle que soit la méthode choisie pour maintenir ce faible niveau de fluorures dans la cavité buccale. Les administrateurs de la santé publique doivent chercher à réduire au maximum la carie tout en minimisant les risques de fluorose dentaire.
Les fluorures sont largement utilisés à l’échelle mondiale et avec profit. Plus de 500 millions de personnes dans le monde utilisent des dentifrices fluorés, près de 210 millions ont accès à une eau fluorée, quelque 40 millions à du sel fluoré. D’autres formes d’applications de fluorures (applications topiques, bains de bouche, comprimés/gouttes) sont administrées à près de 60 millions de personnes. Par contre, les populations de nombreux pays en développement n’ont pas accès aux fluorures pour la prévention de la carie dentaire, pour des raisons tant pratiques qu’économiques.
Une des politiques de l’OMS consiste à soutenir l’usage généralisé des dentifrices fluorés à un coût abordable dans les pays en développement. Ceci est particulièrement important compte tenu de l’évolution de l’alimentation et de l’état nutritionnel dans ces pays. Des études récentes menées localement ont montré que des dentifrices fluorés, d’un coût abordable, sont efficaces dans la prévention de la carie et devraient être mis à disposition des autorités sanitaires dans les pays en développement (22). Le Programme mondial OMS de Santé Bucco-Dentaire met actuellement en oeuvre des projets de démonstration en Afrique, en Asie et en Europe afin d’évaluer les effets de ces dentifrices, de même que ceux de la fluoration du lait et du sel.
6.2 Alimentation, nutrition et santé bucco-dentaire
Nous sommes aujourd’hui confrontés dans le monde à deux types de malnutrition, le premier associé à la faim ou aux carences nutritionnelles et le second à la suralimentation. L’urbanisation et le développement économique entraînent des changements rapides du régime alimentaire et des modes de vie. La mondialisation des marchés a des répercussions importantes en matière de suralimentation, entraînant des maladies chroniques comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, le cancer, l’ostéoporose et les maladies bucco-dentaires. L’alimentation et la nutrition ont des répercussions sur la santé bucco-dentaire à différents titres. La nutrition, par exemple, influence le développement cranio-facial, le cancer de la cavité buccale et les maladies infectieuses de la bouche. Les pathologies dentaires liées à l’alimentation comprennent notamment la carie dentaire, les anomalies de développement de l’émail, l’érosion dentaire et les maladies parodontales.
Les effets des changements nutritionnels montrent comment des risques communs influencent la santé publique, y compris la santé bucco-dentaire. Les acteurs de santé publique s’occupant de santé bucco-dentaire aurait intérêt à mieux comprendre les effets sur la santé de ces facteurs complexes sur la santé afin de prévenir ou de contrôler les maladies bucco-dentaires.
Les principaux défis à relever sont les suivants:
* Mettre en place des conseils nutritionnels, en soulignant les bienfaits d’une bonne alimentation sur la santé en général et en insistant également sur les aspects liés directement à la santé bucco-dentaire. L’effet de la consommation de sucre après l’éruption des dents est l’un des facteurs étiologiques de la carie dentaire;
* Faciliter des actions de sensibilisation lors de la promotion de l’allaitement maternel. Parmi d’autres avantages importants pour la santé, le lait maternel prévient la survenue des caries de la petite enfance, provoquées par une exposition fréquente et prolongée des dents au sucre et souvent dues au fait que l’on met l’enfant au lit avec un biberon d’eau sucrée ou qu’on l’autorise à boire de l’eau sucrée à volonté pendant la journée;
* Faire connaître les avantages d’une diminution de la consommation de boissons sucrées, qui est le risque majeur pour la carie dentaire. L’érosion dentaire semble également être un problème croissant qui, dans certains pays, est associé à une augmentation de la consommation de boissons contenant des acides;
* Promouvoir une alimentation saine et rationnelle parmi les personnes vivant dans des zones défavorisées ou isolées des pays à revenu faible ou intermédiaire en encourageant le recours aux produits naturels de bonne valeur nutritionnelle à la place de produits alimentaires raffinés et industrialisés;
* Préconiser une alimentation saine qui peut également aider à prévenir le cancer de la cavité buccale. Les fruits et légumes frais, jaunes ou verts, seraient bénéfiques, tout comme les suppléments de vitamines A, C et E. La consommation excessive d’alcool est un important facteur de risque dans l’étiologie des lésions précancéreuses et cancéreuses de la cavité buccale. Ces habitudes doivent être modifiées.
L’OMS et la FAO ont récemment publié une stratégie mondiale sur l’alimentation, l’activité physique et la santé (23), reposant sur l’analyse des meilleures données disponibles concernant la relation entre l’alimentation et l’activité physique et les principales maladies chroniques d’origine nutritionnelle. La stratégie vise à réduire le poids croissant des maladies non transmissibles tant dans les pays développés que dans les pays en développement. Des recommandations ont été faites pour faciliter l’élaboration de stratégies régionales et de directives nationales visant à réduire le fardeau de ces maladies. Entre autres recommandations, la part du sucre libre (ajouté) devrait rester inférieur à 10% de l’apport énergétique et le nombre de prises alimentaires et de boissons contenant du sucre ajouté devrait être limitée à quatre par jour au maximum. Pour les pays où la consommation est élevée, il est recommandé que les autorités sanitaires nationales et les responsables fixent des objectifs spécifiques au pays et à la communauté concernant la réduction de la consommation de sucres libres. De nombreux pays vivent actuellement une transition nutritionnelle et leur population n’a pas un apport en fluor suffisant. C’est donc aux autorités sanitaires nationales qu’il incombe de faire en sorte que des programmes de fluoration réalisables soient mis en oeuvre dans leur pays.
Afin de réduire au maximum la survenue de l’érosion dentaire, qui semble étroitement liée à la consommation de boissons contenant des acides, il faudrait limiter la quantité et la fréquence des boissons sucrées et de jus de fruits consommés. L’élimination de la sous-alimentation permet d’éviter l’hypoplasie de l’émail et d’autres effets potentiels sur la santé bucco-dentaire (atrophie des glandes salivaires, maladies parodontales, maladies infectieuses de la cavité buccale, par exemple).
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire contribue à la mise en oeuvre de la Stratégie Mondiale sur l’Alimentation, l’Activité Physique et la Santé. De nombreuses interventions peuvent être mises en place au niveau national, particulièrement dans les domaines suivants:
* services de santé bucco-dentaire;
* écoles: programmes des études, cantines et santé scolaire;
* industrie alimentaire, supermarchés;
* restauration, etc;
* ONG (en lien avec la santé et autres);
* législation et politique;
* médias;
* suivi, surveillance et recherche.
Les ministères de la santé devraient veiller à ce que les mécanismes de collaboration intersectorielle soient examinés attentivement. Les stratégies devraient porter à la fois sur les taxes, les prix, l’étiquetage des aliments, les cantines scolaires et l’appui aux programmes de nutrition.
6.3 Tabac et santé bucco-dentaire
La prévalence du tabagisme a baissé dans certains pays à haut revenu, mais continue à augmenter dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, notamment parmi les jeunes et les femmes (1,24). Il ne fait pas de doute que le nombre croissant de fumeurs et de consommateurs de tabac sans fumée parmi les jeunes, dans certaines régions du monde, aura des effets considérables sur l’état de santé générale et la santé bucco-dentaire des générations futures. La prévalence du tabagisme est généralement plus élevée chez les personnes ayant un faible niveau d’instruction ou parmi les populations pauvres et marginalisées.
Le tabagisme est la principale cause évitable de décès prématuré et de plusieurs grandes maladies. En outre, la cigarette, la pipe, le cigare et le "bidi", le bétel, le "guhtka" et d’autres formes traditionnelles du tabagisme ont divers effets sur la cavité buccale (25,26). Le tabac est un facteur de risque pour le cancer de la cavité buccale, les récidives de ce cancer, les maladies parodontales de l’adulte et les anomalies congénitales telles que le bec de lièvre et la fente palatine chez l’enfant. Le tabac supprime la réponse immunitaire aux infections bucco-dentaires, compromet la guérison après une intervention chirurgicale bucco-dentaire ou une blessure accidentelle, favorise la dégénérescence du parodonte chez les diabétiques et a des effets défavorables sur le système cardio-vasculaire. En outre, les risques liés à la consommation de tabac augmentent considérablement lorsqu’elle est associée à l’alcool ou à la noix d’arec. La plupart des conséquences bucco-dentaires du tabagisme ont des répercussions sur la qualité de la vie, aussi simples que la mauvaise haleine, aussi complexes que les anomalies congénitales bucco-dentaires, aussi répandues que les maladies parodontales et aussi pénibles que les complications de la cicatrisation d’une plaie.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire vise à lutter contre les maladies bucco-dentaires liées au tabac et autres affections à travers diverses stratégies. A l’OMS, le Programme est rattaché à l’initiative OMS pour un monde sans tabac, et complètement intégré à d’autres programmes en rapport avec la santé bucco-dentaire. A l’extérieur, il encourage l’adoption et l’application des politiques OMS de contrôle et de sevrage du tabagisme par les organisations nationales et internationales intervenant dans le domaine de la santé bucco-dentaire. Ses principaux partenaires sont les centres collaborateurs OMS pour la santé bucco-dentaire et les ONG en relations officielles avec l’OMS, à savoir l’Association Internationale de Recherche Dentaire (IADR) et la Fédération Dentaire Internationale (FDI). Plusieurs projets ont été mis en place au Canada, dans les pays de l’Union européenne, au Japon, en Nouvelle-Zélande et aux Etats-Unis d’Amérique, et d’autres encore sont envisagés en Chine et en Inde.
Les professionnels de la santé bucco-dentaire sont invités à renforcer leur contribution aux programmes incitant à cesser de fumer et ce, pour diverses raisons éthiques, morales et pratiques, dont les suivantes:
* Ils sont particulièrement concernés par les effets néfastes de la consommation de tabac sur la sphère oropharyngée;
* Ils rencontrent régulièrement des enfants et des jeunes ainsi que des personnes qui s’en occupent. Ils ont donc la possibilité de les inciter à éviter de fumer, à
* Ils passent souvent plus de temps avec les patients que d’autres cliniciens, ce qui leur donne la possibilité d’intégrer éducation et intervention;
* Ils traitent souvent des femmes en âge de procréer et sont donc en mesure d’informer ces patientes des risques potentiels pour leurs enfants de la consommation de tabac;
* Ils sont tout aussi efficaces que d’autres personnels de santé pour aider les consommateurs de tabac à abandonner leur habitude et les résultats n’en sont que meilleurs lorsque plusieurs disciplines interviennent dans le processus;
* Ils peuvent motiver leurs patients en leur montrant les dégâts du tabac dans la cavité buccale.
L’objectif du Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire dans le domaine du tabac consiste à faire en sorte que les équipes de santé bucco-dentaire et les organisations compétentes soient directement, judicieusement et systématiquement impliquées dans l’éducation des patients et du grand public afin de les inciter à éviter toute forme de tabagisme ou à arrêter de consommer du tabac.
Le but de la lutte contre le cancer est de réduire à la fois l’incidence de la maladie, la morbidité et la mortalité. Cela exige non seulement la connaissance de l’histoire de la maladie, mais également une bonne compréhension des facteurs sociaux, économiques et culturels sous-jacents. Le dépistage précoce peut sauver des vies. Plusieurs pays développés et en développement mettent en oeuvre des programmes de prévention du cancer comprenant celui de la cavité buccale. Il est indispensable d’apprendre aux individus à reconnaître les signes et symptômes précoces du cancer de la cavité buccale. Dans les pays en développement en particulier, les agents de soins de santé primaires formés au dépistage du cancer de la cavité buccale sont appelés à devenir une force de prévention considérable grâce au dépistage précoce et à la promotion de la santé en vue de sensibiliser la communauté. Un système d’orientation efficace doit être trouvé pour permettre la prise de mesures vitales.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire soutient l’intégration de la prévention du cancers de la cavité buccale dans les programmes nationaux de lutte contre le cancer, sur la base d’une planification, d’un suivi et d’une évaluation rigoureux ainsi que la constitution de partenariats (27).
6.4 Santé bucco-dentaire et promotion de la santé à l'école
L’initiative mondiale de l’OMS pour la santé à l’école, lancée en 1995, vise à mobiliser et à renforcer les activités d’éducation et de promotion de la santé aux niveaux local, national, régional et mondial. L’initiative est destinée à améliorer la santé des enfants, du personnel scolaire, des familles et autres membres de la collectivité, et cela à travers l’établissement scolaire. La promotion de la santé à l'école est un enseignement qui veille constamment à renforcer la capacité à instaurer un cadre de vie, d’apprentissage et de travail sain. L’initiative
1. Développer les capacités de sensibilisation en vue d’améliorer les programmes de santé scolaire.
2. Créer des réseaux et des alliances afin de développer le concept de promotion de la santé à l'école.
3. Renforcer les capacités nationales.
4. Mener des recherches afin d’améliorer les programmes de santé scolaire.
Afin d’aider les particuliers et les associations à soutenir le développement de la promotion de la santé à l’école, l’OMS a publié une « série d’informations sur la santé à l’école ». On y trouve des lignes directrices destinées à aider les écoles et les responsables de la collectivité à améliorer la santé et l’éducation des jeunes, chaque document ayant pour but d’encourager les écoles à traiter un ou plusieurs problèmes de santé importants.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire a rédigé un document technique afin de renforcer la mise en oeuvre d’un élément santé bucco-dentaire dans le programme pour la promotion de la santé à l'école. Les arguments importants en faveur de la promotion de la santé bucco-dentaire par l’école sont les suivants:
* Pendant leurs années de formation, de l’enfance à l’adolescence, les élèves sont accessibles. Ce sont des stades importants dans la vie de l’individu car c’est à ce moment-là qu’il adopte des comportements mais aussi des croyances et des attitudes vis-à-vis de la santé bucco-dentaire qu’il gardera toute sa vie;
* Les écoles peuvent offrir un environnement propice à la promotion de la santé bucco-dentaire. L’accès à l'eau potable, par exemple, peut favoriser les programmes d’hygiène en général et d’hygiène bucco-dentaire en particulier. De même, un environnement matériel de sécurité peut contribuer à réduire le risque d’accidents et par conséquent le risque de traumatismes dentaires;
* Le poids des maladies bucco-dentaires chez l’enfant est important. La plupart d'entre elles, une fois établies, sont irréversibles et auront un impact sur la qualité de vie et l’état de santé générale;
* Des politiques scolaires, un environnement propice et une éducation pour la santé sont essentiels à l’instauration de la santé bucco-dentaire et au contrôle des comportements à risque comme la consommation d’aliments et de boissons sucrés, le tabagisme ou la consommation d’alcool;
* Les écoles peuvent offrir une plate-forme pour la prestation de soins bucco-dentaires préventifs et curatifs.
Grâce à un réseau étendu de promotion de la santé à l’école (Health Promoting Schools), l’OMS collabore, aux niveaux régional et mondial, avec Education International, l’ONUSIDA et l’UNESCO pour permettre aux organisations représentatives des enseignants du monde entier de mettre à profit leur capacité et leur expérience pour améliorer la santé par l’école. Le
Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire est rattaché à ces réseaux comme aux réseaux scolaires de santé bucco-dentaire établis dans les divers pays et régions.
Des programmes de formation de formateurs, à l’intention des instituteurs, sont organisés pour développer les capacités nationales d’intégration de la promotion de la santé bucco-dentaire à l’école. Dans le cadre de la mise en place du réseau OMS (MEGA) de Promotion de la Santé dans les pays les plus peuplés, le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire encourage l’échange de bonnes pratiques entre responsables de santé scolaire et de promotion de la santé.
L’OMS rassemble les travaux de recherche portant sur les interventions susceptibles d’améliorer la santé par l’école afin de développer des capacités au niveau national et de surveiller l’état de santé des enfants et des enseignants. Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire a élaboré des méthodologies permettant d’évaluer le processus et le résultat des programmes de santé bucco-dentaire à l’école, en vue de renforcer la mise en oeuvre de ces programmes et l’action des centres collaborateurs OMS pour la santé bucco-dentaire.
6.5 La santé bucco-dentaire des jeunes
Les adolescents, âgés de 10 à 19 ans selon la définition de l’OMS, représentent un cinquième de la population mondiale. Un jeune ayant confiance en lui, bien intégré socialement, qui croit en des valeurs et a accès aux informations pertinentes est mieux à même de prendre des décisions positives pour sa santé. Les facteurs extérieurs ont un impact énorme sur la façon dont les adolescents pensent et se comportent ; les valeurs et les comportements de leurs pairs sont de plus en plus importants tandis que les parents et les autres membres de la famille gardent toujours une influence. L'environnement plus large de ces jeunes a également une importance (médias, industries, institutions communautaires, par exemple). Les programmes visant à améliorer la santé bucco-dentaire des jeunes doivent tenir compte de ces facteurs, notamment la consommation de bonbons, de boissons sucrées, de tabac ou d’alcool. Des alliances efficaces entre l’environnement familial, le milieu scolaire, les professionnels et les organisations communautaires sont nécessaires si l’on veut contrôler les risques pour la santé bucco-dentaire des jeunes.
6.6 Amélioration de la santé bucco-dentaire chez les personnes âgées
La répartition selon l’âge de la population mondiale évolue. Avec les progrès de la médecine et l’allongement de l’espérance de vie, la proportion de personnes âgées va continuer à augmenter partout dans le monde. Par exemple, le Rapport sur la santé dans le monde 1998 dénombrait 390 millions de personnes âgées de plus de 65 ans, par exemple. On estime que ce chiffre devrait doubler d’ici 2025 . La génération du baby boom d’après-guerre aura 65 ans en 2011, venant grossir sensiblement les rangs des personnes âgées.
D'ici 2025, dans de nombreux pays en développement, en particulier en Asie et en Amérique latine, on attend une augmentation de la population âgée pouvant aller jusqu’à 300%. D’ici 2050, il y a aura 2 milliards de personnes de plus de 60 ans, dont 80% dans les pays en développement. La croissance de cette population est gigantesque et pose des problèmes énormes du point de vue de la prise en charge des personnes âgées. A mesure que les gens vieillissent, leur susceptibilité aux maladies chroniques et aux maladies qui engagent le pronostic vital ainsi qu’aux infections aigües augmente, et est encore aggravée par des déficits du système immunitaire . Dans ce groupe d'âge, le cancer, les maladies cardio-vasculaires,
le diabète, les infections et une mauvaise santé bucco-dentaire (avec notamment la perte de dents ou des formes sévères de maladie parodontale) sont plus fréquentes. Les conséquences de ces maladies et affections sont significatives, entraînant des incapacités et une qualité de vie diminuée.
Les maladies bucco-dentaires sont généralement évolutives et cumulatives. Le processus du vieillissement peut directement ou indirectement accroître le risque de maladies bucco-dentaires et de perte des dents, phénomène que compliquent encore un mauvais état de santé générale, la présence de maladies aigües ou chroniques. Parmi les personnes âgées, on observe une prévalence élevée de co-morbidité et des obstacles aux soins, en même temps que des problèmes de santé bucco-dentaire liés aux phénomènes suivants:
* évolution de l’état de la dentition;
* prévalence de la carie et besoins de soins non satisfaits;
* poches parodontales/perte d’attache parodontale et mauvaise hygiène bucco-dentaire;
* édentation et perte fonctionnelle;
* conséquences de prothèses dentaires amovibles mal adaptées;
* cancer de la cavité buccale;
* xérostomie;
* douleur et gêne cranio-faciales.
L’interrelation entre la santé bucco-dentaire et l’état de santé générale est particulièrement prononcée chez les personnes âgées. Une mauvaise santé bucco-dentaire peut accroître les risques pour la santé générale et se répercuter sur l’apport nutritionnel lorsque les capacités de mastication et d’alimentation sont amoindries. De même, les maladies systémiques et/ou les effets secondaires indésirables de leur traitement peuvent entraîner un risque accru de maladies bucco-dentaires, une diminution du flux salivaire, une altération du goût et de l’odorat, des douleurs dento-faciales, une hypertrophie des gencives, une résorption de l’os alvéolaire et la mobilité des dents. La prévalence élevée de traitements associant plusieurs médicaments dans ce groupe d’âge peut encore aggraver les effets sur la santé bucco-dentaire. Parmi les autres déterminants figurent une alimentation à forte teneur en sucre, une mauvaise hygiène bucco-dentaire par manque de dextérité, la consommation d’alcool ou de tabac, autant de facteurs de risque pour la santé bucco-dentaire.
Les obstacles aux soins de santé bucco-dentaire pour les personnes âgées sont considérables. La perte de mobilité les empêche d’avoir accès aux soins, en particulier pour celles qui habitent en milieu rural lorsque les moyens de transport public sont insuffisants. La situation est plus grave encore dans les pays en développement s’il n’existe pas de services de santé bucco-dentaire et de soins à domicile. Certaines personnes âgées pouvant par ailleurs éprouver des difficultés financières après leur retraite, le coût réel ou l’idée qu’elles se font du coût du traitement dentaire, allié à des attitudes négatives à l’égard de la santé bucco-dentaire, peuvent les décourager de consulter un dentiste. La peur de la violence peut rendre les personnes âgées craintives face à des étrangers, ce qui peut gêner la communication avec les personnels soignants.
Dans certains pays, les personnes âgées ont tendance à vivre seules, loin de leurs amis ou de leur famille. L’absence de soutien social et les sentiments de solitude et d’isolement peuvent se répercuter sur leur santé mentale et leur bien-être. Il existe à l’évidence des besoins non satisfaits dans ce groupe d’âge. Il est important que les personnels des services de santé tiennent compte des facteurs psycho-sociaux non négligeables ayant une incidence sur la santé et le bien-être des personnes âgées. Il faut donc fournir des services de santé bucco-dentaire adaptés, qui soient accessibles, appropriés et acceptables. L’état de santé des personnes âgées doit également être pris en compte avant de planifier un traitement complexe pouvant comporter des interventions chirurgicales. Le diagnostic de ces besoins particuliers et la planification en cas de traitement sophistiqué sont essentiels. Enfin, les incidences pour la recherche et la formation sont considérables.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire entend élaborer des stratégies pour améliorer la santé bucco-dentaire des personnes âgées. Sur la base de l’expérience acquise dans le cadre des programmes de démonstration dans les pays, les planificateurs nationaux de la santé bucco-dentaire sont encouragés à intégrer des activités systématiques dans ce domaine afin d’améliorer la qualité de la vie. Le Programme appliquera ces stratégies en collaboration avec le Centre de l’OMS à Kobe (Japon), les bureaux régionaux de l’OMS, les centres collaborateurs de l’OMS pour la santé bucco-dentaire et les ONG.
6.7 Santé bucco-dentaire, état de santé générale et qualité de vie
La santé bucco-dentaire fait partie intégrante de la santé au sens large. Les maladies parodontales, par exemple, sont associées à des problèmes de santé comme les maladies cardio-vasculaires et le diabète. Les personnes présentant des affections complexes sont plus exposées au risque de maladies bucco-dentaires qui compliquent encore leur état de santé générale. Certaines maladies ont des manifestations buccales, et ces lésions peuvent être le premier signe d’autres maladies potentiellement mortelles comme le VIH/SIDA. En outre, certains médicaments ou traitements courants utilisés pour traiter des maladies systémiques peuvent compromettre la santé et le fonctionnement de la sphère bucco-dentaire.
Non traitées, même pendant peu de temps, les maladies bucco-dentaires peuvent avoir des conséquences néfastes. Une infection bucco-dentaire peut tuer. Une infection bucco-dentaire est considérée comme un facteur de risque dans nombre d’affections générales. La propagation de bactéries peut entraîner ou aggraver sérieusement des infections dans l’organisme tout entier, en particulier chez les personnes immunodéprimées. Les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires ou de diabète sont particulièrement vulnérables. Des études ont montré que les maladies bucco-dentaires (carie dentaire et maladie paradontale, par exemple) étaient associées à d’autres maladies non transmissibles, et cette interrelation mérite des recherches plus approfondies.
Une mauvaise santé bucco-dentaire peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie. La douleur, la survenue d’abcès dentaires, des difficultés à mastiquer ou à se nourrir, une gêne provoquée par la forme des dents ou des dents manquantes, colorées ou abîmées peuvent avoir des répercussions sur la vie quotidienne et le bien-être des individus. Ces dernières années, de nombreuses recherches ont montré l’impact de la santé bucco-dentaire sur la qualité de la vie (42). Plusieurs mesures de la qualité de vie liée à la santé bucco-dentaire ont été élaborées afin d’évaluer les répercussions fonctionnelles, psychologiques, sociales et économiques; mesures très importantes pour l’évaluation des programmes de santé bucco-dentaire dans la communauté.
Les facteurs de risque pour la santé tels qu’une consommation excessive d’alcool, le tabagisme ou d’autres formes de consommation du tabac et de mauvaises habitudes alimentaires peuvent également se répercuter sur la santé bucco-dentaire. La corrélation entre ces comportements liés au mode de vie et le risque accru de caries dentaires, de maladies parodontales, d’infections de la bouche, d’anomalies maxillo-faciales, de cancers de la cavité buccale et d’autres affections de la bouche montre bien la nécessité d’adopter une approche intégrée de la promotion à la fois de la santé bucco-dentaire et de la santé générale. L’approche fondée sur des facteurs communs de risque offre une possibilité intéressante d’intégrer la promotion de la santé bucco-dentaire dans la promotion de la santé générale. Une telle approche devrait être plus efficace que les programmes dirigés contre une seule maladie ou affection.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire fournira des informations sur l'analyse des différentes politiques de santé afin d'élaborer des politiques destinées à faciliter l’intégration de la santé bucco-dentaire dans les programmes nationaux et communautaires. Ces initiatives passent par une analyse des dernières connaissances disponibles et la création de banques de données mondiales sur la santé bucco-dentaire, la santé générale et les facteurs communs de risque.
6.8 Systèmes de santé bucco-dentaire
Plus de 20 ans après son adoption, la stratégie de la Santé pour Tous basée sur les soins de santé primaires n’a pas encore été pleinement mise en oeuvre. Dans de nombreux pays, les capacités et les ressources nationales − humaines, financières et matérielles – sont encore insuffisantes pour assurer l’offre de services de santé essentiels de qualité et l’accès à ceux-ci pour tous, notamment dans les communautés défavorisées. Plusieurs pays sont désormais engagés dans un processus de changement. Certains procèdent à une réforme du secteur public dans son ensemble, d’autres ne réforment que le secteur de la santé en décentralisant les services publics, en favorisant la participation du secteur privé et en réorganisant leur mode de financement et de prestation de services. Ces changements ont principalement pour but de réduire les inégalités dans l’accès aux services de santé, de promouvoir une couverture universelle et d’améliorer l’efficacité de l’ensemble du système de santé.
La transition des services de santé bucco-dentaire coïncide avec la tendance générale de la réforme des services de santé. Plusieurs pays industrialisés occidentaux offrent à leur population des services de santé bucco-dentaire, aussi bien préventifs que curatifs, qui reposent sur des systèmes privés ou publics. Par contre, les personnes appartenant à des groupes défavorisés ou à certaines minorités ethniques, les sans-logis, les personnes handicapées ou les personnes qui ne peuvent sortir de chez elles et les personnes âgées ne sont pas suffisamment couvertes par les soins bucco-dentaires. Dans les pays d’Europe centrale et orientale, une décentralisation et une déréglementation des services de santé bucco-dentaire ont eu lieu ces dernières années. Avec la privatisation, un nombre croissant de personnes ne peuvent plus s’offrir des soins dentaires privés. Dans certains pays d’Europe orientale, des systèmes de tiers payant ont été mis en place, mais la priorité n’est pas donnée aux soins préventifs. La demande de traitements sophistiqués a augmenté, en particulier dans les groupes à faible revenu. De plus, de nombreux enfants ne sont pas couverts car les services dentaires scolaires anciennement proposés dans la plupart des pays d’Europe orientale ont été supprimés.
Dans les pays en développement, les services de santé bucco-dentaire sont principalement offerts par les hôpitaux centraux ou régionaux des centres urbains, peu d’importance étant donnée aux soins préventifs ou conservateurs. De nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine connaissent une pénurie de personnels de santé bucco-dentaire et, d’une manière générale, la capacité des systèmes de santé se limite au soulagement de la douleur ou aux soins d’urgence. En Afrique, le nombre de dentistes par habitant est d’environ 1 pour 150 000 contre 1 pour 2000 dans la plupart des pays industrialisés.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire est favorable au développement de services correspondant aux besoins de chaque pays. La réorientation des services de santé bucco-dentaire en faveur de la prévention et de la promotion de la santé se fait en collaboration avec les bureaux OMS régionaux ou nationaux. Un module de base de soins bucco-dentaires a été mis au point et les outils proposés peuvent être utiles dans certains pays. Pour les pays en développement, en particulier, des modèles de soins de santé primaires applicables aux soins bucco-dentaires essentiels sont encouragés et plusieurs projets de démonstration dans la communauté basés sur le contexte socioculturel sont soutenus ou mis en oeuvre conjointement avec le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire. En outre, ce Programme a mis au point une composante santé bucco-dentaire dans le cadre du projet de prise en charge intégrée des maladies de l’adolescent et de l’adulte.
La question du personnel de santé bucco-dentaire – à savoir les catégories de personnel à former, leurs fonctions et les effectifs dans chaque catégorie – retient l’attention depuis de nombreuses années. Son importance est apparue plus clairement dans certains pays où la formation de dentistes est inadaptée aux besoins et à la demande de soins de santé bucco-dentaire. Certains pays connaissent encore un problème de formation, de catégories et d’effectifs inadaptés des professionnels de la santé bucco-dentaire. On a signalé, en particulier, que dans les pays en sureffectif, les fonctions traditionnellement dévolues aux assistants sont maintenant réalisées par les dentistes eux-mêmes. Dans ces pays, l’introduction de personnel auxiliaire a été retardée. L’évolution du tableau de morbidité bucco-dentaire et des facteurs socio-démographiques indique qu’un ajustement des structures existantes du personnel de santé bucco-dentaire est nécessaire dans plusieurs pays développés. Dans les pays en développement, le problème consiste à encourager les programmes de formation pour les types de personnel correspondant aux besoins et à l’infrastructure de santé bucco-dentaire du pays.
6.9 VIH/SIDA et santé bucco-dentaire
L’épidémie de VIH/SIDA est l’une des plus graves qu’ait connue l’humanité. Près de 40 millions de personnes étaient infectées par le VIH en 2001 et des millions sont déjà mortes du SIDA.
Plusieurs études ont montré qu’environ 40 à 50% des personnes séropositives présentaient des infections virales, bactériennes ou mycosiques de la bouche, qui surviennent souvent à un stade précoce de la maladie. Les lésions buccales directement associées à l’infection à VIH sont la candidose buccale pseudomembraneuse, la leucoplasie chevelue buccale, la gingivite et la parodondite liées au VIH, le sarcome de Kaposi, les lymphomes non hodgkiniens et la sécheresse buccale due à une diminution du flux salivaire.
Le principal défi de l’action contre le VIH/SIDA à l’heure actuelle est de faire en sorte que des stratégies de prévention et de soins ayant fait leur preuve, soient largement mises en oeuvre au niveau où elles sont susceptibles d’avoir un impact décisif sur l’épidémie.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire peut apporter une contribution importante au diagnostic précoce, à la prévention et au traitement de cette maladie.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire a rédigé un guide qui propose une approche systématique de la mise en oeuvre d’études épidémiologiques portant sur les affections de la cavité buccale associées à l’infection au VIH. Il contient des directives pour la collecte, l’analyse, le rapport et la diffusion des données, ce qui devrait faciliter les comparaisons des résultats de différentes études. Il vise également à encourager le personnel de santé bucco-dentaire et les praticiens de santé publique à faire de l’état de santé bucco-dentaire un élément de prise en charge optimale des cas et des activités de surveillance des maladies associées à l’infection au VIH.
En collaboration avec d’autres programmes techniques de l’OMS et les centres collaborateurs OMS pour la santé bucco-dentaire, le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire facilitera et coordonnera l’élargissement des initiatives efficaces grâce à un soutien technique et gestionnaire.
Ces activités porteront principalement sur:
* l’identification des manifestations buccales les plus révélatrices du VIH/SIDA;
* la participation du personnel de santé bucco-dentaire à la documentation du VIH/SIDA pour assurer une évaluation médicale, une prévention et un traitement appropriés;
* la formation des autres professionnels de santé au dépistage des lésions buccales et des manifestations extrabuccales; l’utilisation d’une méthode de « formation de formateurs » pour atteindre les agents de santé au niveau du village et de la communauté;
* la diffusion d’informations sur la maladie et sa prévention par tous les moyens de communication possibles;
* l’appui technique de l’OMS aux réunions organisées au niveau régional ou inter-régional pour mettre en commun les expériences des pays en matière de prévention du VIH/SIDA et la modification des modes de vie à travers des campagnes et des programmes communautaires.
6.10 Systèmes d’information sur la santé bucco-dentaire
Le poids des maladies bucco-dentaires et les besoins des populations évoluent. De même, les systèmes de santé bucco-dentaire et les connaissances scientifiques changent rapidement.
Afin de répondre à ces besoins, les acteurs de santé publique et les décideurs ont besoin d’outils, de moyens et d’informations pour évaluer et suivre les besoins de santé, choisir les interventions, élaborer des options politiques adaptées à leur situation et améliorer la performance du système de santé bucco-dentaire.
Dans les objectifs pour la santé bucco-dentaire d’ici l’an 2000, l’OMS et la FDI invitaient les Etats Membres à établir des systèmes d’information sur la santé bucco-dentaire, ce qui reste un défi dans la plupart des pays. Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire est prêt à aider les pays à mettre sur pied de tels systèmes d’information comprenant des données complémentaires sur les indicateurs épidémiologiques.
Les informations qui peuvent être obtenues à travers un système d’information sanitaire peuvent être utilement classées dans les sous-systèmes connexes suivants:
* surveillance épidémiologique;
* couverture de la population par les services;
* dossiers et comptes rendus des services;
* administration et gestion des ressources;
* qualité des soins dispensés;
* surveillance du programme de santé bucco-dentaire et évaluation des résultats.
Les évaluations systématiques des systèmes de santé bucco-dentaire font défaut et le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire préconise un modèle complet permettant de mesurer les ressources, le processus, les services produits et les résultats
A l’OMS, des systèmes d’information sont mis en place pour la surveillance des tendances mondiales des maladies bucco-dentaires et des facteurs de risque. La banque de données de l’OMS sur la santé bucco-dentaire réunit des informations utiles au suivi du tableau épidémiologique mondial et des évolutions, dans le temps, de la santé bucco-dentaire. Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire a commencé à intégrer la base de données existante aux autres bases de données sanitaires et systèmes de surveillance des facteurs de risque de l’OMS. Le principal instrument de surveillance est baptisé "STEPS" (approche par étapes de la surveillance). Il s’agit d’une approche simple offrant aux pays des méthodes normalisées communes, mais qui laissent suffisamment de souplesse pour élargir leurs outils en y ajoutant les informations intéressantes pour leur situation propre (47).
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire propose des systèmes modernes d’information sanitaire, au niveau mondial, à travers diverses activités:
* La révision des méthodes fondamentales d’enquête sur la santé bucco-dentaire, tenant compte du nouveau tableau de la morbidité bucco-dentaire (par exemple l’érosion dentaire et la consommation de boissons sucrées) et permettant d’enregistrer des facteurs de risque et des facteurs liés à la qualité de vie (y compris les comportements à risque tels que les habitudes alimentaires, le tabagisme, la consommation d’alcool et les habitudes en matière d’hygiène bucco-dentaire);
* La mise au point de techniques de gestion et d’analyse des données utilisant les technologies de l’information;
* Le rattachement de la banque de données mondiale sur la santé bucco-dentaire au système d’information du Programme des profils de pays/région;
* L’élaboration de méthodologies et d’approches pour l’évaluation de l’efficacité des programmes communautaires de santé bucco-dentaire, axés sur la promotion de la santé et la prévention de la maladie. Cette évaluation comprend également une documentation des procédés pour permettre une mise en commun des expériences des différents programmes.
Les programmes OMS de santé bucco-dentaire au niveau du siège et des régions ont récemment évalué le degré de réalisation des objectifs OMS/FDI pour la santé bucco-dentaire d’ici l’an 2000. L’OMS a commencé à élaborer de nouveaux objectifs. Le Bureau Régional de l’Europe a défini des cibles en la matière, pour 2020 dans le cadre de sa politique Santé. L’OMS, la Fédération Dentaire Internationale (FDI) et l’Association Internationale de Recherche Dentaire (IADR) ont conjointement préparé de nouveaux objectifs pour la période allant jusqu’à 2020. Les objectifs et les cibles ont été élargis de façon à couvrir des indicateurs significatifs liés à la santé bucco-dentaire de groupes de population. Les buts fixés à l’échelle mondiale n’ont pas de caractère normatif. Ce cadre est conçu principalement pour encourager les responsables de l’élaboration des politiques de santé aux niveaux régional, national et local à fixer des normes de santé bucco-dentaire en ce qui concerne la douleur, les troubles fonctionnels, les maladies infectieuses, le cancer de l’oropharynx, les manifestations buccales de l’infection au VIH, le noma, les traumatismes, les anomalies maxillo-faciales, la carie dentaire, les anomalies de développement des dents, les maladies parodontales, les maladies des muqueuses buccales, les troubles des glandes salivaires, la perte de dents, les services de santé et les systèmes d’information sanitaire.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire aidera directement les pays à travers les bureaux régionaux et nationaux à élaborer des objectifs, des cibles et des normes.
6.11 Recherche en santé bucco-dentaire
La recherche est un processus systématique visant à produire des connaissances nouvelles. Sur la base des progrès des sciences sociales et biomédicales, de la santé publique et des technologies de l’information, de nouveaux concepts peuvent conduire à des interventions novatrices ayant un impact direct sur le diagnostic, la prévention, le traitement, mais aussi les aspects éthiques et sociaux de la maladie. Les progrès dans le domaine des connaissances n’ont, toutefois, pas encore pleinement bénéficié aux pays en développement. On estime par exemple que 10% seulement des fonds alloués au niveau mondial à la recherche en santé sont consacrés à des problèmes qui touchent 90 % de la population mondiale (49). Les disparités évidentes sur les plans économique, politique, des ressources, des moyens scientifiques, et d’accès aux réseaux mondiaux de l’information ont, en réalité, élargi l’écart entre pays riches et pays pauvres dans le domaine des connaissances.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire contribue à redresser le déséquilibre dans la répartition des connaissances en matière de santé bucco-dentaire de telle sorte que les résultats de la recherche profitent à tous, y compris aux pauvres, et cela de manière durable et équitable. Les connaissances étant un moyen important d’améliorer la santé des pauvres en particulier, le Programme se concentrera sur la promotion de la recherche en santé bucco-dentaire dans les pays développés et les pays en développement afin de réduire les facteurs de risque et la charge de morbidité bucco-dentaire et d’améliorer les systèmes de santé bucco-dentaire et l’efficacité des programmes communautaires. Il faudrait notamment consacrer davantage de recherches aux aspects suivants: les inégalités en matière de santé bucco-dentaire; les répercussions psycho-sociales de la santé ou de la maladie bucco-dentaire; l’alimentation, la nutrition et la santé bucco-dentaire; les programmes de sevrage tabagique; les relations entre santé bucco-dentaire, état de santé générale et qualité de vie; et le VIH/SIDA.
Le renforcement des capacités de recherche est l’une des stratégies les plus efficaces, les plus rentables et les plus durables pour permettre aux pays en développement de profiter des progrès des connaissances, en particulier à travers la promotion de réseaux régionaux et inter-pays de recherche en santé bucco-dentaire. Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire entend favoriser la recherche effectuée dans ce domaine pour, avec et par les pays en développement, de plusieurs façons:
* En soutenant les initiatives susceptibles de renforcer les moyens de recherche des pays en développement, de sorte que la recherche soit reconnue comme le fondement d’une politique de santé bucco-dentaire;
* En associant davantage les centres collaborateurs OMS pour la santé bucco-dentaire dans les domaines prioritaires de recherche dans le cadre des réseaux de centres nationaux, régionaux ou inter-régionaux;
* En encourageant les programmes de formation à la recherche en santé bucco-dentaire au niveau local ou sur la base de programmes concertés inter-universités;
* En offrant aux universités des pays en développement un accès aisé à la littérature scientifique sur la santé bucco-dentaire par un accès en ligne aux revues scientifiques;
* En réduisant l’écart 10/90 en matière de recherche en santé bucco-dentaire par une action dans le cadre du Forum mondial pour la recherche en santé . Ce forum aide à fixer les priorités, à diffuser les conclusions de la recherche et à mesurer les résultats afin de rompre le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté.
VII EDUCATION EN SANTE BUCCO-DENTAIRE
Les objectifs sont :
• Connaître les informations spécifiques à communiquer à la population.
• Induire un changement de comportement : faire acquérir à l population un comportement sain vis à vis de sa santé bucco-dentaire comme pour le reste du corps et ce, par l’apprentissage correct et régulier du brossage dentaire, par la correction des mauvaises habitudes alimentaires( écarter les aliments les plus cariogènes) en favorisant une alimentation équilibrée.
.
7.1 ORGANISATION MATERIELLE
Préparation des supports d’information (affiches, diapositives, dépliants, films et autre matériel didactique) et concertation avec tous les autres intervenants (notamment le personnel enseignant).
7.2 DEROULEMENT DES ACTIVITES D’EDUCATION POUR LA
SANTE BUCCO-DENTAIRE
1- Phase théorique
1-1. Familiarisation de la population avec le chirurgien-dentiste ou technicien en soins bucco-dentaire et le matériel dentaire
Le chirurgien-dentiste se présente en blouse blanche dans la salle de la séance avec un plateau dentaire contenant la petite instrumentation et explique son utilisation.
Il profitera de cette séance pour présenter le programme et ses objectifs.
1-2. La séance d’éducation pour la santé bucco-dentaire comprenant :
• La leçon d’éducation sanitaire (sous forme d’un cours interactif).
Elle sera élaborée selon différents niveaux correspondants aux classes pédagogiques des âges cibles.
Elle doit comporter des éléments d’information à transmettre aux enfants tels que la description de la dent, sa fonction, l’importance de la 1ère molaire et une sensibilisation à la préservation d’une bonne santé bucco-dentaire.
La séance dure une heure comprenant le cours (rappels + consolidation), débat et la démonstration sur maquette géante.
* Information - Motivation - Sensibilisation :
- Anatomie d’une dent saine et son environnement
- Dent malade : les différents stades d’une carie
- Conséquences des pathologies bucco-dentaires
* Initiation pour une bonne santé bucco-dentaire
- Conseils d’hygiène buccale
- Notions d’hygiène alimentaire
• L’apprentissage d’une technique correcte du brossage dentaire sur modèle (maquette géante)
• Un débat
2- Phase pratique
2-1. Une séance de brossage avec brosse à dents sans dentifrice
- Comment tenir sa brosse à dent
- Séquences du brossage
2-2. Séances de brossage au lavabo avec dentifrice
- Comment tenir sa brosse à dent et appliquer le dentifrice
- Séquences du brossage
Le chirurgien-dentiste ou le technicien en soins bucco-dentaire prendra les ou les enfants par groupes de 10 à 15 (un groupe travaille, l’autre est observateur).
La périodicité des séances de brossage varie selon les classes cibles (voir exemple de fiches techniques jointes en annexe).
Le chirurgien-dentiste assurera ou le technicien en soins bucco-dentaire les trois premières séances au moins puis l’enseignant prendra le relais si nécessaire.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. OMS :
- Rapport sur la Santé Bucco- Dentaire dans le monde 2003,
- l’Approche du Programme OMS de Santé Bucco- Dentaire, Genève
Programme Noma dans la Région Africaine : Introduction, OMS/AFRO
- La Santé bucco-dentaire dans la Région Africaine: Stratégie régionale
1999 - 2008, Hararé, Zimbabwé ,1998
2. Ministère de la Santé du Bénin, Programme de santé bucco-dentaire :
Education pour la santé en milieu scolaire
3. L. O. DJONDANG, , Approche épidémio – clinique de la carie dentaire au Centre
Dentaire Infantile de Bamako, A propos de 500 enfants âgés de 2- 10 ans de Juin
96-Janvier 97, Thèse médecine, Bamako, 1999 ,67 p, N°45
4. F.TOGOLA Approche épidémiologique de la carie dentaire dans le cabinet privé
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