cours de Santé bucco-dentaire
MINISTERE DE LA SANTE
Institut Technique Médical le Bien-Être
Ecole des techniciens en soins bucco-dentaires
Kinshasa/Ngaliema
COURS
D’introduction
A LA SANTE BUCCO-DENTAIRE
A l’intention des élèves techniciens en soins bucco-dentaires de niveau secondaire
Par l’équipe pédagogique :
Dr BEKOMA YAMABESP médecin et formateur
Dr BANINGOLA chirurgien-dentiste
LONGE KOLI thérapeute dentaire
AVRIL 2009
COURS
D’introduction
A LA SANTE BUCCO-DENTAIRE
A l’intention des élèves techniciens en soins bucco-dentaires de niveau secondaire
La santé passe par la bouche
La bouche est en relation avec tout le corps et notre état général y est totalement associé. Fonctions vitales, fonctions affectives, fonctions de communication, elle est le carrefour des échanges fondamentaux du corps humain.
Conserver une bouche en pleine santé, c’est aussi l’une des cartes à jouer pour s’assurer de vivre mieux et longtemps.
TABLE DES MATIÈRES
INTRODUCTION
Liste des sigles et abréviations
I.GENERALITES
1. Objectifs du cours
2. Définitions
3. importance
II.PRINCIPES DE BASE DE LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
2.1 Une composante essentielle et à part entière de la santé
2.2 Un facteur déterminant de qualité de vie
2.3 Relation avec la santé générale
2.4 Dépistage précoce des maladies bucco-dentaires
2.5 Connaissance des grands problèmes de la santé bucco-dentaire
2.6 Surveillance de la santé bucco-dentaire
III.HYGIENE BUCCO-DENTAIRE
3.1 Brossage
3.2 Hygiène alimentaire
3.3 Dépistage précoce
3.4 Apport suffisant en fluor
IV. CONSEQUENCES D’UN MAUVAIS ETAT BUCCODENTAIRE
4.1 État buccodentaire et nutrition
4.2 État buccodentaire et athérosclérose
4.3 État buccodentaire et risque infectieux
4.4 État buccodentaire et diabète
4.5 État buccodentaire et qualité de vie
V. CADRE POLITIQUE DE SANTÉ BUCCO-DENTAIRE EN R.D.C
5.1 Evolution de la politique de la santé bucco-dentaire en RDC
5.2 Politique à l’échelon mondial
VI. PRÉVENTION DES MALADIES BUCCO-DENTAIRES ET PROMOTION DE LA SANTÉ
6.1 Promotion de la santé et santé bucco-dentaire
6.2 Prévention des maladies bucco-dentaires
VII. DOMAINES D’ACTIONS PRIORITAIRES POUR LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
7.1 Fluorures
7.2 Alimentation et nutrition
7.3 Tabac
7.4 Promotion de la santé à l'école
7.5 Les jeunes
7.6 Les personnes âgées
7.7 Qualité de vie
7.8 Systèmes de santé bucco-dentaire
7.9 VIH/SIDA et santé bucco-dentaire
7.10 Systèmes d’information sur la santé bucco-dentaire
7.11 Recherche en santé bucco-dentaire
VIII. EDUCATION POUR LA SANTE BUCCO-DENTAIRE
IX. BANGUE DES QUESTIONS
BIBLIOGRAPHIIE
I. INTRODUCTION
La santé bucco-dentaire est une composante essentielle et à part entière de la santé, être en bonne santé bucco-dentaire signifie avoir des dents saines et ne pas souffrir d’aucune maladie ou trouble affectant les tissus bucco-dentaires et maxillo-faciaux.
Les maladies bucco-dentaires constituent pour les pays en voie de développement de lourds fardeaux qui pèsent considérablement sur leur développement socio-économique, un réel problème de santé publique émergent à cause de leur ampleur et de leur gravité.
. Le tableau de la morbidité évolue partout rapidement. Il est étroitement lié à l’évolution du mode de vie avec notamment une alimentation riche en sucre et l’augmentation de la consommation de tabac et d’alcool.
La santé bucco-dentaire dépend des facteurs sociaux et environnementaux et aussi, fortement, de ceux liés au mode de vie. Ces facteurs constituent des risques pour la plupart des maladies chroniques ou au contraire des facteurs protecteurs, comme une exposition appropriée aux fluorures ou une bonne hygiène.
. Les maladies bucco-dentaires comme pour toutes les maladies, elles atteignent principalement les populations défavorisées et socialement marginalisées. Il faut également prendre en considération les effets qu’elles peuvent avoir en terme de douleur, de déficience fonctionnelle et de détérioration de la qualité de vie.
Le traitement classique des maladies bucco-dentaires est extrêmement coûteux dans nombre de pays industrialisés et est inaccessible dans la plupart des pays à revenu faible ou intermédiaire.
La prévalence des maladies bucco-dentaires et leur incidence ne sont pas encore bien connues en R.D.CONGO.
Les données existantes, par rapport à la carie et aux parodontes ne reflètent pas la réalité du terrain, car les supports de collecte des données et de leur compilation ne permettent pas de disposer des fréquences relatives à chacune des affections bucco-dentaires.
La stratégie mondiale OMS de Prévention et de Contrôle des Maladies Non Transmissibles et l'approche fondée sur les facteurs communs de risque constituent une nouvelle façon d’aborder la prévention et le contrôle des maladies bucco-dentaires.
La réussite de la stratégie de l’OMS nécessite une collaboration intersectorielle, l’implication de la communauté et l’appui technique et financier des partenaires
Liste des sigles et abréviations
ABD : Affections Bucco-dentaires
ADF : Association Dentaire Française
AOI : Aide Odontologique Internationale
Asc : Agent de Santé Communautaire
CAO : Cariées, Absentes, Obturées (Dents)
CCC : Communication pour le Changement de Comportement
IEC : Information Education et Communication
IADR : l’Association Internationale de Recherche Dentaire
IPS : Inspection Provinciale de la Santé
CDI : Centre Dentaire Infantile
CNIECS : Centre National d’Information, d’Education et de Communication pour la Santé
CNRS : Centre National de Recherche Scientifique
CNTS : Centre National de Transfusion Sanguine
CS : Centre de Santé
CSR : Centre de Santé de Référence
CSPD : Centre de Soins et de Prothèses Dentaires
CSR : Centre de santé de référence
FDI : Fédération Dentaire Internationale
HGR : Hôpital Général de Référence
OMS : Organisation Mondiale de la Santé
ONG : Organisation Non Gouvernementale
PMA : Paquet Minimum d’Activités
PCIME : Programme de Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant
PNMLS : Programme National Multisectoriel de lutte le VIH/SIDA
PRONANUT : Programme National de Nutrition humaine
SANRU : Projet des soins de primaire en milieu Rural
SRSS : Système de Renforcement de Soins de Santé
SSP : Soins de Santé Primaire
SBD : Santé Bucco-dentaire
SIS : Système d’Information Sanitaire
SR : Santé de la Reproduction
ZS : Zone Sanitaire
I. GENERALITES
1.1 Objectif(s) du cours
Objectif pédagogique général :
La formation de l’élève en soins bucco-dentaire doit le rendre capable d’assurer des soins bucco-dentaires curatifs, préventifs, promotionnels et réadaptatifs aux membres de la communauté selon les ressources scientifiques et économiques accessibles et disponibles dans la communauté.
Objectifs spécifiques : A la fin de ce cours que l’apprenant soit capable de :
-donner des conseils pour améliorer l’hygiène bucco-dentaire pour une bonne santé.
-analyser les habitudes alimentaires de la population et adapter les principes de nutrition aux besoins bucco-dentaires.
- identifier les causes et les conséquences des affections bucco-dentaires.
-appliquer les méthodes de contrôle et les techniques de l'hygiène bucco-dentaire.
-décrire les principes, les méthodes et les outils de travail propres à l'intervention de type communautaire.
-concevoir des programmes de prévention en hygiène dentaire en tenant compte des caractéristiques épidémiologiques et sociologiques des personnes cibles, des principes de base de la santé bucco-dentaire et des principes de base de l'éducation sanitaire dentaire.
-concevoir et construire du matériel éducatif de prévention en hygiène dentaire.
1.2 Définitions
La santé bucco-dentaire se définit comme étant « la santé de la cavité buccale, y compris la denture et les structures et tissus qui la soutiennent. Elle est caractérisée par l’absence de toute maladie, et le fonctionnement optimal de la bouche, et de ses tissus, qui font la grande fierté de celui qui en jouit»
Être en bonne santé bucco-dentaire signifie avoir des dents saines et ne pas souffrir d’aucune maladie ou trouble affectant les tissus bucco-dentaires et maxillo-faciaux.
1.3 Importance de la santé bucco-dentaire
La santé bucco-dentaire est étroitement liée à l’état de santé général et au bien-être ; Les maladies dentaires imposent aussi de lourds fardeaux financiers et sociaux, car les traiter est généralement coûteux. De plus, la douleur dentaire est synonyme d’absentéisme au travail et à l’école.
La santé bucco-dentaire est importante pour :
1. Réduire le poids des maladies bucco-dentaires et leurs conséquences invalidantes potentielles, notamment auprès des populations pauvres et marginalisées;
2. Promouvoir des modes de vie sains et réduire les facteurs de risque, liés à l'environnement, au comportement ainsi qu’à des causes économiques et sociales;
3. Développer des systèmes qui améliorent celle ci équitablement répondent aux demandes légitimes de la population et qui soient financièrement acceptables;
4. Elaborer des politiques fondées sur son intégration aux programmes de santé nationaux et communautaires pour le développement de la société.
II. PRINCIPES DE BASE DE SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
2.1 Une composante essentielle et à part entière de la santé
Elle fait partie intégrante de l’état de santé générale et est essentielle au bien-être.
2.2 Un facteur déterminant de qualité de vie
Le complexe maxillo-facial nous permet en effet de parler, de sourire, de toucher, de sentir, de goûter, de mâcher, d'avaler et de pleurer sans éprouver de douleur.
Il nous protège contre les infections microbiennes et les menaces liées à l'environnement. Les maladies bucco-dentaires restreignent les activités scolaires, professionnelles et personnelles, entraînant la perte de millions d'heures d'étude et de travail chaque année partout dans le monde. De plus, l'impact psychologique et social de ces maladies diminue sensiblement la qualité de vie.
2.3 Relation avec la santé générale
Une santé bucco-dentaire compromise peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie et la santé physique.
La forte corrélation entre plusieurs maladies bucco-dentaires et des maladies non transmissibles chroniques est principalement due à des facteurs communs de risque. De nombreuses affections générales peuvent avoir des manifestations bucco-dentaires qui accroissent le risque de maladies bucco-dentaires, lesquelles, à leur tour, représentent un facteur de risque pour un certain nombre d’affections générales. Des formes sévères de maladies parodontales sont, par exemple, associées au diabète
2.4 Dépistage précoce des maladies bucco-dentaires
Un dépistage précoce des maladies dentaires permettrait au dentiste de stopper les dommages et d'en renverser la progression par des méthodes plus douces, tel l'usage de fluorure, plutôt qu'en recourant à l'ablation irréversible puis à la restauration souvent douloureuse de la structure dentaire.
Le dépistage précoce de la maladie est, dans la plupart des cas, essentiel pour sauver des vies.
2.5 Les grands problèmes de la santé bucco-dentaire
Les maladies bucco-dentaires constituent de nos jours un important problème de santé publique et parmi elles, la carie affecte particulièrement la santé des enfants et menace dangereusement leur vie.
Les maladies bucco-dentaires constituent pour les pays en voie de développement de lourds fardeaux qui pèsent considérablement sur leur développement socio-économique.
Les effets des maladies bucco-dentaires - douleur, souffrances, dysfonctionnement et baisse de la qualité de la vie - sont nombreux et coûteux. Le traitement représenterait des dépenses.
L’accès aux soins de santé bucco-dentaire est limité et les dents ne sont pas toujours soignées ou extraites",
Les principales affections sont :
- la carie dentaire avec les maladies parodontales, touche plus les élèves dans les pays industrialisés et la grande majorité des adultes ;
- les traumatismes bucco-dentaires surviennent chez les enfants de 6 ans ;
- les manifestations bucco-dentaires du VIH/SIDA sont très fréquentes ;
- les cancers de la cavité buccale chez les hommes ont une fréquence particulièrement élevée.
- des affections très graves comme le noma tuent les enfants de 2 à 6 ans en l’absence de traitement approprié.
2.6 Surveillance de la santé bucco-dentaire
Les affections bucco-dentaires, à cause du fardeau qu’elles entraînent, doivent faire l’objet de surveillance.
La surveillance doit se faire à travers la collecte, le traitement, l’analyse, l’interprétation et la transmission des données.
La surveillance permettra d’apporter en temps opportun des réponses appropriées aux problèmes relatifs à la santé bucco-dentaire.
L’OMS a mis sur pied il y a déjà plusieurs années des systèmes de surveillance des maladies bucco-dentaires, en particulier en ce qui concerne la carie dentaire chez l’enfant.
L’Indice de Clin et Palmer est utilisé pour la surveillance de la carie dentaire.
CALCUL DE L’INDICE CAO
Pour mesurer les problèmes de santé bucco-dentaire d’une communauté on utilise des indices
, le plus simple est l’indice CAO décrit par Klein et Palmer en 1937.
Le CAO ou CAO individuel = C + A + O
C étant le nombre de dents cariées
A étant le nombre de dents absentes pour cause de carie
O étant le nombre de dents obturées définitivement dans la bouche de la personne examinée
• L’indice CAO appelé aussi CAO moyen est la moyenne qui résulte du nombre total des dents Cariées, Absentes pour cause de carie et Obturées définitivement d’une population donnée que l’on divise par le nombre de personnes examinées.
C total + A total + O total
L’indice CAO = ————————————
Le nombre de personnes examinées
Le chiffre obtenu nous permettra alors de mesurer le niveau d’atteinte carieuse d’une population donnée :
- niveau très bas quand 0 < l’indice CAO < 1,1
- niveau bas quand 1,2 < l’indice CAO < 2,6
- niveau moyen quand 2,7 < l’indice CAO < 4,4
- niveau élevé quand 4,5 < l’indice CAO < 6,5
- niveau très élevé quand l’indice CAO est > 6,5
• Le CAO écrit en majuscule concerne les dents définitives
• Le cao écrit en minuscule est une adaptation de l’indice CAO aux dents de lait
L’indice cao ou cao moyen est donc la moyenne qui résulte du nombre total des dents temporaires cariées, absentes pour cause de carie et obturées définitivement que l’on divise par le nombre d’enfants examinés.
c total + a total + o total
L’indice cao = ————————————
Le nombre d’enfant examinée
III.HYGIENE BUCCO-DENTAIRE
Elle fait partie de l’hygiène corporelle, et au même titre, on doit induire un changement de comportement : la population doit acquérir un comportement sain vis à vis de sa santé bucco-dentaire comme pour le reste du corps et ce, par l’apprentissage correct et régulier du brossage dentaire.
La santé bucco-dentaire en quatre points
Une bonne hygiène bucco-dentaire suppose :
1) des visites régulières chez votre chirurgien-dentiste;
2) un bon équilibre alimentaire;
3) une bonne technique de brossage;
4) un apport suffisant en fluor.
3.1 Brossage
L’hygiène bucco-dentaire consiste en l’élimination individuelle de la plaque par le brossage des dents et l’utilisation de la soie dentaire.
Pour brosser les dents, on procède par la méthode 3 minutes, 3 fois par jour avec la méthode BROS. On commence toujours par la mâchoire du Bas avec un mouvement Rotatif. On doit se servir de la brosse en tournant le poignet vers la dent. Mais pour les poignets délicats, les brosses à dents électriques font preuve de plus d'efficacité. Il faut également penser à brosser la gencive de façon Oblique. Enfin le S nous indique qu'il faut suivre toujours le même trajet, de bas en haut de l'intérieur vers l'extérieur, puis le dessus de la dent, et n'oublier aucune face. Mais il faut savoir qu'il faut également brosser la langue pas uniquement les dents car c'est la langue qui est source des mauvaises haleines avec la salive que nous produisons.
3.2 Hygiène alimentaire
Elle consiste à corriger les mauvaises habitudes alimentaires et à développer des conseils visant à écarter les aliments les plus cariogènes tout en favorisant une alimentation équilibrée.
Les habitudes alimentaires influencent la santé buccodentaire, notamment le développement des caries dentaires et la formation de la plaque dentaire. Le lien entre l’alimentation et les maladies infectieuses comme la maladie parodontale sont moins évidents, surtout parce que l’hygiène buccodentaire joue un rôle crucial dans ces problématiques.
Plusieurs facteurs reliés à l’alimentation sont à considérer dans la prévention de l’apparition et du développement des caries et la formation de la plaque dentaire :
- l’acidité provoquée par l’ingestion des aliments peut entraîner la déminéralisation des dents. L’acidité est créée par le métabolisme de sucres et de glucides fermentescibles. Les glucides fermentescibles sont des glucides (saccharides et amidons) qui commencent leur digestion dans la cavité buccale par l’entremise de l’amylase salivaire.
- L’absorption de sucres permet aux bactéries de se multiplier et à la plaque dentaire de se développer.
Des échelles permettent de classer les aliments selon leur potentiel cariogène, c’est-à-dire à favoriser l’apparition de caries. Certaines d’entre elles se basent sur le caractère acidogène des aliments. Par exemple, le lait, les noix et le pain sont des aliments faisant partie du groupe des moins acidogènes, tandis que le jus de pomme, le jus d’orange, les raisins secs et le pain de blé entier sont des aliments ayant un indice acidogène élevé.
D’autres échelles s’appuient plutôt sur la capacité des aliments à dissoudre l’émail des dents ou sur des modèles animaux. Cependant, ces échelles ne permettent pas de rendre compte de l’ensemble des facteurs qui influencent le développement des caries, ni de leur interaction.
Parmi ces autres facteurs, se retrouvent : le type d’aliment et sa composition, la façon d’apprêter les aliments, la quantité d’aliments, la fréquence des repas et le temps d’exposition des aliments dans la cavité buccale (ou clairance buccale).
Les conditions optimales pour prévenir l’apparition et le développement des caries seraient de favoriser un apport en sucre naturel (fruits et produits laitiers) plutôt qu’artificiel, de limiter la consommation d’aliments de la journée exclusivement à la période des repas et de combiner des aliments cariogènes avec d’autres aliments qui le sont moins.
À ce sujet, certains aliments ont été qualifiés d’anti-cariogène. En effet, en plus de ne pas avoir de potentiel de créer des caries, ils peuvent contrer l’effet néfaste d’autres aliments sur les dents. Plusieurs mécanismes sont proposés pour expliquer ce phénomène, particulièrement pour l’action des fromages et autres produits laitiers. D’abord, ces aliments provoqueraient une augmentation du flot salivaire, ce qui aurait pour conséquence de neutraliser l’acidité de la plaque en augmentant la capacité d’effet tampon. De plus, la stimulation de la salive aurait pour effet de diminuer le temps de rétention des aliments dans la cavité buccale en facilitant le délogement des débris. D’autre part, les produits laitiers inhiberaient la croissance bactérienne de la plaque. La diminution du nombre de bactéries causée par cette inhibition aurait pour effet de réduire la production d’acide. Finalement, les produits laitiers sont riches en substances alcalines comme le calcium, le phosphate et la caséine, et auraient le potentiel à la fois de diminuer la déminéralisation des dents et de favoriser leur reminéralisation.
D’autres recommandations sont proposées, comme l’ajout de fruits et légumes crus dans l’alimentation afin de favoriser la salivation, ainsi que le rinçage de la bouche avec de l’eau après chaque repas. L’important est d’adapter ces recommandations en fonction des besoins particuliers de chaque individu. Par exemple, au lieu d’éliminer complètement les collations chez une personne qui a une masse corporelle insuffisante, elles peuvent être remplacées par des fruits, yaourt ou fromage. Un autre aspect important à considérer pour la situation des aînés est la préparation des aliments. Les diètes en purée sont plus susceptibles d’être dommageables pour les dents, puisque les aliments ont le potentiel de demeurer plus longtemps dans la cavité buccale. Il devient donc très important de rincer la bouche avec de l’eau à la fin des repas et après l’administration de médication sucrée ou avec purée de fruits. Dans l’éventualité où la personne ne peut elle-même se brosser les dents et que le personnel n’est pas disponible en nombre suffisant pour prodiguer les soins d’hygiène buccodentaire aussi souvent qu’ils le devraient, la modification de certaines pratiques alimentaires peut tout de même freiner l’apparition des caries. Terminer le repas avec un yaourt plutôt qu’avec un gâteau au chocolat pourrait être une alternative intéressante.
N.B L’incitation à réduire la consommation de sucrose et à lui substituer des produits moins cariogènes n’est peut-être pas aussi valable maintenant pour la majorité des gens. Deux études longitudinales (de cohorte) réalisées récemment sur l’alimentation ont révélé un faible taux de carie dentaire chez les enfants étudiés, malgré leur forte consommation de sucre<24>. Selon une étude<24>, le seul rôle étiologique apparent du sucre serait lié à la carie des surfaces lisses interdentaires; or, récemment, ce type de carie a régressé de façon marquée dans la population infantile. Ainsi, les conseils alimentaires habituels ne sont pas nécessairement pertinents. De plus,
L’efficacité des conseils alimentaires comme moyen de promotion des changements de comportement est mise en doute<25>. Comme le sucre est l’un des facteurs étiologiques qui interviennent dans le
471 processus carieux, <4> les conseils dispensés sélectivement aux enfants `a haut risque sont peut-être encore indiqués. De même, compte tenu de l’ampleur des risques de carie dentaire grave chez le nourrisson associés `a l’utilisation nocturne et prolongée de biberons contenant un liquide autre que l’eau, la majorité des études mettent en garde contre cette pratique<26,27>.
3.3 Dépistage précoce
Le dépistage est une méthode utilisée pour déceler une maladie à un point de son histoire naturelle qui n’est pas encore symptomatique.
La logique serait que le dépistage précoce permettrait de modifier le cours naturel de la maladie, en empêchant celle-ci de progresser et les effets néfastes de se manifester. En ce sens, le dépistage a généralement fonction de prévention secondaire.
Le dépistage au cabinet dentaire
Le dentiste devrait posséder à la fois la formation et l’équipement nécessaires pour dépister avec fiabilité les caries dentaires, en examinant les dents (p. ex., avec un explorateur métallique) et en prenant des radiographies ; la maladie parodontale, en prenant des radiographies et en effectuant des tests normalisés comme l’indice CPITN de l’Organisation mondiale de la santé; et le cancer de la bouche, en examinant visuellement la cavité buccale. Comme tels, ces tests devraient faire partie intégrale des examens réguliers.
Un des problèmes principaux rencontrés avec le dépistage au cabinet dentaire est l’accès limité : les individus qui sont le plus susceptibles aux maladies buccales et qui requièrent des dépistages plus fréquents sont souvent ceux qui appartiennent aux groupes socio-économiques bas. Ces patients, dont beaucoup sont des personnes âgées, sont moins enclins à rendre régulièrement visite au dentiste en raison de contraintes financières, d’un manque d’installations adéquates ou de leur indifférence envers la santé bucco-dentaire.
Le dépistage dans la population
Il est possible de résoudre le manque d’accessibilité du dépistage au cabinet dentaire en offrant un dépistage généralisé de la population.
Un dépistage précoce de la carie permettrait au dentiste de stopper les dommages et d'en renverser la progression par des méthodes plus douces, tel l'usage de fluorure, plutôt qu'en recourant à l'ablation irréversible puis à la restauration souvent douloureuse de la structure dentaire. La réorientation des soins bucco-dentaires vers un diagnostic plus précis et une meilleure gestion de la santé bucco-dentaire du patient.
Dix principes de dépistage
1. L’état recherché devrait causer d’importants problèmes de santé.
2. L’histoire naturelle de la maladie devrait être bien comprise.
3. La phase précoce de la maladie devrait pouvoir être identifiée.
4. Le traitement précoce de la maladie devrait être plus bénéfique que celui amorcé à une étape avancée de la maladie.
5. On devrait effectuer un test approprié.
6. Le test devrait être accepté par la population.
7. On devrait disposer des installations nécessaires pour diagnostiquer et traiter les anomalies décelées.
8. Pour les maladies au début insidieux, le dépistage devrait se faire à des intervalles répétés et établis suivant l’histoire naturelle de la maladie.
9. Les chances d’aggraver l’état physique ou psychologique du patient testé devraient être moindres que celles de l’améliorer.
10. On devrait comparer les bienfaits du programme de dépistage aux coûts qu’il entraîne.
3.4 Apport suffisant en fluor.
La mesure la plus efficace pour prévenir la carie dentaire est de maintenir en permanence un niveau suffisant de fluorures dans la cavité buccale.
Le fluorure contribue à la protection des dents contre le développement des caries en favorisant la reminéralisation des dents et la création d’une surface résistante à la déminéralisation
Pour cela, il faut faire recours à l’eau de boisson, au sel, au lait, aux bains de bouche et aux dentifrices fluorés, ou à l’application de fluorures par un professionnel ou bien encore à une combinaison de dentifrice fluoré et d’une autre source de fluorures.
L’exposition prolongée à un niveau optimal de fluorures se traduit par une diminution de la carie tant chez l’enfant que chez l’adulte.
Toutefois, il peut y avoir des effets secondaires indésirables à l’apport excessif de fluorures. L’expérience a montré qu’il n’est pas toujours possible d’obtenir une prévention efficace de la carie à base de fluorures sans un certain degré de fluorose dentaire, quelle que soit la méthode choisie pour maintenir ce faible niveau de fluorures dans la cavité buccale. Il faut chercher à réduire au maximum la carie tout en minimisant les risques de fluorose dentaire.
D’autres formes d’applications de fluorures (applications topiques, bains de bouche, comprimés/gouttes) peuvent être administrées.
L’usage généralisé des dentifrices fluorés à un coût abordable dans les pays en développement est efficace dans la prévention de la carie.
IV. CONSEQUENCES D’UN MAUVAIS ETAT BUCCODENTAIRE
4.1 État buccodentaire et nutrition
Le vieillissement de la cavité buccale et les pathologies qui y sont associées entraînent une diminution du potentiel masticatoire qui est sous l’influence de nombreux cofacteurs tels que le nombre, l’état et la mobilité des dents, la diminution du flux salivaire, le port éventuel de prothèses, la présence d’une inflammation gingivale ou de pathologies des muqueuses associées à des douleurs. Le potentiel masticatoire influence le type d’alimentation de la personne âgée, avec un impact sur ses apports nutritionnels qualitatifs et quantitatifs, son confort et son bien-être.
La conservation d’un nombre minimum de 20 dents semble nécessaire au maintien d’une fonction masticatoire correcte et d’une bonne nutrition ; cependant, chez le sujet âgé, ce nombre est rarement atteint. Le nombre moyen de dents perdues augmente avec l’âge et, chez les personnes de plus de 65 ans, le nombre de dents restantes varie entre 12 et 17 selon les pays. Ainsi, seuls 10 % des personnes âgées de plus de 75 ans ont 21 dents naturelles ou plus, et la plupart des enquêtes montre une prévalence de l’édentement proche de 60 % chez les patients âgés en institution.
La perte de dents affecte le choix des aliments. Ainsi, la réduction du nombre de dents, un état dentaire non satisfaisant et, simplement, le vieillissement physiologique des tissus buccodentaires favorisent les régimes pauvres en fruits, fibres et protéines, et riches en hydrates de carbone. Chez les sujets présentant un état dentaire défectueux, on observe des déficits en fer, vitamine A, vitamine C, acide folique, thiamine et protéines, ainsi qu’un risque accru de morbidité et mortalité.
Il existe un lien statistique entre l’édentement, des apports faibles en nutriments et de multiples inadéquations diététiques conduisant à un régime athérogène. De même, les indicateurs de la dénutrition, tels que l’indice de masse corporelle ou la perte de poids, sont corrélés avec les troubles masticatoires.
Il a été montré le rôle significatif de l’édentement et du port de prothèses mal adaptées dans la perte de poids supérieure à 4 %. De plus, la diminution du taux d’albumine serait statistiquement liée à la présence de caries radiculaires, et de nombreux troubles buccaux sont impliqués dans la perte de poids de plus de 10 % : halitose, hygiène buccale insuffisante, bouche sèche, absence d’occlusion, pathologie temporomandibulaire, infection, inflammation, lésions muqueuses, douleurs orales . Parmi ces troubles, les perturbations de la constitution du bol alimentaire liées à l’hyposialie sont importantes : elles entraînent des difficultés à s’alimenter et compromettent le statut nutritionnel. Il a été mis en évidence un lien statistique entre la réduction forte des flux salivaires, la dénutrition sévère et le taux d’albumine.
4.2 État buccodentaire et athérosclérose
De nombreuses études longitudinales et prospectives semblent montrer que l’hygiène buccale défectueuse et les pathologies buccodentaires pourraient constituer un facteur de risque de développement des lésions d’athérosclérose et d’apparition de cardiopathies ischémiques, de coronaropathies et d’accidents vasculaires cérébraux de type ischémique.
La maladie parodontale semble être particulièrement impliquée. Cependant, les études portant sur la relation entre cardiopathies et maladie parodontale concernent des adultes de moins de 60 ans.
La maladie parodontale est principalement induite par les éléments bactériens de la plaque dentaire. Celle-ci est présente initialement dans la zone juxtagingivale, puis se développe et progresse sous les tissus gingivaux. La plaque bactérienne sous-gingivale est caractérisée par la prédominance d’éléments Gram négatifs, anaérobies, qui provoquent et maintiennent le processus inflammatoire au sein des tissus gingivaux. L’atteinte de ces derniers engendre une désorganisation plus ou moins importante de l’épithélium, permettant le passage de bactéries dans le tissu conjonctif où elles sont généralement dégradées. Cependant, il est maintenant admis que des débris bactériens, des endotoxines et des lipopolysaccharides peuvent atteindre les vaisseaux sanguins et être à l’origine d’altérations favorisant l’athérosclérose et les thromboses artérielles. Ainsi, des taux sanguins élevés de fibrinogène, prédisposant aux irrégularités de coagulation, sont retrouvés chez les patients souffrant de maladie parodontale. De plus, la présence de lipopolysaccharides engendre la production de cytokines et de médiateurs lipidiques qui ont une action délétère à distance lorsqu’ils sont libérés de façon continue. Enfin, des bactériémies totalement asymptomatiques peuvent apparaître et perdurer, alors même que des espèces caractéristiques des pathologies buccales semblent impliquées dans l’agrégation plaquettaire.
Il est vraisemblable que les mécanismes associant la maladie parodontale aux altérations hémodynamiques et vasculaires puissent être majorés chez les sujets âgés puisque ces derniers cumulent, en général, une hygiène buccodentaire très détériorée et des systèmes de défense tissulaire et immunitaire diminués. De plus, un mauvais état buccal favorise les modifications alimentaires et les régimes athérogènes.
L’association entre maladie parodontale et athérosclérose peut aussi s’expliquer par l’existence de facteurs de risque communs aux deux maladies comme la perturbation du métabolisme du cholestérol et des lipides, première cause des maladies cardiovasculaires et qui est également observée aux cours des parodontites.
L’hyperlipidémie accompagne un grand nombre d’infections bactériennes parmi lesquelles les infections parodontales. Des expériences sur l’animal ont montré que la parodontite pouvait induire une dyslipoprotéinémie par l’intermédiaire de molécules inflammatoires systémiques. Ainsi, il a été mis en évidence une corrélation entre la sévérité de l’atteinte parodontale et les dosages de cholestérol total, de triglycérides et de LDL-cholestérol. De même, le tabac peut favoriser ou accélérer les processus pathologiques de l’athérosclérose et des parodontites.
4.3 État buccodentaire et risque infectieux
La cavité buccale peut être considérée comme un réservoir de germes, en particulier à Gram négatif anaérobies. Les facteurs favorisant la multiplication des micro-organismes sont une hygiène défectueuse, une réduction du flux salivaire et des difficultés masticatoires. Le risque infectieux implique donc des mesures de prévention et d’hygiène buccodentaire strictes, en particulier chez les sujets âgés présentant des parodontopathies.
Les bactériémies sont probablement plus le fait d’un passage quotidien des bactéries de la cavité buccale dans le sang que de gestes buccodentaires occasionnels. Les personnes âgées sont particulièrement exposées au risque de complications infectieuses des pathologies buccodentaires ou lors de leurs traitements, du fait notamment de leurs polypathologies, leurs polymédications et leur fragilité.
Le risque de localisation sur prothèse articulaire d’un foyer infectieux d’origine buccodentaire concerne les patients porteurs d’une prothèse depuis moins de deux ans, ceux présentant déjà un antécédent d’infection sur prothèse ou les sujets souffrant d’immunodépression, de diabète de type I ou de malnutrition. En outre, il est important de noter que des infections sur d’autres prothèses implantées (stents, stimulateurs cardiaques, valves de dérivation du liquide céphalo-rachidien…) peuvent survenir ; à ce sujet et oblige à la plus grande prudence. Enfin, l’augmentation, chez les sujets âgés, des valvulopathies (insuffisance, rétrécissement,…), des cardiomyopathies hypertrophiques obstructives et du nombre de porteurs de prothèses valvulaires accroît le risque de greffe bactérienne et d’endocardite au sein de cette population.
Un mauvais état buccodentaire et une hygiène orale défectueuse prédisposent également à la survenue de pneumopathies par inhalation lorsqu’ils sont associés à des troubles de la déglutition . En effet, les taux de germes buccaux augmentent alors dans la salive et l’aspiration des sécrétions oropharyngées est un facteur de risque primaire de pneumopathie et de décès. L’aspiration peut se produire au cours de l’alimentation, mais également la nuit chez 45 % des sujets sains et chez 70 % des déments . De plus, la résistance immunitaire des sujets âgés est plus faible, et l’hyposialie, associée à de nombreux médicaments, aggrave le risque. À cela s’ajoute le fait qu’il leur est difficile d’éliminer les germes buccaux lorsque le réflexe de toux est diminué, en présence d’une dysphagie, de troubles de la déglutition ou lorsqu’ils sont sédatés. La charge bactérienne orale est donc un facteur de risque de pathologies respiratoires, y compris d’abcès du poumon. Ces affections représentent la seconde cause d’infection en institution.
La méta-analyse conduite par Scannapieco montre que la colonisation orale par des pathogènes respiratoires (favorisée par une hygiène orale défectueuse) est associée à des pneumonies nosocomiales et qu’il existe un lien entre les maladies parodontales et les broncho-pneumopathies chroniques obstructives. En outre, cette étude met en évidence que les interventions améliorant l’hygiène orale, qu’elles soient d’ordre mécanique ou topique (application d’antiseptique local ou d’antibiotique), réduisent l’incidence des pneumonies nosocomiales de 40 % en moyenne.
Mojon a observé le lien entre l’état dentaire et la survenue d’infections respiratoires chez 302 personnes âgées en institution. Parmi les sujets édentés, 27 % avaient eu au moins un antécédent d’infection respiratoire versus 40 % chez les dentés, ce qui correspond à un risque relatif de 1,7 pour les dentés. Ce risque passe à 2,5 lorsqu’il existe une pathologie dentaire (carie, gingivite, tartre,…). Chez les édentés, le port d’une prothèse défectueuse ou la présence d’une candidose généralisée est fortement associé au risque d’infection respiratoire.
Une étude, réalisée dans le Michigan sur 189 patients vivant à domicile ou en institution, a montré une incidence de pneumonie plus élevée en institution (44 %) ; les patients qui présentaient une pneumonie avaient un nombre significativement plus élevé de dents cariées (OR : 1,22), ne se brossaient pas ou rarement les dents ou étaient dépendants pour l’hygiène buccale (OR : 2,82).
Les données actuelles de la littérature suggèrent qu’une mauvaise santé orale est un facteur de risque majeur de pneumonie d’aspiration. Cependant, avec des mesures d’hygiène orale strictes, le taux de pneumonie passe de 19 à 11 % sur deux ans.
4.4 État buccodentaire et diabète
Parallèlement, les infections buccodentaires, aiguës ou latentes, peuvent être à l’origine de décompensation de pathologies chroniques telles que le diabète. De nombreuses études ont montré que la maladie parodontale affecte le contrôle métabolique et qu’une thérapeutique parodontale améliore la prise en charge du diabète. Certains auteurs suggèrent que le diabète est un facteur de risque de la maladie parodontale. Emrich, dans une étude sur 1 342 individus, conclut que les diabétiques ont 3 fois plus de risques de développer une maladie parodontale que les patients non diabétiques. De même, pour Nelson, la prévalence de la maladie parodontale, toutes formes confondues (gingivites et parodontites), est de 60 % chez les diabétiques et de 36 % chez les non-diabétiques.
La prévalence du diabète est significativement plus élevée chez les patients ayant une maladie parodontale par rapport à ceux ne présentant pas de parodontite (12,5 % versus 6,3 %). L’enquête NHANES III révèle une augmentation de l’incidence des parodontites (17,3 %) chez les diabétiques par rapport aux non diabétiques (9,4 %). Taylor, dans une étude sur 2 ans, a mis en évidence un risque accru d’alvéolyse progressive 4,2 fois plus élevé chez les diabétiques versus les non diabétiques. Ces données ont permis à Loë d’affirmer que la parodontite était la sixième complication du diabète. D’une part, le diabète est considéré comme un facteur de risque des parodontites, qui amplifie la réponse immunitaire aux germes buccaux pathogènes et, par conséquent, aggrave la destruction des tissus parodontaux. D’autre part, une parodontite non stabilisée perturberait, dans certaines conditions, le contrôle métabolique du diabète. Les parodontites peuvent être associées à un mauvais contrôle glycémique chez les diabétiques.
Dès 1960, Williams et Mahan avaient démontré qu’après traitement parodontal, il était possible de réduire les doses d’insuline nécessaires à l’équilibration de la maladie chez des diabétiques insulinodépendants. Les pathologies parodontales sévères induites par la plaque bactérienne pourraient aussi affecter la gravité du diabète et le contrôle métabolique ; en effet, les infections en général altèrent l’équilibre métabolique de l’hôte en induisant une insulino-résistance, d’où la difficulté de contrôler la glycémie. Ceci met en évidence la nécessité de soigner rapidement les parodontites chez les diabétiques.
En France, un tiers seulement des patients diabétiques consulte un chirurgien dentiste chaque année, bien que les recommandations de l’ANAES préconisent un examen buccodentaire bisannuel pour les patients atteints de diabète de type 2 (accord professionnel).
4.5 État buccodentaire et qualité de vie
Au cours des dernières années, des études ont montré l’impact des pathologies buccales sur la qualité de vie : chez les personnes âgées institutionnalisées, il peut se manifester de façon différente du fait notamment de la forte prévalence des troubles cognitifs. Ainsi, une gêne ou une douleur buccale ne sera pas nécessairement verbalisée et pourra être à l’origine d’un comportement agressif, agité, de déambulations ou de refus de soins. C’est pourquoi l’application de mesures d’hygiène rigoureuses, l’assainissement de la cavité buccale et un suivi régulier doivent être réalisés pour optimiser la qualité de vie des personnes âgées.
L’ensemble des pathologies buccodentaires, en altérant la phonation ou la nutrition, sont un obstacle majeur à la communication et à la vie sociale et peuvent être source d’isolement.
L’édentement, par exemple, est perçu dans nos sociétés occidentales comme un handicap, une atteinte à l’intégrité corporelle. Dans une étude chez des édentés appareillés de longue date, et qui souhaitent une nouvelle prothèse, le questionnaire de qualité de vie montre qu’il y a une relation entre l’amélioration de la qualité de vie et la santé orale et la satisfaction prothétique. Néanmoins, le fait de porter une prothèse complète est un indicateur souvent associé à une fonction perturbée et à une mauvaise perception de la santé.
La perception de la santé orale est plus fréquemment positive chez les personnes qui ont un niveau d’éducation et de revenu élevé ; de même, la perception est plus favorable chez les dentés versus les édentés. Le nombre de consultations chez le chirurgien dentiste est prédictif de l’état de santé perçu et de la douleur. Ainsi, les personnes totalement édentées ne consultent pas et le besoin de réhabilitation fonctionnelle est important, mais rarement perçu et exprimé. De plus, l’évaluation subjective des sujets sur leur capacité à mastiquer est le plus souvent différente de celle des professionnels.
4.6 État buccodentaire et femme enceinte
La santé buccodentaire est aussi extrêmement importante pour les femmes enceintes. Les femmes enceintes présentant des maladies des gencives courent un risque accru de donner naissance à des enfants prématurés et de petit poids.
Les nouveau-nés présentent déjà un risque accru de nombreux problèmes, notamment : les troubles du développement, l'asthme, les infections de l'oreille, les malformations congénitales et les troubles du comportement, tels que l'hyperactivité avec déficit de l'attention. Ils sont en outre davantage exposés au risque de mortalité infantile.
IV. CADRE POLITIQUE DE SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
4.1 EVOLUTION DE LA POLITIQUE DE LA SANTE BUCCO-DENTAIRE EN RDC
Avant l’époque coloniale, sa prise en charge était uniquement du ressort des guérisseurs traditionnels et des chasseurs.
Pendant la colonisation, elle fut l’oeuvre du missionnaire blanc à travers l’assistance médicale gratuite et la colonie Belge qui assuraient les activités de lutte et de dépistage contre les pathologies bucco-dentaires.
Depuis l’indépendance, elle se fait dans les cabinets dentaires des établissements publics hospitaliers, de certains centres de santé, et dans des structures privées.
La prise en charge de la carie se faisait dans quelques établissements publics hospitaliers d’état par les chirurgiens dentistes, rares stomatologistes nationaux et ceux des coopérations étrangères.
En dehors des structures étatiques et des cabinets privés, les autres structures ne disposent pas d’un plateau technique requis en matière de soins bucco-dentaires : le personnel de santé qualifié y est également insuffisant et les équipements techniques sont vétustes, en panne ou font défaut.
De 1980 à ce jour : La RDC a adhéré à la stratégie des SSP en 1981, et a structuré son système sanitaire, lequel fonctionne suivant trois niveaux :
* niveau central (Ministre de la santé, Secrétariat général à la santé et les Directions centrales et programmes spécialisés)
*niveau intermédiaire ou provincial (IPS et ses 7 bureaux, les Districts sanitaires)
*niveau local ou périphérique (Zones de Santé)
La 5ème Direction (chargée des soins de santé primaires) est responsable de :
- de la santé bucco-dentaire et la nutrition,
- des relations avec les organismes spécialisés impliqués dans la santé
- du développement des centres de santé et de la standardisation des stratégies
- des soins préscolaires
- de la protection maternelle et infantile.
Le Gouvernement, à travers la cinquième direction du ministère de la santé (soins de santé primaire), doit créer un programme de Santé Bucco-dentaire dans le cadre de la prévention et la lutte contre les affections bucco-dentaires, dont l’une des missions essentielles est d’assurer la coordination, le suivi, l’appui technique aux structures de santé régionales et locales, et l’évaluation des actions en matière de santé bucco-dentaire.
L’élaboration d’un plan stratégique de santé bucco-dentaire sera une réponse à cette préoccupation et vient combler le vide en la matière.
Le but du plan sera d’améliorer l’état de santé bucco-dentaire de la population et la survie des enfants.
Il pourra comprendre six axes stratégiques qui sont :
- le renforcement des capacités de détection et de prise en charge efficace des affections bucco-dentaires,
- l’extension de la couverture en matière de santé bucco-dentaire,
- le développement de la communication pour le changement de comportement en faveur de la santé bucco-dentaire,
- le renforcement du partenariat autour de la lutte contre les maladies buccodentaires, et le renforcement des capacités d’intervention du programme,
- le développement de la surveillance des affections bucco-dentaires,
- la réalisation de la recherche sur les affections bucco-dentaires.
La réussite du plan nécessite une collaboration intersectorielle, l’implication de la communauté et l’appui technique et financier des partenaires.
4.2 POLITIQUE À L’ECHELON MONDIAL
Au cours des dernières années, des changements très importants sont notamment survenus en matière de santé, au niveau mondial. On comprend mieux maintenant les causes et les conséquences des problèmes de santé. Les déterminants sociaux, économiques, politiques et culturels de la santé sont désormais considérés comme importants et on peut faire valoir qu’en réduisant la pauvreté, il est possible d’améliorer la santé. Les systèmes de santé, y compris celui de la santé bucco-dentaire, ont leur rôle à jouer. Or, ils deviennent de plus en plus complexes et les attentes des populations ont considérablement évolué vis-à-vis des soins de santé.
Dans de nombreux pays, le rôle de l’Etat évolue rapidement avec l'émergence du secteur privé et de la société civile comme acteurs importants. Dans les pays en développement en particulier, un nombre croissant d’organisations de développement, de fondations privées et d’organisations non gouvernementales (ONG) prennent une part active dans le secteur de la santé.
Les objectifs de l'OMS visent à promouvoir la santé des communautés et des populations. Quatre orientations stratégiques définissent le cadre général de l’action technique de l’OMS et elles ont également des répercussions pour le Programme de Santé Bucco-dentaire:
1. Réduire le poids des maladies bucco-dentaires et leurs conséquences invalidantes potentielles, notamment auprès des populations pauvres et marginalisées;
2. Promouvoir des modes de vie sains et réduire les facteurs de risque, pour la santé bucco-dentaire, liés à l'environnement, au comportement ainsi qu’à des causes économiques et sociales;
3. Développer des systèmes de santé bucco-dentaire qui améliorent celle ci équitablement répondent aux demandes légitimes de la population et qui soient financièrement acceptables;
4. Elaborer des politiques fondées sur l’intégration de la santé bucco-dentaire aux programmes de santé nationaux et communautaires ainsi que promouvoir la santé bucco-dentaire en tant que dimension de la politique de développement d’une société.
V. PRÉVENTION DES MALADIES BUCCO-DENTAIRES ET PROMOTION DE LA SANTÉ
5.1 Promotion de la santé et santé bucco-dentaire
Une bonne santé est une ressource capitale pour le développement social, économique et personnel. Certains facteurs politiques, économiques, sociaux, culturels, environnementaux, comportementaux et biologiques peuvent améliorer la santé ou au contraire lui nuire.
L’action de promotion de la santé vise à rendre ces conditions favorables à la santé. Elle va donc au-delà des seuls soins de santé. Elle place la santé au centre de l’action des politiques dans tous les secteurs et à tous les niveaux, leur enjoignant de tenir compte des conséquences de leurs décisions sur la santé et d’accepter leur responsabilité en la matière. La politique de promotion de la santé allie des méthodes variées mais complémentaires s’appuyant sur la législation, les mesures financières ou fiscales ou le changement organisationnel. Il s’agit d’un effort concerté en faveur de la création d’environnements propices et du renforcement de l’action communautaire. Promouvoir la santé, c’est mettre en oeuvre un certain nombre d’actions communautaires concrètes et efficaces pour définir des priorités, prendre des décisions, prévoir des stratégies et les mettre en oeuvre pour améliorer la santé.
La promotion de la santé traite des déterminants de la santé au sens large et vise à réduire les risques à travers des politiques et des mesures adaptées. Promouvoir la santé là où les gens vivent, travaillent, étudient ou jouent est manifestement le moyen le plus créatif et qui a le meilleur rapport coût/efficacité pour améliorer la santé bucco-dentaire et donc la qualité de la vie.
Le Programme OMS de santé bucco-dentaire applique la philosophie « penser globalement – agir localement ». L’élaboration de programmes de promotion de la santé bucco-dentaire, dans des pays ciblés, est axée sur:
* L’identification des déterminants de la santé; la mise en place de mécanismes visant à améliorer la capacité de concevoir et de mettre en oeuvre des interventions pour promouvoir la santé bucco-dentaire;
* La mise en oeuvre de projets de démonstration dans la communauté pour promouvoir la santé bucco-dentaire, en privilégiant les groupes de populations pauvres et défavorisés;
* Le renforcement des capacités de planification, d’évaluation des programmes nationaux de promotion de la santé bucco-dentaire et des interventions mises en place;
• La mise au point de méthodes et d’outils pour analyser le déroulement et les résultats des interventions de promotion de la santé bucco-dentaire dans le cadre des programmes nationaux de santé;
* La création de réseaux et d’alliances visant à renforcer les mesures nationales et internationales de promotion de la santé bucco-dentaire. L’accent est également mis sur la création de réseaux pour l’échange de données d’expérience dans le cadre du programme OMS.
5.2 Prévention des maladies bucco-dentaires
La prévention et la lutte contre les affections bucco-dentaires s’articuleront autour de six axes principaux qui sont :
- le Renforcement des capacités du personnel de santé des structures sanitaires à la détection précoce et à la prise en charge efficace des affections bucco-dentaires.
Il comprendra les activités essentielles suivantes:
- la formation du personnel,
- l’élaboration de directives techniques pour la détection et la prise en charge efficace des affections bucco-dentaires au sein des établissements sanitaires,
- la supervision du personnel de santé
- l’Extension de la couverture géographique et sanitaire en matière de santé buccodentaire. Le droit à la santé bucco-dentaire ne peut exister que si la majeure partie de la population a accès à des structures de prise en charge et à l’offre de services de base de qualité.
Les activités à ce niveau sont :
- la construction et l’équipement de structures ;
- l’élaboration et la mise en oeuvre d‘un PMA (Paquet Minimum d’Activités) de soins bucco-dentaires au niveau des structures de premier contact et de référence.
- la Communication pour le Changement de Comportement des populations en faveur de la santé bucco-dentaire, L’objectif du plan de communication est de favoriser l’acquisition de connaissances et de compétences élémentaires relatives à ces maladies et l’adoption de comportements individuels et collectifs pour leur prévention à travers :
- l’information et la sensibilisation de la communauté, surtout des mères de famille,
- l’élaboration de messages et d’autres supports de la communication,
- la diffusion de messages au moyen de canaux et supports appropriés :
•radios, TV, livrets scolaires, dépliants, images ;
•conférences-débats, des jeux-concours ;
•canaux traditionnels (crieurs, griots, sketches, etc) ; leaders religieux et communautaires.
-le Renforcement du partenariat dans la prévention et la lutte contre les affections bucco-dentaires,
L’Etat et les professionnels de la santé bucco-dentaire ne peuvent, à eux seuls, mener efficacement la prévention et la lutte contre les affections bucco-dentaires : le premier, à cause des ressources toujours limitées, les seconds, à cause de leur nombre très insuffisant.
L’appui d’autres partenaires, dont les populations bénéficiaires des activités programmées, est indispensable à cet égard.
La communauté sera impliquée aux efforts de sensibilisation et d’information et aux choix des agents de santé communautaires (relais communautaires).
Les guérisseurs ,la Stratégie PCIME (Prise en Charge Intégrée des Maladies de l’Enfant) ,les leaders communautaires et religieux, références sociales et morales, les associations de jeunes et de femmes joueront un rôle très important dans la lutte contre les affections bucco-dentaire
La mise en place des associations de lutte contre les affections bucco- dentaires à tous les niveaux contribuera largement à la promotion de la santé buccodentaire et constituera à cet effet un soutien important pour le développement des activités du programme.
Les ONG et les partenaires bilatéraux et multilatéraux apporteront leur appui technique et financier à la réalisation du plan.
- l’Intégration de la surveillance épidémiologique des affections bucco dentaires dans le système de surveillance épidémiologique existant.
Les affections bucco-dentaires, à cause du fardeau qu’elles entraînent, doit faire l’objet de surveillance par le ministère de la santé à travers la 4ème Direction chargée de l’épidémiologie et Médecine Préventive, qui doit dégagé des tendances pour la carie depuis en fonction du niveau de développement du pays et des différents groupes d’âge cibles.
La surveillance épidémiologique a permis à l’OMS de fixer des objectifs 2020 pour 16 « cibles associées à la santé bucco-dentaire »
La surveillance se fera à travers la collecte, le traitement, l’analyse, l’interprétation et la transmission des données.
Elle permettra d’apporter en temps opportun des réponses appropriées aux problèmes relatifs à la santé bucco-dentaire.
- le Développement de la Recherche dans le domaine de la santé bucco-dentaire,
L’enquête nationale sur les maladies bucco-dentaires est une recherche qu’il est indispensable de mener afin d’évaluer la prévalence des affections et de fournir les efforts nécessaires à sa réduction.
La recherche, sur des thèmes variés et divers, va contribuer à fournir des réponses aux problèmes de santé bucco-dentaires perçus par les populations ou par les structures de santé.
5.2.7 Nivaux d’action
L’Organisation de la lutte contre les maladies bucco-dentaires doit se faire à trois nivaux :
A) Au niveau des décideurs
Les décideurs doivent prendre conscience de l’ampleur des désagréments (douleurs, inconfort), de la sévérité (mortalité, séquelles lourdes) et des pertes que subissent les populations et l’Etat (dépenses et absentéisme du lieu de travail) à cause des maladies bucco-dentaires.
Les problèmes afférents à la santé bucco-dentaire revêtent un caractère de santé publique.
Aussi, ils doivent prendre en compte au niveau d’un programme de développement par la prévision d’activités à exécuter aux différents niveaux à travers l’élaboration et la mise en oeuvre du plan d’action.
B) Au niveau des prestataires
La détection des cas de la carie et la prise en charge des autres affections se font dans les cabinets dentaires privés ou corporatifs et dans les établissements sanitaires étatiques et communautaires.
C) Au niveau du partenariat
L’OMS et FDI (Fédération Dentaire Internationale)
Ce sont les deux partenaires clés qui apportent leur appui technique et financier dans la lutte contre les affections bucco-dentaires en général.
Elle est, avec l’OMS et la Fédération Dentaire Internationale (FDI) l’instigatrice du
Réseau d’échanges et de formation en matière de santé bucco-dentaire en Afrique.
VI. DOMAINES D’ACTIONS PRIORITAIRES POUR LA SANTÉ BUCCO-DENTAIRE
6.1 Santé bucco-dentaire et fluorures
Les recherches ont montré que la mesure la plus efficace pour prévenir la carie dentaire était de maintenir en permanence un faible niveau de fluorures dans la cavité buccale. L’objectif des programmes communautaires de santé publique devrait donc être de mettre en oeuvre le moyen le plus approprié pour maintenir ce niveau faible mais constant de fluorures chez autant de personnes que possible. Pour cela, on peut avoir recours à l’eau de boisson, au sel, au lait, aux bains de bouche et aux dentifrices fluorés, ou à l’application de fluorures par un professionnel ou bien encore à une combinaison de dentifrice fluoré et d’une autre source de fluorures. Les données montrent clairement que l’exposition prolongée à un niveau optimal de fluorures se traduit par une diminution de la carie tant chez l’enfant que chez l’adulte.
Toutefois, il peut y avoir des effets secondaires indésirables à l’apport excessif de fluorures. L’expérience a montré qu’il n’est pas toujours possible d’obtenir une prévention efficace de la carie à base de fluorures sans un certain degré de fluorose dentaire, quelle que soit la méthode choisie pour maintenir ce faible niveau de fluorures dans la cavité buccale. Les administrateurs de la santé publique doivent chercher à réduire au maximum la carie tout en minimisant les risques de fluorose dentaire.
Les fluorures sont largement utilisés à l’échelle mondiale et avec profit. Plus de 500 millions de personnes dans le monde utilisent des dentifrices fluorés, près de 210 millions ont accès à une eau fluorée, quelque 40 millions à du sel fluoré. D’autres formes d’applications de fluorures (applications topiques, bains de bouche, comprimés/gouttes) sont administrées à près de 60 millions de personnes. Par contre, les populations de nombreux pays en développement n’ont pas accès aux fluorures pour la prévention de la carie dentaire, pour des raisons tant pratiques qu’économiques.
Une des politiques de l’OMS consiste à soutenir l’usage généralisé des dentifrices fluorés à un coût abordable dans les pays en développement. Ceci est particulièrement important compte tenu de l’évolution de l’alimentation et de l’état nutritionnel dans ces pays. Des études récentes menées localement ont montré que des dentifrices fluorés, d’un coût abordable, sont efficaces dans la prévention de la carie et devraient être mis à disposition des autorités sanitaires dans les pays en développement. Le Programme mondial OMS de Santé Bucco-dentaire met actuellement en oeuvre des projets de démonstration en Afrique, en Asie et en Europe afin d’évaluer les effets de ces dentifrices, de même que ceux de la fluoration du lait et du sel.
6.2 Alimentation, nutrition et santé bucco-dentaire
Nous sommes aujourd’hui confrontés dans le monde à deux types de malnutrition, le premier associé à la faim ou aux carences nutritionnelles et le second à la suralimentation. L’urbanisation et le développement économique entraînent des changements rapides du régime alimentaire et des modes de vie. La mondialisation des marchés a des répercussions importantes en matière de suralimentation, entraînant des maladies chroniques comme l’obésité, le diabète, les maladies cardio-vasculaires, le cancer, l’ostéoporose et les maladies bucco-dentaires. L’alimentation et la nutrition ont des répercussions sur la santé bucco-dentaire à différents titres. La nutrition, par exemple, influence le développement cranio-facial, le cancer de la cavité buccale et les maladies infectieuses de la bouche. Les pathologies dentaires liées à l’alimentation comprennent notamment la carie dentaire, les anomalies de développement de l’émail, l’érosion dentaire et les maladies parodontales.
Les effets des changements nutritionnels montrent comment des risques communs influencent la santé publique, y compris la santé bucco-dentaire. Les acteurs de santé publique s’occupant de santé bucco-dentaire aurait intérêt à mieux comprendre les effets sur la santé de ces facteurs complexes sur la santé afin de prévenir ou de contrôler les maladies bucco-dentaires.
Les principaux défis à relever sont les suivants:
* Mettre en place des conseils nutritionnels, en soulignant les bienfaits d’une bonne alimentation sur la santé en général et en insistant également sur les aspects liés directement à la santé bucco-dentaire. L’effet de la consommation de sucre après l’éruption des dents est l’un des facteurs étiologiques de la carie dentaire;
* Faciliter des actions de sensibilisation lors de la promotion de l’allaitement maternel. Parmi d’autres avantages importants pour la santé, le lait maternel prévient la survenue des caries de la petite enfance, provoquées par une exposition fréquente et prolongée des dents au sucre et souvent dues au fait que l’on met l’enfant au lit avec un biberon d’eau sucrée ou qu’on l’autorise à boire de l’eau sucrée à volonté pendant la journée;
* Faire connaître les avantages d’une diminution de la consommation de boissons sucrées, qui est le risque majeur pour la carie dentaire. L’érosion dentaire semble également être un problème croissant qui, dans certains pays, est associé à une augmentation de la consommation de boissons contenant des acides;
* Promouvoir une alimentation saine et rationnelle parmi les personnes vivant dans des zones défavorisées ou isolées des pays à revenu faible ou intermédiaire en encourageant le recours aux produits naturels de bonne valeur nutritionnelle à la place de produits alimentaires raffinés et industrialisés;
* Préconiser une alimentation saine qui peut également aider à prévenir le cancer de la cavité buccale. Les fruits et légumes frais, jaunes ou verts, seraient bénéfiques, tout comme les suppléments de vitamines A, C et E. La consommation excessive d’alcool est un important facteur de risque dans l’étiologie des lésions précancéreuses et cancéreuses de la cavité buccale. Ces habitudes doivent être modifiées.
Selon l’OMS et la FAO, il existe une relation entre l’alimentation et l’activité physique et les principales maladies chroniques d’origine nutritionnelle.
C’est donc aux autorités sanitaires nationales qu’il incombe de faire en sorte que des programmes de fluoration réalisables soient mis en oeuvre dans leur pays.
Afin de réduire au maximum la survenue de l’érosion dentaire, qui semble étroitement liée à la consommation de boissons contenant des acides, il faudrait limiter la quantité et la fréquence des boissons sucrées et de jus de fruits consommés. L’élimination de la sous-alimentation permet d’éviter l’hypoplasie de l’émail et d’autres effets potentiels sur la santé bucco-dentaire (atrophie des glandes salivaires, maladies parodontales, maladies infectieuses de la cavité buccale, par exemple).
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire contribue à la mise en oeuvre de la Stratégie Mondiale sur l’Alimentation, l’Activité Physique et la Santé. De nombreuses interventions peuvent être mises en place au niveau national, particulièrement dans les domaines suivants:
* services de santé bucco-dentaire;
* écoles: programmes des études, cantines et santé scolaire;
* industrie alimentaire, supermarchés;
* restauration, etc;
* ONG (en lien avec la santé et autres);
* législation et politique;
* médias;
* suivi, surveillance et recherche.
Les ministères de la santé devraient veiller à ce que les mécanismes de collaboration intersectorielle soient examinés attentivement. Les stratégies devraient porter à la fois sur les taxes, les prix, l’étiquetage des aliments, les cantines scolaires et l’appui aux programmes de nutrition.
6.3 Tabac et santé bucco-dentaire
La prévalence du tabagisme a baissé dans certains pays à haut revenu, mais continue à augmenter dans les pays à revenus faibles et intermédiaires, notamment parmi les jeunes et les femmes. Il ne fait pas de doute que le nombre croissant de fumeurs et de consommateurs de tabac sans fumée parmi les jeunes, dans certaines régions du monde, aura des effets considérables sur l’état de santé générale et la santé bucco-dentaire des générations futures. La prévalence du tabagisme est généralement plus élevée chez les personnes ayant un faible niveau d’instruction ou parmi les populations pauvres et marginalisées.
Le tabagisme est la principale cause évitable de décès prématuré et de plusieurs grandes maladies. En outre, la cigarette, la pipe, le cigare et le "tumbako" et d’autres formes traditionnelles du tabagisme ont divers effets sur la cavité buccale. Le tabac est un facteur de risque pour le cancer de la cavité buccale, les récidives de ce cancer, les maladies parodontales de l’adulte et les anomalies congénitales telles que le bec de lièvre et la fente palatine chez l’enfant. Le tabac supprime la réponse immunitaire aux infections bucco-dentaires, compromet la guérison après une intervention chirurgicale bucco-dentaire ou une blessure accidentelle, favorise la dégénérescence du parodonte chez les diabétiques et a des effets défavorables sur le système cardio-vasculaire. En outre, les risques liés à la consommation de tabac augmentent considérablement lorsqu’elle est associée à l’alcool ou à la noix d’arec. La plupart des conséquences bucco-dentaires du tabagisme ont des répercussions sur la qualité de la vie, aussi simples que la mauvaise haleine, aussi complexes que les anomalies congénitales bucco-dentaires, aussi répandues que les maladies parodontales et aussi pénibles que les complications de la cicatrisation d’une plaie.
Le Programme OMS de Santé Bucco-dentaire vise à lutter contre les maladies bucco-dentaires liées au tabac et autres affections à travers diverses stratégies. A l’OMS, le Programme est rattaché à l’initiative OMS pour un monde sans tabac, et complètement intégré à d’autres programmes en rapport avec la santé bucco-dentaire. A l’extérieur, il encourage l’adoption et l’application des politiques OMS de contrôle et de sevrage du tabagisme par les organisations nationales et internationales intervenant dans le domaine de la santé bucco-dentaire. Ses principaux partenaires sont les centres collaborateurs OMS pour la santé bucco-dentaire et les ONG en relations officielles avec l’OMS, à savoir l’Association Internationale de Recherche Dentaire (IADR) et la Fédération Dentaire Internationale (FDI).
Les professionnels de la santé bucco-dentaire sont invités à renforcer leur contribution aux programmes incitant à cesser de fumer et ce, pour diverses raisons éthiques, morales et pratiques, dont les suivantes:
* Ils sont particulièrement concernés par les effets néfastes de la consommation de tabac sur la sphère oropharyngée;
* Ils rencontrent régulièrement des enfants et des jeunes ainsi que des personnes qui s’en occupent. Ils ont donc la possibilité de les inciter à éviter de fumer, à
* Ils passent souvent plus de temps avec les patients que d’autres cliniciens, ce qui leur donne la possibilité d’intégrer éducation et intervention;
* Ils traitent souvent des femmes en âge de procréer et sont donc en mesure d’informer ces patientes des risques potentiels pour leurs enfants de la consommation de tabac;
* Ils sont tout aussi efficaces que d’autres personnels de santé pour aider les consommateurs de tabac à abandonner leur habitude et les résultats n’en sont que meilleurs lorsque plusieurs disciplines interviennent dans le processus;
* Ils peuvent motiver leurs patients en leur montrant les dégâts du tabac dans la cavité buccale.
L’objectif de la Santé Bucco-dentaire dans le domaine du tabac consiste à faire en sorte que les équipes de santé bucco-dentaire et les organisations compétentes soient directement, judicieusement et systématiquement impliquées dans l’éducation des patients et du grand public afin de les inciter à éviter toute forme de tabagisme ou à arrêter de consommer du tabac.
Le but de la lutte contre le cancer est de réduire à la fois l’incidence de la maladie, la morbidité et la mortalité. Cela exige non seulement la connaissance de l’histoire de la maladie, mais également une bonne compréhension des facteurs sociaux, économiques et culturels sous-jacents. Le dépistage précoce peut sauver des vies. Plusieurs pays développés et en développement mettent en oeuvre des programmes de prévention du cancer comprenant celui de la cavité buccale. Il est indispensable d’apprendre aux individus à reconnaître les signes et symptômes précoces du cancer de la cavité buccale. Dans les pays en développement en particulier, les agents de soins de santé primaires formés au dépistage du cancer de la cavité buccale sont appelés à devenir une force de prévention considérable grâce au dépistage précoce et à la promotion de la santé en vue de sensibiliser la communauté. Un système d’orientation efficace doit être trouvé pour permettre la prise de mesures vitales.
6.4 Santé bucco-dentaire et promotion de la santé à l'école
. La promotion de la santé à l'école est un enseignement qui veille constamment à renforcer la capacité à instaurer un cadre de vie, d’apprentissage et de travail sain.
L’état doit mobiliser et à renforcer les activités d’éducation et de promotion de la santé aux niveaux local, national, régional et local afin d’améliorer la santé des enfants, du personnel scolaire, des familles et autres membres de la collectivité, et cela à travers l’établissement scolaire.
L’initiative sera de :
1. Développer les capacités de sensibilisation en vue d’améliorer les programmes de santé scolaire.
2. Créer des réseaux et des alliances afin de développer le concept de promotion de la santé à l'école.
3. Renforcer les capacités nationales.
4. Mener des recherches afin d’améliorer les programmes de santé scolaire.
Les arguments importants en faveur de la promotion de la santé bucco-dentaire par l’école sont les suivants:
* Pendant leurs années de formation, de l’enfance à l’adolescence, les élèves sont accessibles. Ce sont des stades importants dans la vie de l’individu car c’est à ce moment-là qu’il adopte des comportements mais aussi des croyances et des attitudes vis-à-vis de la santé bucco-dentaire qu’il gardera toute sa vie;
* Les écoles peuvent offrir un environnement propice à la promotion de la santé bucco-dentaire. L’accès à l'eau potable, par exemple, peut favoriser les programmes d’hygiène en général et d’hygiène bucco-dentaire en particulier. De même, un environnement matériel de sécurité peut contribuer à réduire le risque d’accidents et par conséquent le risque de traumatismes dentaires;
* Le poids des maladies bucco-dentaires chez l’enfant est important. La plupart d'entre elles, une fois établies, sont irréversibles et auront un impact sur la qualité de vie et l’état de santé générale;
* Des politiques scolaires, un environnement propice et une éducation pour la santé sont essentiels à l’instauration de la santé bucco-dentaire et au contrôle des comportements à risque comme la consommation d’aliments et de boissons sucrés, le tabagisme ou la consommation d’alcool;
* Les écoles peuvent offrir une plate-forme pour la prestation de soins bucco-dentaires préventifs et curatifs.
Grâce à un réseau étendu de promotion de la santé à l’école (Health Promoting Schools), l’OMS collabore, aux niveaux régional et mondial, avec Education International, l’ONUSIDA et l’UNESCO pour permettre aux organisations représentatives des enseignants du monde entier de mettre à profit leur capacité et leur expérience pour améliorer la santé par l’école.
Le Programme OMS de Santé Bucco-dentaire est rattaché à ces réseaux comme aux réseaux scolaires de santé bucco-dentaire établis dans les divers pays et régions.
Des programmes de formation de formateurs, à l’intention des instituteurs, doivent être organisés pour développer les capacités nationales d’intégration de la promotion de la santé bucco-dentaire à l’école afin de surveiller l’état de santé des enfants et des enseignants.
6.5 La santé bucco-dentaire des jeunes
Les adolescents, âgés de 10 à 19 ans selon la définition de l’OMS, représentent un cinquième de la population mondiale. Un jeune ayant confiance en lui, bien intégré socialement, qui croit en des valeurs et a accès aux informations pertinentes est mieux à même de prendre des décisions positives pour sa santé. Les facteurs extérieurs ont un impact énorme sur la façon dont les adolescents pensent et se comportent ; les valeurs et les comportements de leurs pairs sont de plus en plus importants tandis que les parents et les autres membres de la famille gardent toujours une influence. L'environnement plus large de ces jeunes a également une importance (médias, industries, institutions communautaires, par exemple). Les programmes visant à améliorer la santé bucco-dentaire des jeunes doivent tenir compte de ces facteurs, notamment la consommation de bonbons, de boissons sucrées, de tabac ou d’alcool. Des alliances efficaces entre l’environnement familial, le milieu scolaire, les professionnels et les organisations communautaires sont nécessaires si l’on veut contrôler les risques pour la santé bucco-dentaire des jeunes.
6.6 Amélioration de la santé bucco-dentaire chez les personnes âgées
La répartition selon l’âge de la population mondiale évolue. Avec les progrès de la médecine et l’allongement de l’espérance de vie, la proportion de personnes âgées va continuer à augmenter partout dans le monde. Par exemple, le Rapport sur la santé dans le monde 1998 dénombrait 390 millions de personnes âgées de plus de 65 ans, par exemple. On estime que ce chiffre devrait doubler d’ici 2025.
La génération du baby boom d’après-guerre aura 65 ans en 2011, venant grossir sensiblement les rangs des personnes âgées.
D'ici 2025, dans de nombreux pays en développement, en particulier en Asie et en Amérique latine, on attend une augmentation de la population âgée pouvant aller jusqu’à 300%. D’ici 2050, il y a aura 2 milliards de personnes de plus de 60 ans, dont 80% dans les pays en développement. La croissance de cette population est gigantesque et pose des problèmes énormes du point de vue de la prise en charge des personnes âgées. A mesure que les gens vieillissent, leur susceptibilité aux maladies chroniques et aux maladies qui engagent le pronostic vital ainsi qu’aux infections aiguës augmente, et est encore aggravée par des déficits du système immunitaire . Dans ce groupe d'âge, le cancer, les maladies cardio-vasculaires,
le diabète, les infections et une mauvaise santé bucco-dentaire (avec notamment la perte de dents ou des formes sévères de maladie parodontale) sont plus fréquentes. Les conséquences de ces maladies et affections sont significatives, entraînant des incapacités et une qualité de vie diminuée.
Les maladies bucco-dentaires sont généralement évolutives et cumulatives. Le processus du vieillissement peut directement ou indirectement accroître le risque de maladies bucco-dentaires et de perte des dents, phénomène que compliquent encore un mauvais état de santé générale, la présence de maladies aiguës ou chroniques. Parmi les personnes âgées, on observe une prévalence élevée de co-morbidité et des obstacles aux soins, en même temps que des problèmes de santé bucco-dentaire liés aux phénomènes suivants:
* évolution de l’état de la dentition;
* prévalence de la carie et besoins de soins non satisfaits;
* poches parodontales/perte d’attache parodontale et mauvaise hygiène bucco-dentaire;
* édentation et perte fonctionnelle;
* conséquences de prothèses dentaires amovibles mal adaptées;
* cancer de la cavité buccale;
* xérostomie;
* douleur et gêne cranio-faciales.
L’interrelation entre la santé bucco-dentaire et l’état de santé générale est particulièrement prononcée chez les personnes âgées. Une mauvaise santé bucco-dentaire peut accroître les risques pour la santé générale et se répercuter sur l’apport nutritionnel lorsque les capacités de mastication et d’alimentation sont amoindries. De même, les maladies systémiques et/ou les effets secondaires indésirables de leur traitement peuvent entraîner un risque accru de maladies bucco-dentaires, une diminution du flux salivaire, une altération du goût et de l’odorat, des douleurs dento-faciales, une hypertrophie des gencives, une résorption de l’os alvéolaire et la mobilité des dents. La prévalence élevée de traitements associant plusieurs médicaments dans ce groupe d’âge peut encore aggraver les effets sur la santé bucco-dentaire. Parmi les autres déterminants figurent une alimentation à forte teneur en sucre, une mauvaise hygiène bucco-dentaire par manque de dextérité, la consommation d’alcool ou de tabac, autant de facteurs de risque pour la santé bucco-dentaire.
Les obstacles aux soins de santé bucco-dentaire pour les personnes âgées sont considérables. La perte de mobilité les empêche d’avoir accès aux soins, en particulier pour celles qui habitent en milieu rural lorsque les moyens de transport public sont insuffisants. La situation est plus grave encore dans les pays en développement s’il n’existe pas de services de santé bucco-dentaire et de soins à domicile. Certaines personnes âgées pouvant par ailleurs éprouver des difficultés financières après leur retraite, le coût réel ou l’idée qu’elles se font du coût du traitement dentaire, allié à des attitudes négatives à l’égard de la santé bucco-dentaire, peuvent les décourager de consulter un dentiste. La peur de la violence peut rendre les personnes âgées craintives face à des étrangers, ce qui peut gêner la communication avec les personnels soignants.
Dans certains pays, les personnes âgées ont tendance à vivre seules, loin de leurs amis ou de leur famille. L’absence de soutien social et les sentiments de solitude et d’isolement peuvent se répercuter sur leur santé mentale et leur bien-être. Il existe à l’évidence des besoins non satisfaits dans ce groupe d’âge. Il est important que les personnels des services de santé tiennent compte des facteurs psycho-sociaux non négligeables ayant une incidence sur la santé et le bien-être des personnes âgées. Il faut donc fournir des services de santé bucco-dentaire adaptés, qui soient accessibles, appropriés et acceptables. L’état de santé des personnes âgées doit également être pris en compte avant de planifier un traitement complexe pouvant comporter des interventions chirurgicales. Le diagnostic de ces besoins particuliers et la planification en cas de traitement sophistiqué sont essentiels. Enfin, les incidences pour la recherche et la formation sont considérables.
Le Programme OMS de Santé Bucco-dentaire entend élaborer des stratégies pour améliorer la santé bucco-dentaire des personnes âgées.
Les planificateurs nationaux de la santé bucco-dentaire doivent intégrer des activités systématiques dans ce domaine afin d’améliorer la qualité de la vie.
6.7 Santé bucco-dentaire, état de santé générale et qualité de vie
La santé bucco-dentaire fait partie intégrante de la santé au sens large. Les maladies parodontales, par exemple, sont associées à des problèmes de santé comme les maladies cardio-vasculaires et le diabète. Les personnes présentant des affections complexes sont plus exposées au risque de maladies bucco-dentaires qui compliquent encore leur état de santé générale. Certaines maladies ont des manifestations buccales, et ces lésions peuvent être le premier signe d’autres maladies potentiellement mortelles comme le VIH/SIDA. En outre, certains médicaments ou traitements courants utilisés pour traiter des maladies systémiques peuvent compromettre la santé et le fonctionnement de la sphère bucco-dentaire.
Non traitées, même pendant peu de temps, les maladies bucco-dentaires peuvent avoir des conséquences néfastes. Une infection bucco-dentaire peut tuer. Une infection bucco-dentaire est considérée comme un facteur de risque dans nombre d’affections générales. La propagation de bactéries peut entraîner ou aggraver sérieusement des infections dans l’organisme tout entier, en particulier chez les personnes immunodéprimées. Les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires ou de diabète sont particulièrement vulnérables. Des études ont montré que les maladies bucco-dentaires (carie dentaire et maladie paradontale, par exemple) étaient associées à d’autres maladies non transmissibles, et cette interrelation mérite des recherches plus approfondies.
Une mauvaise santé bucco-dentaire peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie. La douleur, la survenue d’abcès dentaires, des difficultés à mastiquer ou à se nourrir, une gêne provoquée par la forme des dents ou des dents manquantes, colorées ou abîmées peuvent avoir des répercussions sur la vie quotidienne et le bien-être des individus. Ces dernières années, de nombreuses recherches ont montré l’impact de la santé bucco-dentaire sur la qualité de la vie. Plusieurs mesures de la qualité de vie liée à la santé bucco-dentaire ont été élaborées afin d’évaluer les répercussions fonctionnelles, psychologiques, sociales et économiques; mesures très importantes pour l’évaluation des programmes de santé bucco-dentaire dans la communauté.
Les facteurs de risque pour la santé tels qu’une consommation excessive d’alcool, le tabagisme ou d’autres formes de consommation du tabac et de mauvaises habitudes alimentaires peuvent également se répercuter sur la santé bucco-dentaire. La corrélation entre ces comportements liés au mode de vie et le risque accru de caries dentaires, de maladies parodontales, d’infections de la bouche, d’anomalies maxillo-faciales, de cancers de la cavité buccale et d’autres affections de la bouche montre bien la nécessité d’adopter une approche intégrée de la promotion à la fois de la santé bucco-dentaire et de la santé générale. L’approche fondée sur des facteurs communs de risque offre une possibilité intéressante d’intégrer la promotion de la santé bucco-dentaire dans la promotion de la santé générale. Une telle approche devrait être plus efficace que les programmes dirigés contre une seule maladie ou affection.
Le ministère de la Santé et la 5ème direction Bucco-dentaire doivent élaborer des politiques destinées à faciliter l’intégration de la santé bucco-dentaire dans les programmes nationaux et communautaires. Ces initiatives passent par une analyse des connaissances disponibles et la création de banques de données sur la santé bucco-dentaire, la santé générale et les facteurs communs de risque.
6.8 Systèmes de santé bucco-dentaire
La stratégie de la Santé pour Tous basée sur les soins de santé primaires n’a pas encore été pleinement mise en oeuvre. Dans notre pays, les capacités et les ressources nationales − humaines, financières et matérielles – sont encore insuffisantes pour assurer l’offre de services de santé essentiels de qualité et l’accès à ceux-ci pour tous, notamment dans les communautés défavorisées. Plusieurs pays sont désormais engagés dans un processus de changement. Certains procèdent à une réforme du secteur public dans son ensemble, d’autres ne réforment que le secteur de la santé en décentralisant les services publics, en favorisant la participation du secteur privé et en réorganisant leur mode de financement et de prestation de services. Ces changements ont principalement pour but de réduire les inégalités dans l’accès aux services de santé, de promouvoir une couverture universelle et d’améliorer l’efficacité de l’ensemble du système de santé.
La transition des services de santé bucco-dentaire coïncide avec la tendance générale de la réforme des services de santé. Plusieurs pays industrialisés occidentaux offrent à leur population des services de santé bucco-dentaire, aussi bien préventifs que curatifs, qui reposent sur des systèmes privés ou publics. Par contre, les personnes appartenant à des groupes défavorisés ou à certaines minorités ethniques, les enfants de la rue, les personnes handicapées ou les personnes qui ne peuvent sortir de chez elles et les personnes âgées ne sont pas suffisamment couvertes par les soins bucco-dentaires.
Dans les pays en développement, les services de santé bucco-dentaire sont principalement offerts par les hôpitaux centraux ou régionaux des centres urbains, peu d’importance étant donnée aux soins préventifs ou conservateurs. De nombreux pays d’Afrique, d’Asie et d’Amérique latine connaissent une pénurie de personnels de santé bucco-dentaire et, d’une manière générale, la capacité des systèmes de santé se limite au soulagement de la douleur ou aux soins d’urgence. En Afrique, le nombre de dentistes par habitant est d’environ 1 pour 150 000 contre 1 pour 2000 dans la plupart des pays industrialisés.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire est favorable au développement de services correspondant aux besoins de chaque pays. La réorientation des services de santé bucco-dentaire en faveur de la prévention et de la promotion de la santé se fait en collaboration avec les bureaux OMS régionaux ou nationaux. Un module de base de soins bucco-dentaires a été mis au point et les outils proposés peuvent être utiles dans certains pays. Pour les pays en développement, en particulier, des modèles de soins de santé primaires applicables aux soins bucco-dentaires essentiels sont encouragés et plusieurs projets de démonstration dans la communauté basés sur le contexte socioculturel sont soutenus ou mis en oeuvre conjointement avec le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire. En outre, ce Programme a mis au point une composante santé bucco-dentaire dans le cadre du projet de prise en charge intégrée des maladies de l’adolescent et de l’adulte.
La question du personnel de santé bucco-dentaire – à savoir les catégories de personnel à former, leurs fonctions et les effectifs dans chaque catégorie – retient l’attention depuis de nombreuses années. Son importance est apparue plus clairement dans certains pays où la formation de dentistes est inadaptée aux besoins et à la demande de soins de santé bucco-dentaire. Certains pays connaissent encore un problème de formation, de catégories et d’effectifs inadaptés des professionnels de la santé bucco-dentaire. On a signalé, en particulier, que dans les pays en sureffectif, les fonctions traditionnellement dévolues aux assistants sont maintenant réalisées par les dentistes eux-mêmes. Dans ces pays, l’introduction de personnel auxiliaire a été retardée. L’évolution du tableau de morbidité bucco-dentaire et des facteurs socio-démographiques indique qu’un ajustement des structures existantes du personnel de santé bucco-dentaire est nécessaire dans plusieurs pays développés. Dans les pays en développement, le problème consiste à encourager les programmes de formation pour les types de personnel correspondant aux besoins et à l’infrastructure de santé bucco-dentaire du pays.
6.9 VIH/SIDA et santé bucco-dentaire
L’épidémie de VIH/SIDA est l’une des plus graves qu’ait connue l’humanité. Près de 40 millions de personnes étaient infectées par le VIH en 2001 et des millions sont déjà mortes du SIDA.
Plusieurs études ont montré qu’environ 40 à 50% des personnes séropositives présentaient des infections virales, bactériennes ou mycosiques de la bouche, qui surviennent souvent à un stade précoce de la maladie. Les lésions buccales directement associées à l’infection à VIH sont la candidose buccale pseudomembraneuse, la leucoplasie chevelue buccale, la gingivite et la parodondite liées au VIH, le sarcome de Kaposi, les lymphomes non hodgkiniens et la sécheresse buccale due à une diminution du flux salivaire.
Le principal défi de l’action contre le VIH/SIDA à l’heure actuelle est de faire en sorte que des stratégies de prévention et de soins ayant fait leur preuve, soient largement mises en oeuvre au niveau où elles sont susceptibles d’avoir un impact décisif sur l’épidémie.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire peut apporter une contribution importante au diagnostic précoce, à la prévention et au traitement de cette maladie.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire a rédigé un guide qui propose une approche systématique de la mise en oeuvre d’études épidémiologiques portant sur les affections de la cavité buccale associées à l’infection au VIH. Il contient des directives pour la collecte, l’analyse, le rapport et la diffusion des données, ce qui devrait faciliter les comparaisons des résultats de différentes études. Il vise également à encourager le personnel de santé bucco-dentaire et les praticiens de santé publique à faire de l’état de santé bucco-dentaire un élément de prise en charge optimale des cas et des activités de surveillance des maladies associées à l’infection au VIH.
En collaboration avec d’autres programmes techniques de l’OMS et les centres collaborateurs OMS pour la santé bucco-dentaire, le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire facilitera et coordonnera l’élargissement des initiatives efficaces grâce à un soutien technique et gestionnaire.
Ces activités porteront principalement sur:
* l’identification des manifestations buccales les plus révélatrices du VIH/SIDA;
* la participation du personnel de santé bucco-dentaire à la documentation du VIH/SIDA pour assurer une évaluation médicale, une prévention et un traitement appropriés;
* la formation des autres professionnels de santé au dépistage des lésions buccales et des manifestations extrabuccales; l’utilisation d’une méthode de « formation de formateurs » pour atteindre les agents de santé au niveau du village et de la communauté;
* la diffusion d’informations sur la maladie et sa prévention par tous les moyens de communication possibles;
* l’appui technique de l’OMS aux réunions organisées au niveau régional ou inter-régional pour mettre en commun les expériences des pays en matière de prévention du VIH/SIDA et la modification des modes de vie à travers des campagnes et des programmes communautaires.
6.10 Systèmes d’information sur la santé bucco-dentaire
Le poids des maladies bucco-dentaires et les besoins des populations évoluent. De même, les systèmes de santé bucco-dentaire et les connaissances scientifiques changent rapidement.
Afin de répondre à ces besoins, les acteurs de santé publique et les décideurs ont besoin d’outils, de moyens et d’informations pour évaluer et suivre les besoins de santé, choisir les interventions, élaborer des options politiques adaptées à leur situation et améliorer la performance du système de santé bucco-dentaire.
L’Etat doit mettre sur pied les systèmes d’information comprenant des données complémentaires sur les indicateurs épidémiologiques.
Les informations qui peuvent être obtenues à travers un système d’information sanitaire peuvent être utilement classées dans les sous-systèmes connexes suivants:
* surveillance épidémiologique;
* couverture de la population par les services;
* dossiers et comptes rendus des services;
* administration et gestion des ressources;
* qualité des soins dispensés;
* surveillance du programme de santé bucco-dentaire et évaluation des résultats.
Les évaluations systématiques des systèmes de santé bucco-dentaire font défaut et le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire préconise un modèle complet permettant de mesurer les ressources, le processus, les services produits et les résultats
Ces systèmes d’information sont mis pour la surveillance des tendances des maladies bucco-dentaires et des facteurs de risque. La banque de données sur la santé bucco-dentaire réunit des informations utiles au suivi du tableau épidémiologique et des évolutions, dans le temps, de la santé bucco-dentaire. Le principal instrument de surveillance est baptisé "STEPS" (approche par étapes de la surveillance) selon l’OMS. Il s’agit d’une approche simple offrant aux pays des méthodes normalisées communes, mais qui laissent suffisamment de souplesse pour élargir leurs outils en y ajoutant les informations intéressantes pour leur situation propre.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire propose des systèmes modernes d’information sanitaire, au niveau mondial, à travers diverses activités:
* La révision des méthodes fondamentales d’enquête sur la santé bucco-dentaire, tenant compte du nouveau tableau de la morbidité bucco-dentaire (par exemple l’érosion dentaire et la consommation de boissons sucrées) et permettant d’enregistrer des facteurs de risque et des facteurs liés à la qualité de vie (y compris les comportements à risque tels que les habitudes alimentaires, le tabagisme, la consommation d’alcool et les habitudes en matière d’hygiène bucco-dentaire);
* La mise au point de techniques de gestion et d’analyse des données utilisant les technologies de l’information;
* Le rattachement de la banque de données mondiale sur la santé bucco-dentaire au système d’information du Programme des profils de pays/région;
* L’élaboration de méthodologies et d’approches pour l’évaluation de l’efficacité des programmes communautaires de santé bucco-dentaire, axés sur la promotion de la santé et la prévention de la maladie. Cette évaluation comprend également une documentation des procédés pour permettre une mise en commun des expériences des différents programmes.
L’OMS a commencé à élaborer de nouveaux objectifs. Le Bureau Régional de l’Europe a défini des cibles en la matière, pour 2020 dans le cadre de sa politique Santé. L’OMS, la Fédération Dentaire Internationale (FDI) et l’Association Internationale de Recherche Dentaire (IADR) ont conjointement préparé de nouveaux objectifs pour la période allant jusqu’à 2020. Les objectifs et les cibles ont été élargis de façon à couvrir des indicateurs significatifs liés à la santé bucco-dentaire de groupes de population. Les buts fixés à l’échelle mondiale n’ont pas de caractère normatif. Ce cadre est conçu principalement pour encourager les responsables de l’élaboration des politiques de santé aux niveaux régional, national et local à fixer des normes de santé bucco-dentaire en ce qui concerne la douleur, les troubles fonctionnels, les maladies infectieuses, le cancer de l’oropharynx, les manifestations buccales de l’infection au VIH, le noma, les traumatismes, les anomalies maxillo-faciales, la carie dentaire, les anomalies de développement des dents, les maladies parodontales, les maladies des muqueuses buccales, les troubles des glandes salivaires, la perte de dents, les services de santé et les systèmes d’information sanitaire.
6.11 Recherche en santé bucco-dentaire
La recherche est un processus systématique visant à produire des connaissances nouvelles. Sur la base des progrès des sciences sociales et biomédicales, de la santé publique et des technologies de l’information, de nouveaux concepts peuvent conduire à des interventions novatrices ayant un impact direct sur le diagnostic, la prévention, le traitement, mais aussi les aspects éthiques et sociaux de la maladie. Les progrès dans le domaine des connaissances n’ont, toutefois, pas encore pleinement bénéficié aux pays en développement. On estime par exemple que 10% seulement des fonds alloués au niveau mondial à la recherche en santé sont consacrés à des problèmes qui touchent 90 % de la population mondiale (49). Les disparités évidentes sur les plans économique, politique, des ressources, des moyens scientifiques, et d’accès aux réseaux mondiaux de l’information ont, en réalité, élargi l’écart entre pays riches et pays pauvres dans le domaine des connaissances.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire contribue à redresser le déséquilibre dans la répartition des connaissances en matière de santé bucco-dentaire de telle sorte que les résultats de la recherche profitent à tous, y compris aux pauvres, et cela de manière durable et équitable. Les connaissances étant un moyen important d’améliorer la santé des pauvres en particulier, le Programme se concentrera sur la promotion de la recherche en santé bucco-dentaire dans les pays développés et les pays en développement afin de réduire les facteurs de risque et la charge de morbidité bucco-dentaire et d’améliorer les systèmes de santé bucco-dentaire et l’efficacité des programmes communautaires. Il faudrait notamment consacrer davantage de recherches aux aspects suivants: les inégalités en matière de santé bucco-dentaire; les répercussions psycho-sociales de la santé ou de la maladie bucco-dentaire; l’alimentation, la nutrition et la santé bucco-dentaire; les programmes de sevrage tabagique; les relations entre santé bucco-dentaire, état de santé générale et qualité de vie; et le VIH/SIDA.
Le renforcement des capacités de recherche est l’une des stratégies les plus efficaces, les plus rentables et les plus durables pour permettre aux pays en développement de profiter des progrès des connaissances, en particulier à travers la promotion de réseaux régionaux et inter-pays de recherche en santé bucco-dentaire.
Le Programme OMS de Santé Bucco-Dentaire entend favoriser la recherche effectuée dans ce domaine pour, avec et par les pays en développement, de plusieurs façons:
1. En soutenant les initiatives susceptibles de renforcer les moyens de recherche des pays en développement, de sorte que la recherche soit reconnue comme le fondement d’une politique de santé bucco-dentaire;
2. En associant davantage les centres collaborateurs OMS pour la santé bucco-dentaire dans les domaines prioritaires de recherche dans le cadre des réseaux de centres nationaux, régionaux ou inter-régionaux;
3. En encourageant les programmes de formation à la recherche en santé bucco-dentaire au niveau local ou sur la base de programmes concertés inter-universités;
4. En offrant aux universités des pays en développement un accès aisé à la littérature scientifique sur la santé bucco-dentaire par un accès en ligne aux revues scientifiques;
5. En réduisant l’écart 10/90 en matière de recherche en santé bucco-dentaire par une action dans le cadre du Forum mondial pour la recherche en santé. Ce forum aide à fixer les priorités, à diffuser les conclusions de la recherche et à mesurer les résultats afin de rompre le cercle vicieux de la maladie et de la pauvreté.
VII EDUCATION POUR LA SANTE BUCCO-DENTAIRE
7.1 Définition : L’éducation pour la santé bucco-dentaire est un processus dynamique et complexe qui vise avant tout changement de comportements favorables à la santé bucco-dentaire.
7.2 L’objectif : Induire un changement de comportement : faire acquérir à la population un comportement sain vis à vis de sa santé bucco-dentaire comme pour le reste du corps et ce, par l’apprentissage correct et régulier du brossage dentaire, par la correction des mauvaises habitudes alimentaires (écarter les aliments les plus cariogènes) en favorisant une alimentation équilibrée.
7.3 Buts :
1. renforcer les attitudes et les comportements favorables à la santé bucco-dentaire.
2. aider la population à prendre conscience de sa responsabilité dans l’amélioration de sa santé bucco-dentaire, à comprendre et à surmonter les différents problèmes qui l’empêchent d’être en bonne santé.
Concept d'éducation sanitaire dentaire. Techniques de communication verbale et non verbale. Approche éducative selon les caractéristiques des différentes clientèles : conditions physiques, psychologiques, valeurs, attitudes, motivation, environnement. Plan d'intervention. Méthodes de contrôle et les techniques de prévention en hygiène buccale (rappel).
7.4 ETAPES
a) les préalables :
i) Conditions physiques, psychologiques, valeurs, attitudes, motivation, environnement.
ii) Examiner un certain nombre de questions fondamentales (plan de travail) :
• -identifier les problèmes de santé bucco-dentaire,
• -formuler les objectifs,
• -déterminer la population cible,
• -élaborer le message éducationnel,
• -faire le choix du canal de transmission des messages d’éducation pour la santé bucco-dentaire.
b) organisation matérielle
Préparation des supports d’information (affiches, diapositives, dépliants, films et autre matériel didactique) et concertation avec tous les autres intervenants (notamment le personnel enseignant).
c) déroulement des activités
1- Phase théorique
1-1. Familiarisation de la population avec le chirurgien-dentiste ou technicien en soins bucco-dentaire et le matériel dentaire
Le chirurgien-dentiste se présente en blouse blanche dans la salle de la séance avec un plateau dentaire contenant la petite instrumentation et explique son utilisation.
Il profitera de cette séance pour présenter le programme et ses objectifs.
1-2. La séance d’éducation pour la santé bucco-dentaire comprenant :
• La leçon d’éducation sanitaire (sous forme d’un cours interactif).
Elle sera élaborée selon différents niveaux correspondants des personnes cibles.
Elle doit comporter des éléments d’information à transmettre tels que la description de la dent, sa fonction, l’importance de la 1ère molaire et une sensibilisation à la préservation d’une bonne santé bucco-dentaire.
La séance dure une heure comprenant le cours (rappels + consolidation), débat et la démonstration sur maquette géante.
* Information - Motivation - Sensibilisation :
1. Anatomie d’une dent saine et son environnement
2. Dent malade : les différents stades d’une carie
3. Conséquences des pathologies bucco-dentaires
* Initiation pour une bonne santé bucco-dentaire
1. Conseils d’hygiène buccale
2. Notions d’hygiène alimentaire
• L’apprentissage d’une technique correcte du brossage dentaire sur modèle (maquette géante)
• Un débat
2- Phase pratique
2-1. Une séance de brossage avec brosse à dents sans dentifrice
- Comment tenir sa brosse à dent
- Séquences du brossage
2-2. Séances de brossage au lavabo avec dentifrice
- Comment tenir sa brosse à dent et appliquer le dentifrice
- Séquences du brossage
Le chirurgien-dentiste ou le technicien en soins bucco-dentaire prendra les ou les enfants par groupes de 10 à 15 (un groupe travaille, l’autre est observateur).
La périodicité des séances de brossage varie selon les personnes cibles (voir exemple de fiches techniques jointes en annexe).
Le chirurgien-dentiste assurera ou le technicien en soins bucco-dentaire les trois premières séances au moins puis l’enseignant prendra le relais si nécessaire.
7.5 Obstacles et contraintes pour l’EPS buccodentaire
Selon une analyse de l'OMS, la prévention en santé bucco-dentaire a permis de montrer une tendance à l'amélioration de la santé bucco-dentaire là où elle a été perçue comme hautement prioritaire.
Pourtant, cette perception de la prévention n'est pas souvent bien intégrée par les acteurs de la santé.
Ainsi la mise en oeuvre d'une politique de prévention se heurte à des difficultés de plusieurs ordres.
L'analyse globale des résultats montre que la prévention intéresse les praticiens et les patients.
Cependant le manque de temps pour les praticiens et l'absence de conseils pour les patients constituent des facteurs négatifs à l'application de cette prévention. En effet les praticiens souvent sollicités pour des urgences et des soins curatifs importants (16 patients par matinée) relèguent la prévention au second plan. Les patients quant à eux ne se préoccupent souvent que du motif de leur consultation et sont satisfaits une fois soulagés.
Nous considérons qu'en dehors de ces facteurs, d'autres sont à prendre en compte, il s'agit notamment :
1. de l'attitude "curato-consciente" plutôt que prévento-consciente" des praticiens (dentistes, techniciens supérieurs).
2. de la formation du praticien peu orientée vers la prévention.
3. du manque d'autres professionnels de la santé tels que les assistants de cabinets ou les agents de santé communautaires ou les hygiénistes qui s'occuperaient plus spécifiquement du volet prévention.
D'autres obstacles se dressent contre une bonne prévention :
1. méconnaissance des moyens de prévention par des populations souvent analphabètes (31,9 % de l'échantillon et 3/4 de la population sénégalaise) de leur geste en matière d'hygiène buccale.
2. peu d'intérêt accordé aux dents postérieures en général.
Certes il faut une lutte plus accrue contre l'analphabétisme, mais le succès global dépendra :
1. d'une volonté politique des pouvoirs publics.
2. d'une participation et d'un engagement communautaire des populations.
3. de la "prévento-conscience" des professionnels de la santé dentaire qui doivent subir une formation plus adéquate en prévention bucco-dentaire.
7.6 FICHE TECHNIQUE
METHODES INTERCEPTIVES
I- LA CARIE DENTAIRE
1- Sensibilité antérieure aux variations thermiques
- Surveillance
- Application topique de gel ou vernis fluoré
- Prescription de dentifrice fluoré
- Elimination des tics et habitudes vicieuses (couper le fil avec les dents, décapsuler une bouteille, jeux violents ...).
- Contrôle radiologique si besoin est
2 - Carie de sillon
- Scellement au verre ionomère ou autre obturation minime
- Surveillance particulière de la dent de 6 ans
3- Carie du second degré
- Obturations classiques aussi bien sur dents permanentes que lactéales (en particulier pour les garder sur l’arcade jusqu’à leur chute physiologique).
Ces méthodes interceptives curatives préviennent ainsi l’apparition de la carie du 3ème et
4ème degré, responsable des infections focales à l’origine de pathologies infectieuses lourdes telles que l’endocardite, la glomérulonéphrite et autres.
Le traitement conservateur des dents lactéales, en maintenant les dents sur l’arcade évitera aussi les dysharmonies dento-faciales par perte de place.
II- LES GINGIVITES
Se limiter à l’interception des atteintes gingivales réversibles (érythémateuses simples) dues à la matéria-alba et au dépôt initial de tartre.
Pour les autres stades orienter vers un milieu spécialisé.
1- Gonflement et rougeur des papilles gingivales
- Initiation au brossage dentaire
- Détartrage et/ou élimination de black-stens s’il y a lieu suivi d’un polissage avec prescription de solution antiseptique.
2- Saignement
Brossage dentaire avec utilisation d’antiseptiques locaux, sel, bicarbonate, bains de bouche.
Si la gingivite persiste malgré l’élimination de toute cause locale et l’instauration d’un brossage correct et régulier, il faut orienter le patient vers le médecin de santé scolaire ou en parodontologie pour un contrôle sanguin.
3- Tartre
Détartrage - polissage.
4- Douleurs
- Vérifier l’insertion des freins
- Vérifier l’occlusion (mal-occlusion, bout-à-bout...)
- Recherche de poches parodontales
- Recherche de pus dans les sillons gingivaux
- Recherche d’obturations traumatiques (prématurités, syndrome du septum).
III - LES TRAUMATISMES
1- Fracture coronaire
1-1. Non pénétrante
- Si l’étendue est petite, application de vernis ou produit fluoré
- S’il y a perte d’un fragment coronaire, le sceller (s’il a été conservé) sinon effectuer une reconstitution coronaire.
- Assurer un contrôle radiologique
- Surveillance de la vitalité pulpaire (dire au patient de consulter si la dent change de couleur ou devient arthritique)
- Conseiller à l’enfant d’éviter les écarts thermiques au cours de l’alimentation
1-2. Pénétrante
- Si l’exposition pulpaire est petite, n’ayant pas dépassé quelques heures, sans hémorragie, avec une vitalité pulpaire positive, effectuer une pulpotomie à l’hydroxyde de calcium et contrôler la vitalité pulpaire tous les six mois.
- Si la perte de substance est importante ou si l’apex de la racine n’est pas encore fermée, orienter l’enfant pour une pulpectomie avec obturation canalaire à l’hydroxyde de calcium. Une fois la fermeture de l’apex achevée, reprendre une obturation canalaire définitive et reconstituer la couronne. S’il s’agit d’une dent lactéale, l’obturation
canalaire doit se faire avec une pâte résorbable.
- Conseiller une restauration prothétique ( inlay, dent pivot ou jacket )
2- Fracture radiculaire
Pour une dent monoradiculée, définitive, vivante :
2-1. Si la mobilité est légère, expectative avec surveillance de la vitalité pulpaire.
2-2. Si la mobilité est importante, immobiliser la dent à l’aide de ligatures, ou autre contention jusqu’à guérison des fragments et surveiller la vitalité pulpaire.
2-3. Si la fracture est très haute, l’énucléation de l’apex peut âtre envisagée, orienter vers un milieu spécialisé.
Si la dent est dévitalisée, on peut tenter la solidarisation des fragments à l’aide d’une tige filetée, scellée dans le canal.
S’il s’agit d’une dent lactéale il faut l’extraire.
3- Atteinte parodontale et parties molles
- Nettoyage de la plaie et hémostase
- Traitement médical ( antibiotique et anti-inflammatoire )
- Orienter vers milieu spécialisé si nécessaire (pour suture, ligature, attelle. ..)
4- Fracture osseuse
Orientation systématique vers un milieu spécialisé.
5- Luxation
5-1. Incomplète (subluxation : déplacement de la dent dans son alvéole)
Repositionnement de la dent à la bonne place, ligature, instauration d’une alimentation molle le temps de la consolidation et surveillance de la vitalité pulpaire.
5-2. Complète (la dent sort complètement de son alvéole)
Surtout lorsqu’il s’agit d’incisive permanente, il faut mettre la dent sous la langue (après l’avoir rapidement passée sous un filet d’eau sans trop la laver) ou dans du lait ; à défaut dans du sérum physiologique et orienter immédiatement l’enfant dans un service spécialisé (chirurgie maxillo-faciale, parodontologie ou pathologie bucco-dentaire) afin de tenter la ré-implantation dentaire.
IV- AUTRES AFFECTIONS
- Mobilité dentaire (d’origine non traumatique)
- Malposition
- Dysplasie et dyschromie
- Dysmorphie
Elles relèvent de traitements spécialisés, dans tous les cas, orienter pour une prise encharge.
BANQUE DES QUESTIONS
1. Que veut dire la santé bucco-dentaire ?
La santé bucco-dentaire se définit comme étant « la santé de la cavité buccale, y compris la denture et les structures et tissus qui la soutiennent. Elle est caractérisée par l’absence de toute maladie, et le fonctionnement optimal de la bouche, et de ses tissus, qui font la grande fierté de celui qui en jouit»
2. Que signifie être en bonne santé bucco-dentaire ?
C’est avoir des dents saines et ne pas souffrir d’aucune maladie ou trouble affectant les tissus bucco-dentaires et maxillo-faciaux.
3. Quelle est l’Importance de la santé bucco-dentaire,
La santé bucco-dentaire est importante pour :
1. Réduire le poids des maladies bucco-dentaires et leurs conséquences invalidantes potentielles, notamment auprès des populations pauvres et marginalisées;
2. Promouvoir des modes de vie sains et réduire les facteurs de risque, liés à l'environnement, au comportement ainsi qu’à des causes économiques et sociales;
3. Développer des systèmes qui améliorent celle ci équitablement répondent aux demandes légitimes de la population et qui soient financièrement acceptables;
4. Elaborer des politiques fondées sur son intégration aux programmes de santé nationaux et communautaires pour le développement de la société.
4. Quelle liaison y a-t’il entre la santé bucco-dentaire et l’état général ?
- Il existe un lien entre la santé buccodentaire et l'état de santé général, la santé bucco-dentaire fait partie intégrante de la santé au sens large. Les maladies parodontales, sont associées à des problèmes de santé comme les maladies cardio-vasculaires et le diabète. Les personnes présentant des affections complexes sont plus exposées au risque de maladies bucco-dentaires qui compliquent encore leur état de santé générale. Certaines maladies ont des manifestations buccales, et ces lésions peuvent être le premier signe d’autres maladies potentiellement mortelles comme le VIH/SIDA. En outre, certains médicaments ou traitements courants utilisés pour traiter des maladies systémiques peuvent compromettre la santé et le fonctionnement de la sphère bucco-dentaire.
Non traitées, même pendant peu de temps, les maladies bucco-dentaires peuvent avoir des conséquences néfastes. Une infection bucco-dentaire peut tuer. Une infection bucco-dentaire est considérée comme un facteur de risque dans nombre d’affections générales. La propagation de bactéries peut entraîner ou aggraver sérieusement des infections dans l’organisme tout entier, en particulier chez les personnes immunodéprimées. Les personnes souffrant de maladies cardio-vasculaires ou de diabète sont particulièrement vulnérables.
- Les affections buccodentaires peuvent être source de douleur et causer la perte des dents et la mauvaise haleine. Une mauvaise santé buccodentaire peut être la source d'autres affections systémiques telles que le diabète chez les personnes de tous âges et les maladies respiratoires surtout chez les personnes âgées, les cardiopathies, la prématurité et l'insuffisance pondérale à la naissance.
- Il existe des facteurs communs de risque entre les pathologies générales et les pathologies bucco-dentaires. De nombreuses affections générales peuvent avoir des manifestations bucco-dentaires qui accroissent le risque de maladies bucco-dentaires, lesquelles, à leur tour, représentent un facteur de risque pour un certain nombre d’affections générales.
5. a) Quel est l’impact de la santé bucco-dentaire sur la qualité de la vie ?
Une mauvaise santé bucco-dentaire peut avoir des répercussions importantes sur la qualité de vie. La douleur, la survenue d’abcès dentaires, des difficultés à mastiquer ou à se nourrir, une gêne provoquée par la forme des dents ou des dents manquantes, colorées ou abîmées peuvent avoir des répercussions sur la vie quotidienne et le bien-être des individus.
Il y a des répercussions fonctionnelles, psychologiques, sociales et économiques
5. b) Quels sont les effets de la santé buccodentaire sur l'état de santé général? Et quels sont les liens avec d’autres maladies ?
-Les maladies des gencives s'attaquent à l'ensemble des tissus de soutien des dents, non traitées peuvent entraîner la perte de dents et un risque accru d'affections plus graves, y compris des maladies cardiaques et des accidents vasculaires cérébraux.
- La plaque dentaire qui s'épaissit et durcit, se transforme en tartre, favorisant ainsi les infections gingivales.
-Les bactéries que renferme la plaque peuvent migrer de la bouche à la circulation sanguine, et elles ont été associées à l'obstruction des artères et à des lésions des valvules cardiaques. Ces mêmes bactéries peuvent également atteindre les poumons et causer une infection ou aggraver des affections pulmonaires existantes.
-Il existe également un lien entre le diabète et les maladies des gencives. Les personnes souffrant de diabète sont ainsi plus vulnérables aux maladies des gencives, lesquelles peuvent augmenter le risque de complications du diabète.
-La santé buccodentaire est aussi extrêmement importante pour les femmes enceintes. Les femmes enceintes présentant des maladies des gencives courent un risque accru de donner naissance à des enfants prématurés et de petit poids. les nouveau-nés présentent déjà un risque accru de nombreux problèmes, notamment : les troubles du développement, l'asthme, les infections de l'oreille, les malformations congénitales et les troubles du comportement, tels que l'hyperactivité avec déficit de l'attention. Ils sont en outre davantage exposés au risque de mortalité infantile.
6. Comment une bonne santé bucco-dentaire protège le coeur
La prévention et le traitement des maladies des gencives auraient pour résultat une diminution significative du risque d'être confronté à des problèmes vasculaires.
7. Laquelle de ces affections est réversible : la gingivite ou la maladie parodontale?
La gingivite peut être prévenue et enrayée grâce au maintien de bonnes habitudes d'hygiène buccodentaire
8. Comment se brosser les dents?
Utilisez une brosse à dents à soies souples
Placez les soies contre les gencives
Exécutez délicatement un mouvement de va-et-vient avec la brosse
Brossez toutes les surfaces de la dent
les surfaces internes (du côté de la langue)
les surfaces externes (du côté de la joue)
le dessus (surface de mastication)
Brossez-vous la langue
L'élimination de la plaque une fois par jour empêchera l'apparition de caries et de maladies des gencives.
9. Quel est le problème dentaire le plus courant chez les adultes?
La maladie des gencives.
10. Quels sont les Facteurs de risques des maladies dentaires ?
Il y a nombre de facteurs de risques associés au cancer de la bouche :
Âge : Les personnes âgées de plus de 50 ans sont plus à risques de développer un cancer de la bouche.
Sexe : Il touche plus les hommes que les femmes.
Tabagisme : Le tabagisme ou l'usage des produits du tabac, surtout s'il est combiné à une grande consommation d'alcool, augmente le risque.
Alcool : Une grande consommation d'alcool, surtout si elle combinée au tabagisme, augmente le risque.
Les personnes dont les lèvres sont exposées à la lumière du soleil de façon régulière.
Un régime alimentaire faible en fruits et en légumes.
11. Comment éviter les maladies dentaires ?
a) La prévention est l'élément clé
Consultez régulièrement votre professionnel de soins dentaires pour un examen et un nettoyage périodiques.
Cessez de fumer et de faire usage des produits du tabac.
Réduisez votre consommation d'alcool.
Appliquez une protection contre les rayons UV sur vos lèvres lorsqu'elles sont exposées au soleil.
Adoptez des habitudes alimentaires saines qui respectent les recommandations du Guide alimentaire canadien pour manger sainement.
Brossez-vous les dents et passez la soie dentaire chaque jour. Apprenez-en davantage sur les habitudes d'hygiène dentaire.
b) Détection précoce
Le cancer de la bouche peut-être traité avec succès s'il est détecté tôt. Dans le cas contraire, il pourra se propager à d'autres parties du corps et il sera alors plus difficile à traiter. Pour une détection précoce du cancer, demandez à votre professionnel de soins dentaires/de la santé de procéder régulièrement au dépistage du cancer de la bouche.
12. Quels sont les risques associés à une piètre santé buccodentaire ?
Les maladies des gencives résultent d'une inflammation qui peut également s'attaquer à l'ensemble des tissus de soutien des dents. La plaque est un film bactérien transparent et collant qui s'accumule sur les dents, s'épaissit et durcit. À défaut de se brosser les dents et d'utiliser de la soie dentaire tous les jours, la plaque durcit et se transforme en tartre, favorisant l'infection gingivale.
Les maladies des gencives non traitées peuvent entraîner la perte de dents et accroître le risque d'affections plus graves, y compris les maladies respiratoires. Les bactéries que renferme la plaque peuvent migrer de la bouche aux poumons et causer une infection ou aggraver une affection pulmonaire existante.
Il y a aussi un lien entre le diabète et les maladies des gencives. Les personnes souffrant de diabète sont ainsi plus vulnérables aux maladies des gencives, qui peuvent augmenter le risque de complications du diabète.
Les femmes enceintes dont la santé buccodentaire est déficiente courent un risque accru de donner naissance à un enfant prématuré de faible poids.. Les bébés prématurés ou de faible poids à la naissance sont plus vulnérables à de nombreuses anomalies : retards du développement, asthme, infections de l'oreille, malformations congénitales, troubles du comportement et risque de mortalité infantile.
13. Comment réduire les risques ?
Pour assurer une bonne santé buccodentaire, vous devriez suivre les recommandations suivantes :
Brossez-vous les dents et utilisez la soie dentaire tous les jours. L'utilisation d'un rince-bouche antimicrobien peut aussi contribuer à éliminer les bactéries de la bouche.
Consultez régulièrement votre professionnel de soins dentaires pour un examen buccodentaire.
Évitez de fumer. Si vous fumez, assurez-vous de consulter votre professionnel de soins dentaires régulièrement.
Si vous êtes enceinte, consommez des aliments sains et maintenez une bonne hygiène buccodentaire.
Brossez les dents de vos enfants jusqu'à ce qu'ils puissent écrire leur nom en lettres attachées. Ils seront alors capables de se brosser les dents sans votre aide.
13. Qu’est-ce que sont les maladies des gencives?
R. Les maladies des gencives (ou maladies parodontales) sont des infections chroniques qui sont le plus souvent causées par l’accumulation de plaque dentaire. Les maladies des gencives s’accompagnent rarement de symptômes, à moins d’être à un stade bien avancé. Ces infections peuvent cependant être très dommageables pour vos dents et nuire à votre état de santé en général.
14. Est-ce que ce sont des affections graves?
R. De plus en plus de données scientifiques établissent un lien entre les maladies des gencives (aussi appelées maladies parodontales) et une myriade de problèmes de santé qui vont de la pneumonie et des maladies respiratoires chroniques aux maladies cardiovasculaires, aux accidents vasculaires cérébraux, aux accouchements prématurés et à l’insuffisance de poids à la naissance.
15. Est-ce que cela signifie que les maladies des gencives peuvent être la cause de crises cardiaques?
R. Des études scientifiques (prospectives) ont établi un lien entre les maladies parodontales et les maladies cardiovasculaires.
Il existe un état d’un risque de maladies cardiovasculaires fatales, de trois à sept fois plus élevé chez les souffrant d’une maladie des gencives grave.
16. Quel est le lien entre les accidents vasculaires cérébraux et les maladies des gencives?
R. Selon des chercheurs, le risque d’accidents vasculaires cérébraux pourrait être jusqu’à trois fois plus élevé chez les personnes ayant une mauvaise hygiène buccodentaire.]
17. Quel est le lien entre les maladies des gencives chez les femmes, l’accouchement prématuré et l’insuffisance de poids à la naissance?
R. Des recherches montrent que les femmes souffrant de maladies parodontales pourraient être jusqu’à 7 fois plus à risque de donner naissance à un bébé prématuré de faible poids.
Et bien que ce risque augmente avec la gravité des maladies, même les femmes qui ne présentent que des signes minimes de maladies parodontales y sont exposées.
18. Pourquoi les risques d’accouchements prématurés sont-ils plus élevés chez les femmes atteintes de maladies parodontales?
R. Deux raisons pourraient expliquer ce phénomène. Premièrement, il a été démontré que les toxines qui entrent dans la circulation sanguine, par les gencives irritées qui se détachent de l’os, créent un stress sur le foetus qui pourrait favoriser l’accouchement prématuré et l’insuffisance de poids à la naissance. Autre cause possible, la bactérie associée aux maladies des gencives pourrait avoir un effet de renforcement sur l’hormone prostaglandine qui stimule le travail.
19. Les maladies des gencives sont-elles fréquentes?
R. Jusqu’à 80 p. 100 des gens seront atteints d’une maladie des gencives à un moment ou l’autre de leur vie. Les maladies des gencives constituent la principale cause de la perte des dents . L’incidence des maladies des gencives graves augmente en outre avec l’âge, ces maladies touchant un adulte d’âge moyen sur sept, alors que la proportion est de un sur trois chez les personnes âgées.
20. Quelles sont les causes des maladies des gencives?
R. Même si de nombreux facteurs contribuent à l’apparition des maladies des gencives, l’accumulation de plaque dentaire en est la cause la plus fréquente. Cette plaque, qui consiste en une pellicule incolore de bactéries, recouvre les dents et s’infiltre entre la surface des dents et le tissu gingival.
Au fil du temps, la plaque durcit pour former du tartre et elle cause l’inflammation des gencives. Non traitée, cette inflammation peut provoquer une infection grave qui attaquera les os supportant les dents et causera le rétrécissement du tissu gingival.
21. Est-il possible de prévenir les maladies des gencives?
R. Oui, il est possible de les prévenir. Et la prévention commence par de bonnes habitudes d’hygiène buccodentaire. Brossez-vous les dents au moins deux fois par jour et passez la soie dentaire chaque jour. La soie dentaire permet de nettoyer des endroits que la brosse à dents ne peut pas atteindre et qui représentent environ le tiers de la surface des dents. Il est également important de maintenir de saines habitudes de vie. Un régime alimentaire bien équilibré et l’abandon du tabac sont d’autres moyens d’améliorer votre état de santé général, y compris votre santé buccodentaire.
À noter qu’un nettoyage professionnel en cabinet dentaire est le seul moyen efficace d’éliminer le tartre durci qui cause les maladies des gencives.
De plus, l’examen fait par le dentiste permettra de déceler tout signe de maladies parodontales.
22. La carie est-elle fréquente chez les enfants?
R. La carie dentaire est un des problèmes de santé les plus répandus chez les enfants; elle est ainsi cinq fois plus fréquente que l’asthme et sept fois plus répandue que le rhume des soins. La carie dentaire est causée par une infection bactérienne et elle touche 60 p. 100 des personnes âgées de 5 à 17 ans.
23. Quel est le rapport entre VIH/SIDA et la santé bucco-dentaire
La plupart des personnes séropositives présentent des infections virales, bactériennes ou mycosiques de la bouche, qui surviennent souvent à un stade précoce de la maladie. Les lésions buccales directement associées à l’infection à VIH sont la candidose buccale pseudomembraneuse, la leucoplasie chevelue buccale, la gingivite et la parodontite liées au VIH, le sarcome de Kaposi, les lymphomes non hodgkiniens et la sécheresse buccale due à une diminution du flux salivaire.
24. Y a - t’il un programme de l’OMS en matière de la santé bucco-dentaire Et quelles sont les stratégies dans le domaine de prévention et de soins des lésions buccales directement associées à l’infection à VIH ?
a) Oui, c’est le Programme OMS de Santé Bucco-dentaire
b) Ces activités porteront principalement sur:
* l’identification des manifestations buccales les plus révélatrices du VIH/SIDA;
* la participation du personnel de santé bucco-dentaire à la documentation du VIH/SIDA pour assurer une évaluation médicale, une prévention et un traitement appropriés;
* la formation des autres professionnels de santé au dépistage des lésions buccales et des manifestations extra buccales; l’utilisation d’une méthode de « formation de formateurs » pour atteindre les agents de santé au niveau du village et de la communauté;
* la diffusion d’informations sur la maladie et sa prévention par tous les moyens de communication possibles;
* l’appui technique de l’OMS.
.
26. Quels sont les dix principes de dépistage des maladies bucco-dentaires ?
Dix principes de dépistage sont :
1. L’état recherché devrait causer d’importants problèmes de santé.
2. L’histoire naturelle de la maladie devrait être bien comprise.
3. La phase précoce de la maladie devrait pouvoir être identifiée.
4. Le traitement précoce de la maladie devrait être plus bénéfique que celui amorcé à une étape avancée de la maladie.
5. On devrait effectuer un test approprié.
6. Le test devrait être accepté par la population.
7. On devrait disposer des installations nécessaires pour diagnostiquer et traiter les anomalies décelées.
8. Pour les maladies au début insidieux, le dépistage devrait se faire à des intervalles répétés et établis suivant l’histoire naturelle de la maladie.
9. Les chances d’aggraver l’état physique ou psychologique du patient testé devraient être moindres que celles de l’améliorer.
10. On devrait comparer les bienfaits du programme de dépistage aux coûts qu’il entraîne.
27. Quelle est l’importance d’une bonne hygiène alimentaire dans la prévention des caries -dentaires ?
R/ Hygiène alimentaire consiste à corriger les mauvaises habitudes alimentaires et à développer des conseils visant à écarter les aliments les plus cariogènes tout en favorisant une alimentation équilibrée.
Les habitudes alimentaires influencent la santé buccodentaire, notamment le développement des caries dentaires et la formation de la plaque dentaire.
28. A quoi consiste une bonne hygiène bucco-dentaire ?
Une bonne hygiène bucco-dentaire suppose :
1) des visites régulières chez votre chirurgien-dentiste;
2) un bon équilibre alimentaire;
3) une bonne technique de brossage;
4) un apport suffisant en fluor.
29. Que savez-vous de l’indice de CAO ? (Importance, noms des auteurs, année de description, sa formule et son interprétation)
L’Indice de CAO est utilisé pour la surveillance de la carie dentaire.
L’indice CAO décrit par Klein et Palmer en 1937.
Le CAO ou CAO individuel = C + A + O
C étant le nombre de dents cariées
A étant le nombre de dents absentes pour cause de carie
O étant le nombre de dents obturées définitivement dans la bouche de la personne examinée
C total + A total + O total
L’indice CAO = ————————————
Le nombre de personnes examinées
Le chiffre obtenu nous permettra alors de mesurer le niveau d’atteinte carieuse d’une population donnée :
- niveau très bas quand 0 < l’indice CAO < 1,1
- niveau bas quand 1,2 < l’indice CAO < 2,6
- niveau moyen quand 2,7 < l’indice CAO < 4,4
- niveau élevé quand 4,5 < l’indice CAO < 6,5
30. Quels les grands problèmes de la santé bucco-dentaire
Les maladies dentaires imposent aussi de lourds fardeaux financiers et sociaux, car les traiter est généralement coûteux. De plus, la douleur dentaire est synonyme d’absentéisme au travail et à l’école.
31. Quelles sont les affections bucco-dentaires les courantes ?
Les principales affections sont :
- la carie dentaire avec les maladies parodontales, touche plus les élèves dans les pays industrialisés et la grande majorité des adultes ;
- les traumatismes bucco-dentaires surviennent chez les enfants de 6 ans ;
- les manifestations bucco-dentaires du VIH/SIDA sont très fréquentes ;
- les cancers de la cavité buccale chez les hommes ont une fréquence particulièrement élevée.
- des affections très graves comme le noma tuent les enfants de 2 à 6 ans en l’absence de traitement approprié.
32. Sur quoi repose la formation des techniciens en soins bucco-dentaire ?
La formation repose sur la prévention par l’hygiène bucco-dentaire, le diagnostic précoce et les soins bucco-dentaires.
33. Quelles les principales activités du technicien en S.B.D dans le cadre de
Soins de Santé primaire ?
Les activités de prévention, d’éducation sanitaire et les activités curatives dans les
limités de ses connaissances.
34. Quelles sont les répercussions de l’alimentation et la nutrition sur la santé bucco-dentaire ?
L’alimentation et la nutrition ont des répercussions sur la santé bucco-dentaire à différents titres :
- La nutrition influence le développement cranio-facial, le cancer de la cavité buccale et les maladies infectieuses de la bouche.
- Les pathologies dentaires liées à l’alimentation comprennent notamment la carie dentaire, les anomalies de développement de l’émail, l’érosion dentaire et les maladies parodontales.
- Les effets des changements nutritionnels montrent comment des risques communs influencent la santé publique, y compris la santé bucco-dentaire.
35. Quels sont les objectifs qui visent la pratique des soins buccodentaires ?
R/ Les objectifs suivants guident la pratique des soins buccodentaires :
• Maintenir l’intégrité, la lubrification et la propreté des lèvres et de la muqueuse buccale;
• Garder les dents libres de débris et de plaque;
• Maintenir une bonne hygiène des prothèses dentaires et prévenir l’apparition de conditions reliées au port de prothèses dentaires;
• Prévenir les infections;
• Prévenir l’inconfort buccodentaire;
• Encourager un apport nutritionnel adéquat;
36. Qu’entendez-vous par soins buccodentaires ?
Les soins buccodentaires sont définis comme l’ensemble des mesures préventives, pouvant être effectuées par les malades eux-mêmes ou les soignants, visant à éviter l’apparition de problèmes de santé et favoriser le bien-être du patient.
37. Citez les composantes des soins buccodentaires
Les soins buccodentaires se composent de quatre volets :
- L’hygiène buccodentaire,
- L’évaluation buccodentaire,
- L’alimentation,
- Les soins spécifiques.
38. Quel est le mécanisme de formation de la tarte à partir de la plaque dentaire?
La plaque est une pellicule naturelle composée de différents microorganismes s’accrochant de façon tenace aux dents et autres tissus buccaux. La plaque est reformée à toutes les 24 heures. Après quelques jours, si la plaque n’est pas désorganisée, un processus de calcification s’enclenche pour éventuellement mener à la formation de tartre, quelques mois plus tard
39. Quels sont les obstacles et contraintes de la prévention buccodentaire
- le manque de temps pour les praticiens et l'absence de conseils pour les patients constituent des facteurs négatifs à l'application de cette prévention.
- les praticiens souvent sollicités pour des urgences et des soins curatifs importants et relèguent la prévention au second plan.
- les patients quant à eux ne se préoccupent souvent que du motif de leur consultation et sont satisfaits une fois soulagés.
- de l'attitude "curato-consciente" plutôt que"prévento-consciente" des praticiens (dentistes, techniciens).
- la formation du praticien peu orientée vers la prévention.
- du manque d'autres professionnels de la santé de niveau intermédiaires tels que les assistants de cabinets,techniciens en soins buccodentaire ou les agents de santé communautaires ou les hygiénistes qui s'occuperaient plus spécifiquement du volet prévention.
- méconnaissance des moyens de prévention par des populations souvent analphabètes de leur geste en matière d'hygiène buccale.
- peu d'intérêt accordé aux dents postérieures en général.
40. Que veut dire le terme la santé passe par la bouche ?
La bouche est en relation avec tout le corps et notre état général y est totalement associé. Fonctions vitales, fonctions affectives, fonctions de communication, elle est le carrefour des échanges fondamentaux du corps humain.
Conserver une bouche en pleine santé, c’est aussi l’une des cartes à jouer pour s’assurer de vivre mieux et longtemps.
REFERENCES BIBLIOGRAPHIQUES
1. Poul Erik Petersen : l’Approche du Programme OMS de Santé Bucco- Dentaire, OMS 2003 Genève
2. OMS - La Santé bucco-dentaire dans la Région Africaine: Stratégie régionale
1999 - 2008, Hararé, Zimbabwé ,1998
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