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MANUEL D'ETHIQUE MEDICALE

14 
CHAPITRE 1 – 
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉTHIQUE MÉDICALE 
La vie au quotidien d’un médecin généraliste français 
© Gilles Fonlupt/Corbis 
15 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
CHAPITRE 1 – 
PRINCIPALES CARACTÉRISTIQUES DE L’ÉTHIQUE MÉDICALE 
OBJECTIFS 

près avoir étudié ce chapitre, vous devriez pouvoir: 
· 
expliquer pourquoi l’éthique est importante pour la 
médecine 
· 
indiquer les principales sources de l’éthique médicale 
· 
distinguer les différents modes d’approche d’une prise 
de décision éthique, y compris la vôtre. 
16 
QUELLE EST LA PARTICULARITÉ DE LA 
MÉDECINE? 
Il semble que de tout temps et partout dans le monde, le fait d’être 
médecin a signifié quelque chose de particulier. Le médecin est 
celui que l’on contacte pour nous aider dans nos besoins les plus 
pressants – soulager les douleurs et les souffrances, recouvrer la 
santé et le bien-être. On permet au médecin de voir, de toucher, 
de manipuler toutes les parties du corps humain, même les plus 
intimes. Et ce, au nom de la conviction que le médecin agit dans le 
meilleur intérêt du patient. 
Le statut des médecins diffère d’un 
pays à l’autre, voire même à l’intérieur 
des pays. En général, cependant, il 
semble se détériorer. Beaucoup de 
médecins estiment qu’ils ne sont plus 
respectés comme autrefois. Dans 
certains pays, le contrôle des soins 
de santé est progressivement passé des 
mains des médecins à celles de bureaucrates ou d’administrateurs 
professionnels et certains d’entre eux tendent à considérer les 
médecins comme des obstacles plutôt que comme des partenaires 
dans les réformes des soins de santé. Les patients qui autrefois 
acceptaient inconditionnellement les ordres du médecin demandent 
parfois aujourd’hui que celui-ci justifie ses recommandations 
lorsqu’elles diffèrent des conseils obtenus 
d’un autre praticien ou de l’Internet. 
Certains actes, que seuls des 
médecins étaient autrefois capables 
d’exécuter, sont aujourd’hui effectués 
par des techniciens, des infirmières 
ou le personnel paramédical. 
En dépit de ces changements qui 
affectent le statut du médecin, 
la médecine continue d’être une 
“Beaucoup de 
médecins estiment 
qu’ils ne sont plus 
respectés comme 
autrefois.” 
“Afin de répondre à 
la fois aux attentes 
des patients et des 
étudiants, il importe 
que les médecins 
connaissent et 
démontrent les valeurs 
fondamentales de la 
médecine...” 
17 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
profession tenue en haute estime par les personnes malades qui 
ont besoin de ses services. Elle continue aussi d’attirer en grand 
nombre des étudiants fort talentueux, travailleurs et dévoués. Afin 
de répondre à la fois aux attentes des patients et des étudiants, il 
importe que les médecins connaissent et démontrent les valeurs 
fondamentales de la médecine, notamment la compassion, la 
compétence et l’autonomie. Ces valeurs constituent, avec le respect 
des droits humains fondamentaux, le fondement de l’éthique 
médicale. 
QUELLE EST LA PARTICULARITÉ 
DE L’ÉTHIQUE MÉDICALE? 
La compassion, la compétence et l’autonomie n’appartiennent pas 
en exclusivité à la médecine. Cependant, on attend des médecins 
qu’ils les portent à un degré d’exemplarité plus grand que dans 
beaucoup d’autres professions. 
La compassion 
, définie comme la compréhension et la sensibilité 
aux souffrances d’autrui, est essentielle à la pratique de la médecine. 
Pour traiter les problèmes du patient, le médecin doit reconnaître 
les symptômes et leurs causes sous-jacentes et vouloir aider le 
patient à obtenir un soulagement. Les patients répondent mieux 
au traitement s’ils sentent que le médecin est sensible à 
leur problème et qu’il soigne leur personne plutôt que leur seule 
maladie. 
Un haut degré de 
compétence 
est à la fois attendu et exigé des 
médecins. Le manque de compétence peut avoir des conséquences 
graves ou entraîner la mort. Les médecins reçoivent un enseignement 
long destiné à leur assurer cette compétence, mais vu l’évolution 
rapide des connaissances médicales, le maintien de ces aptitudes 
constitue un défi qu’ils doivent relever sans cesse. Du reste, il ne 
s’agit pas seulement de maintenir un niveau de connaissances 
scientifiques et de compétences techniques mais aussi des 
connaissances, compétences et comportements éthiques, puisque 
18 
les nouvelles questions éthiques dérivent des changements de 
la pratique médicale même et de son environnement social et 
politique. 
L’autonomie 
, ou l’autodétermination, est la valeur fondamentale 
de la médecine qui a connu le plus de changements au cours des 

ÉCLARATION 
DE 

EN 
èv 

DE 

’A 
SSOCIATION 

ÉDICALE 

ONDIALE 

u moment d’être admis comme membre de la profession 
médicale: 
Je prends l’engagement solennel de consacrer ma vie au 
service de l’humanité; 
Je témoignerai à mes maîtres le respect et la reconnaissance 
qui leur sont dus; 
J’exercerai ma profession avec conscience et dignité; 
Je considérerai la santé de mon patient comme mon 
premier souci; 
Je respecterai les secrets qui me seront confiés, même 
après la mort du patient; 
Je maintiendrai, dans toute la mesure de mes moyens, 
l’honneur et les nobles traditions de la profession 
médicale; 
Mes collègues seront mes soeurs et mes frères; 
Je ne permettrai pas que des considérations d’âge, de 
maladie ou d’infirmité, de croyance, d’origine ethnique, 
de sexe, de nationalité, d’affiliation politique, de race, 
d’inclinaison sexuelle, de statut social ou tout autre critère 
s’interposent entre mon devoir et mon patient; 
Je garderai le respect absolu de la vie humaine; 
Je n’utiliserai pas mes connaissances médicales pour 
enfreindre les droits de l’homme et les libertés civiques, 
même sous la menace; 
Je fais ces promesses solennellement, librement et sur 
l’honneur 
19 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
dernières années. Les médecins ont, sur le plan individuel, de tout 
temps bénéficié d’une grande autonomie en matière de traitement 
clinique du patient. Sur le plan collectif, les médecins ont eu toute 
liberté de définir les normes de l’enseignement médical et de la 
pratique médicale. Comme le montrera ce manuel, dans beaucoup 
de pays, ces deux modes de pratique médicale ont été limités par 
les gouvernements ou d’autres autorités de contrôle de la profession 
médicale. Malgré ces défis, les médecins continuent d’accorder 
une grande valeur à leur autonomie clinique et professionnelle 
et s’efforcent de la préserver du mieux possible. Dans le même 
temps, l’autonomie du patient reçoit partout dans le monde une 
reconnaissance générale de la part des médecins, ce qui signifie que 
le patient doit être celui qui prend la décision finale sur les questions 
le concernant. Le manuel donnera des exemples de conflits entre 
l’autonomie du médecin et le respect de l’autonomie du patient. 
Outre son adhésion à ces trois valeurs fondamentales, l’éthique 
médicale se distingue de l’éthique générale qui s’applique à chacun 
en ce qu’elle est publiquement 
professée 
dans un serment (par 
exemple, la 
Déclaration de Genève de l’AMM 
) et/ou un code. 
Ces serments et ces codes, bien que différents d’un pays à l’autre, 
voire à l’intérieur d’un même pays, ont cependant plusieurs points 
communs, notamment la promesse que le médecin fera prévaloir 
les intérêts de son patient, s’abstiendra de toute discrimination 
sur la base de la race, de la religion ou d’autres droits humains, 
protègera la confidentialité de l’information du patient et fournira, le 
cas échéant, les soins d’urgence ou exigés. 
QUI DÉCIDE DE CE QUI EST ÉTHIQUE? 
L’éthique est pluraliste. Les individus ne sont pas toujours d’accord 
sur ce qui est juste ou ce qui est faux, et même quand ils le sont, 
ce peut être pour des raisons différentes. Dans certaines sociétés, 
ces différences sont considérées comme normales, chacun étant 
libre d’agir comme il le veut à condition de respecter les droits 
d’autrui. Dans les sociétés plus traditionnelles, cependant, l’éthique 
20 
fait l’objet d’un plus grand consensus et aussi de plus grandes 
pressions sociales, parfois soutenues par des lois, pour agir d’une 
certaine manière plutôt qu’une autre. Dans ces sociétés, la culture 
et la religion jouent souvent un rôle important dans la détermination 
du comportement éthique. 
La réponse à la question de qui décide de ce qui est éthique en 
général diffère donc d’une société à l’autre, voire au sein même 
d’une société. Dans les sociétés libérales, les individus ont une 
grande liberté de décider pour eux-mêmes de ce qui est éthique, 
même s’il est possible qu’ils soient influencés par leurs familles, 
leurs amis, leur religion, les medias et d’autres sources extérieures. 
Dans les sociétés plus traditionnelles, le rôle des familles, des 
anciens, des autorités religieuses et des leaders politiques dans 
la définition des valeurs éthiques est généralement plus grand que 
celui des individus. 
En dépit de ces différences, il semble que la plupart des êtres 
humains soient d’accord avec certains principes éthiques de base, 
notamment les droits humains fondamentaux proclamés dans la 
Déclaration universelle des droits 
de l’homme 
des Nations Unies 
et par d’autres documents généralement reconnus et officiellement 
approuvés. 

u regard de l’éthique médicale, les droits humains les 
plus importants sont le droit à la vie, l’absence de discrimination, 
de torture et de traitement cruel, inhumain ou dégradant, la liberté 
d’opinion et d’expression, l’égalité d’accès aux services publics et 
aux soins médicaux. 

la question de savoir qui décide de ce qui est éthique, les 
médecins donnaient encore il y a peu des réponses quelque peu 
différentes. 

u cours des siècles, la profession médicale a énoncé 
ses propres normes de comportement pour ses membres, sous la 
forme de codes d’éthique et de déclarations. 

u plan international, 
l’ 

MM a élaboré un grand nombre de prises de positions éthiques 
recommandant une ligne de conduite aux médecins quel que soit 
leur lieu de résidence ou de pratique. Dans beaucoup de pays, 
voire la plupart, les associations médicales ont la responsabilité 
21 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
d’élaborer et de mettre en place des normes éthiques applicables. 
En fonction de la législation médicale en vigueur dans le pays, ces 
normes peuvent avoir une valeur juridique. 
Cependant, la possibilité pour la profession médicale de définir ses 
propres règles éthiques n’est jamais apparue comme un privilège 
absolu. Pour exemple, 
• 
les médecins ont toujours été soumis à la législation générale 
en vigueur dans le pays et ont parfois été sanctionnés pour 
avoir agi contrairement à ces lois; 
• 
certaines organisations médicales sont fortement influencées 
par les enseignements religieux qui imposent des obligations 
supplémentaires à leurs membres, en plus de celles qui 
s’appliquent à tous les médecins; 
• 
dans certains pays, les organisations chargées d’énoncer 
les normes de la pratique des médecins et d’en contrôler 
l’application comptent aujourd’hui parmi leurs membres un 
nombre important de non médecins. 
Les directives éthiques des associations médicales sont générales 
par nature. Elles ne peuvent traiter les cas particuliers que les 
médecins rencontrent dans l’exercice de leur profession. La plupart 
du temps, les médecins doivent décider par eux-mêmes de ce qu’il 
est juste de faire, mais le fait de savoir 
ce que d’autres médecins feraient 
en pareils cas peut leur être fort utile. 
Les codes d’éthique médicaux et les 
déclarations de principe reflètent un 
consensus général sur la manière 
dont les médecins devraient agir et 
il importe que ces principes soient 
respectés à moins qu’il existe de 
bonnes raisons d’agir autrement. 
“...le fait de savoir ce 
que d’autres médecins 
feraient en pareils 
cas peut leur être fort 
utile.” 
22 
L’ÉTHIQUE MÉDICALE CHANGE-T-ELLE? 
Certains aspects de l’éthique médicale ont changé au cours des 
années. Il y a peu encore, les médecins avaient le droit et le devoir 
de décider du mode de traitement des patients et il n’y avait aucune 
obligation d’obtenir leur consentement éclairé. En contraste, la plus 
récente version de 2005 de la 
Déclaration des droits du patient 
de l’AMM commence par cette affirmation: « 
La relation entre les 
médecins, les patients et la société en général a connu ces derniers 
temps des changements importants. 

lors que le médecin doit 
toujours agir selon sa conscience et dans le meilleur intérêt du patient, 
il importe par ailleurs de veiller à garantir au patient l’autonomie et 
la justice 
». De nombreux individus estiment aujourd’hui qu’ils sont 
leurs propres fournisseurs de soins et que le médecin a pour rôle 
de les conseiller ou de les instruire. Même si cette vision des soins 
de santé en automédication est loin d’être générale, elle semble 
progresser et est, en tout cas, symptomatique d’une évolution plus 
globale de la relation médecin / patient qui provoque des changements 
dans les obligations éthiques des médecins. 
Jusqu’à récemment, les médecins estimaient qu’ils n’étaient 
responsables 
qu’envers eux-mêmes, leurs collègues et, 
pour les croyants, envers Dieu. 

ujourd’hui, ils ont aussi des 
responsabilités envers leurs patients, des tiers comme les hôpitaux, 
les 
administrations de soins de santé, 
les organismes délivrant 
les autorisations d’exercice et les 
pouvoirs réglementaires, par exemple, 
et souvent aussi envers les cours de 
justice. Ces différentes responsabilités 
peuvent parfois s’avérer conflictuelles 
comme le montreront les discussions 
sur la double allégeance, au chapitre 
3. 
L’éthique médicale a également changé en d’autres points. La 
participation à l’avortement, interdite par les codes d’éthique jusqu’à 
peu, est maintenant tolérée à certaines conditions par la profession 
“Ces différentes 
responsabilités 
peuvent parfois 
s’avérer 
conflictuelles...” 
23 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
médicale dans beaucoup de pays. 

lors que l’éthique médicale 
traditionnelle n’exigeait des médecins que leur responsabilité 
envers leurs patients, il est de nos jours généralement entendu 
que les médecins doivent également tenir compte des besoins de 
la société, par exemple, de l’allocation des ressources limitées de 
santé (cf. chapitre 3). 
Les progrès de la technologie et des sciences médicales soulèvent 
des questions éthiques nouvelles auxquelles l’éthique médicale 
traditionnelle ne peut répondre. La procréation médicalement 
assistée, la génétique, l’informatisation des données de santé, et 
la prolongation de la vie, toutes qui nécessitent la participation des 
médecins, peuvent, selon l’utilisation qui en est faite, s’avérer fort 
bénéfiques mais aussi fort préjudiciables pour les patients. Pour 
aider les médecins à décider de leur participation à ces activités, et 
de quelles conditions, les associations médicales doivent proposer 
des méthodes analytiques différentes et ne plus simplement s’en 
remettre aux codes d’éthique existants. 
En dépit des changements manifestes de l’éthique médicale, les 
médecins sont généralement d’accord sur le fait de ne pas modifier, 
ou du moins de pas devoir modifier, les valeurs fondamentales et 
les principes éthiques de la médecine. Etant donné la certitude 
qu’ils seront toujours affectés par les maladies, les êtres humains 
auront toujours besoin de médecins compatissants, compétents et 
indépendants pour les soigner. 
L’ÉTHIQUE MÉDICALE DIFFÈRE-T-ELLE 
D’UN PAYS À L’AUTRE? 
Tout comme l’éthique médicale peut et doit évoluer avec le temps ainsi 
qu’avec les progrès des technologies et des sciences médicales et 
aussi des valeurs de la société, elle diffère, pour les mêmes raisons, 
d’un pays à l’autre. Sur la question de l’euthanasie, par exemple, il 
existe des divergences d’opinion importantes entre les différentes 
associations médicales nationales. Certaines la condamnent, 
24 
d’autres font valoir leur neutralité, et l’une d’entre elles, l’ 

ssociation 
médicale néerlandaise, l’accepte à certaines conditions. De même, 
concernant l’accès aux soins de santé, certaines associations 
soutiennent l’égalité de tous les citoyens tandis que d’autres sont 
prêtes à tolérer de grandes inégalités. Certains pays manifestent 
un grand intérêt pour les questions éthiques soulevées par les 
avancées de la technologie médicale alors que ces questions ne se 
posent pas dans les pays qui n’ont pas accès à cette technologie. 
Dans certains pays, les médecins sont assurés de ne pas être 
contraints par leur gouvernement de faire quelque chose qui soit 
contraire aux principes éthiques alors que dans d’autres pays ils 
peuvent avoir des difficultés à faire respecter leurs obligations 
éthiques, par exemple, le respect de la confidentialité des patients 
malgré les demandes, par la police ou l’armée, de signalement de 
blessures « 
suspectes 
». 
Bien que ces différences puissent paraître importantes, il existe un 
nombre plus grand encore de similitudes. Les médecins ont partout 
dans le monde beaucoup en commun et lorsqu’ils se rassemblent 
au sein d’organisations comme l’ 

MM, ils parviennent généralement 
à s’entendre sur des questions éthiques controversées, même si 
cela nécessite souvent de longs débats. Les valeurs fondamentales 
de l’éthique médicale comme la compassion, la compétence, 
l’autonomie et aussi l’expérience et le savoir-faire des médecins 
constituent une base solide pour analyser les questions éthiques et 
parvenir aux solutions qui seront dans le meilleur intérêt du patient, 
du citoyen et de la santé publique en général. 
LE RÔLE DE L’AMM 
É 
tant la seule organisation internationale cherchant à représenter 
tous les médecins, quelles que soient leur nationalité ou spécialité, 
l’ 

MM a pour rôle d’établir des normes générales d’éthique 
médicale applicables à l’échelle mondiale. Depuis sa création en 
1947 elle s’emploie à prévenir la résurgence de comportements 
contraires à l’éthique tels ceux des médecins de l’ 

llemagne nazie 
25 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
ou d’ailleurs. La première tâche de l’ 

MM a été d’actualiser le 
serment d’Hippocrate avec pour résultat, la 
Déclaration de Genève 

adoptée par la deuxième 

ssemblée de l’ 

MM, en 1948. Le texte a 
été depuis lors plusieurs fois révisé, dont dernièrement en 2006. Sa 
deuxième tâche a été d’élaborer un 
Code international d’éthique 
médicale 
, adopté par la troisième 

ssemblée générale en 1949 et 
révisé en 1968, 1983 et 2006. Ce code est actuellement en cours 
de révision. Puis l’ 

MM s’est employée à développer des directives 
éthiques pour la recherche sur des sujets humains. Ces travaux 
demandèrent beaucoup plus de temps que les deux précédents 
et il fallut attendre 1964 pour que la 
Déclaration d’Helsinki 
soit 
adoptée. Ce document fut aussi l’objet de révisions périodiques, 
dont la dernière remonte à 2000. 
Outre ces déclarations éthiques de 
base, l’ 

MM a adopté des prises de 
position sur plus d’une centaine de 
sujets dont la plupart sont de nature 
éthique. D’autres textes concernent 
les questions médico-sociales, y 
compris l’enseignement médical 
et les systèmes de santé. Chaque 
année, l’ 

ssemblée générale de 
l’ 

MM révise quelques déclarations 
existantes et/ou adopte de nouveaux 
textes. 
COMMENT L’AMM DÉCIDE-T-ELLE DE CE QUI 
EST ÉTHIQUE? 
Il n’est pas facile de parvenir à un accord international sur 
des questions éthiques controversées, même pour un groupe 
relativement homogène comme les médecins. L’ 

MM s’assure de 
la nature consensuelle de ses déclarations éthiques en requérant 
un taux de 75�e voix en faveur de toute déclaration nouvelle 
ou révisée lors de son assemblée annuelle. Pour obtenir ce degré 
“... l’AMM a pour 
rôle d’établir des 
normes générales 
d’éthique médicale 
applicables à 
l’échelle mondiale.” 
26 
de consensus, il importe de débattre 
les projets sur une grande échelle, 
de soumettre les commentaires 
à l’attention du comité d’éthique 
médicale, voire d’un groupe de travail 
spécialement nommé, de rédiger un 
nouveau texte et parfois le soumettre 
de nouveau à la discussion. Le 
processus peut être long, cela dépend 
de la complexité et/ou de la nature de la question. Par exemple, 
une récente révision de la 
Déclaration d’Helsinki 
commença 
en1997 et ne fut terminée qu’en octobre 2000. Et il reste encore des 
questions non résolues dont le comité d’éthique médicale et des 
groupes successifs poursuivent l’examen. 
Une bonne méthode est essentielle mais ne garantit pas pour autant 
un bon résultat. En décidant de ce qui est éthique, l’ 

MM perpétue 
une longue tradition d’éthique médicale comme en témoignent ses 
plus anciennes déclarations. Elle tient compte, du reste, des autres 
prises de position exprimées sur le sujet par les organisations 
nationales et internationales et les spécialistes des questions 
éthiques. Sur certaines questions, comme le consentement éclairé, 
l’ 

MM partage le point de vue de la 
majorité. Sur d’autres, notamment 
la confidentialité des données 
médicales personnelles, la position 
des médecins doit être défendue avec 
force auprès des gouvernements, 
des administrateurs des systèmes 
de santé et/ou des entreprises 
commerciales. La particularité de 
l’approche de l’ 

MM, en termes de 
conception éthique, est de donner 
la priorité au patient ou sujet de 
recherche. Le médecin professant 
la 
Déclaration 
de Genève 
fait la 
“Sur certaines 
questions ... la position 
des médecins doit 
être défendue avec 
force auprès des 
gouvernements, des 
administrateurs des 
systèmes de santé 
et/ou des entreprises 
commerciales.” 
“Il n’est pas facile 
de parvenir à un 
accord international 
sur des questions 
éthiques 
controversées” 
27 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
promesse suivante : « Je considérerai la santé de mon patient 
comme mon premier souci ». Et la 
Déclaration d’Helsinki 
stipule 
que «Dans la recherche médicale impliquant des êtres humains, 
le bien-être de chaque personne impliquée dans la recherche doit 
prévaloir sur tous les autres intérêts. » 
COMMENT LES INDIVIDUS DÉCIDENT-ILS DE 
CE QUI EST ÉTHIQUE? 
Pour les médecins et les étudiants en médecine, l’éthique médicale 
ne se limite pas à suivre les recommandations de l’ 

MM ou des 
autres organisations médicales. Ces 
directives sont souvent de nature 
générale et chacun doit décider de 
les appliquer ou non à une situation 
donnée. De plus, il existe dans la 
pratique médicale de nombreuses 
questions éthiques pour lesquelles les 
associations médicales ne proposent 
pas de recommandations. En fin de 
compte, c’est aux individus que revient la responsabilité de prendre 
leurs propres décisions éthiques et de les appliquer. 
Il existe différentes façons d’aborder les questions éthiques comme 
celles présentées dans les études de cas au début de ce manuel. 
On peut les diviser en deux grandes catégories : les approches 
rationnelles 
et les approches non rationnelles. Il est important ici 
de préciser que non rationnel ne veut pas dire irrationnel, mais 
simplement qu’il convient de faire une distinction avec l’utilisation 
systématique, réfléchie de la raison dans la prise de décision. 
Approches non rationnelles 
• 
L' 
obéissance 
est une façon courante de prendre des décisions 
éthiques, en particulier chez les enfants et chez les personnes 
qui travaillent dans des institutions autoritaires (par exemple, 
la police, l’armée, certaines organisations religieuses, un grand 
nombre d’entreprises). La moralité consiste à suivre les règles 
“En fin de compte, 
c’est aux individus 
que revient la 
responsabilité de 
prendre leurs propres 
décisions éthiques et 
de les appliquer.” 
28 
ou instructions de ceux qui ont le pouvoir, que l’on soit d’accord 
ou non avec eux. 
• 
L' 
imitation 
s’apparente à l’obéissance en ce sens qu’elle 
subordonne le jugement du vrai et du faux à celui d’une autre 
personne, en l’occurrence, un modèle à émuler. La moralité 
consiste à suivre l’exemple de ce modèle. Il s’agit là peut-être 
de la manière la plus courante d’apprendre l’éthique pour les 
futurs médecins dont les modèles à émuler sont ici d’éminents 
spécialistes et le mode d’enseignement est l’observation et 
l’assimilation des valeurs représentées. 
• 
La 
sensibilité 
ou le 
désir 
est une approche subjective de la 
prise de décision ou comportement moral. Ce qui est juste est 
ce que l’on sent être juste ou ce qui répond à un désir. Ce qui est 
faux est ce que l’on sent être faux ou constitue une frustration du 
désir. La mesure de la moralité se trouve dans chaque personne 
et, naturellement, peut beaucoup varier d’un individu à l’autre, 
voire chez un même individu avec le temps. 
• 
L' 
intuition 
est une perception immédiate de la bonne façon 
d’agir dans une situation donnée. Elle s’apparente au désir en 
ce qu’elle est entièrement subjective mais s’en distingue de 
par son emplacement dans l’esprit plutôt que dans la volonté. 
Elle se rapproche, dans une certaine mesure, davantage des 
formes rationnelles de la prise de décision éthique que ne le font 
l’obéissance, l’imitation, la sensibilité ou le désir. Cependant, 
elle n’est ni systématique ni réfléchie mais dicte les décisions 
morales par une simple idée-éclair. Comme la sensibilité et le 
désir, elle peut beaucoup varier d’un individu à l’autre, voire 
chez un même individu avec le temps. 
• 
L' 
habitude 
est une méthode efficace de prise de décision 
morale puisqu’il n’est pas nécessaire de répéter le processus 
de décision systématique chaque fois qu’une question morale 
identique à celles précédemment rencontrées se présente. 
Cependant, il existe de mauvaises habitudes (par exemple, 
29 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
mentir) et de bonnes habitudes (par exemple, dire la vérité). De 
plus, il est possible que des situations apparemment semblables 
requièrent des décisions très différentes. 

ussi utile que puisse être 
une habitude, on ne peut donc lui accorder toute sa confiance. 
Approches rationnelles 
En tant qu’étude de la moralité, l’éthique reconnaît la prédominance 
des approches non rationnelles dans la prise de décision et 
le comportement. Cependant, elle s’intéresse en premier lieu 
aux approches rationnelles, notamment la déontologie, la 
conséquentialisme, le principalisme et l’éthique de la vertu. 
• 
La 
déontologie 
concerne la recherche de règles fondamentales 
pouvant servir de base à des décisions morales. En exemple, 
on peut citer la formule « 
traiter chacun comme égal 
». Ses 
origines peuvent être religieuses (la croyance que toutes les 
créatures de Dieu sont égales) ou non religieuses (les êtres 
humains partagent quasiment les mêmes gènes). Une fois les 
règles établies, elles doivent être appliquées à des situations 
particulières mais les exigences requises par ces règles peuvent 
parfois être l’objet de désaccords (par exemple, la question de 
savoir si la règle qui interdit de tuer un autre être humain prohibe 
l’avortement ou la peine capitale). 
• 
Le 
conséquentialisme 
fonde la prise de décision éthique sur 
l’analyse des conséquences ou résultats des différents choix ou 
actes. L’action juste est celle qui produit les meilleurs résultats. 
Naturellement, il peut y avoir désaccord sur ce que l’on estime 
être un bon résultat. L’une des formes les plus connues de cette 
théorie, à savoir l’ 
utilitarisme 
, retient « 
l’utilité 
» comme unité 
de mesure et définit ce principe comme « 
le plus grand bien 
pour le plus grand nombre 
». Parmi les autres mesures utilisées 
dans la prise de décision relative aux soins de santé figurent 
le coût / efficacité et les systèmes de mesure de la qualité de 
la vie, 

VCQ (années de vie corrigées par la qualité) ou 

VCI 
(années de vie corrigées de l’invalidité). Les partisans de la 
30 
théorie des conséquences font généralement peu de cas des 
principes car ils sont trop difficiles à identifier, à faire valoir et à 
appliquer et, de toute façon, ne tiennent pas compte de ce qui 
importe pour eux dans une prise de décision morale, à savoir, les 
résultats. Cependant, cette mise à l’écart des principes expose 
la théorie des conséquences à des critiques, notamment le fait 
qu’elle permettrait que « 
la fin justifie les moyens 
», à savoir que 
les droits de la personne humaine peuvent être sacrifiés pour 
parvenir à certaines fins. 
• 
Le 
principalisme 
, comme son nom l’indique, pose les principes 
éthiques comme fondement des prises de décision morale. Elle 
applique ces principes à des situations ou cas particuliers pour 
savoir ce qu’il convient de faire, en tenant compte à la fois des 
règles et des conséquences. Le principalisme a été très influent 
dans de récents débats éthiques, en particulier aux 
É 
tats-Unis. 
Quatre principes — 
le respect de l’autonomie, la 
bienfaisance 

la 
non malfaisance 
et la 
justice 
— 
ont été considérés comme les 
plus importants pour la prise de décision éthique dans la pratique 
médicale. Les principes jouent en effet un rôle important dans 
les prises de décision rationnelles. Cependant, le choix de ces 
principes, en particulier la primauté qu’ils donnent au respect 
de l’autonomie, renvoie à une culture libérale occidentale et 
non forcément universelle. De plus, étant donné qu’il existe des 
situations particulières dans lesquelles ces quatre principes 
apparaissent souvent incompatibles, il importe que des critères 
ou des méthodes permettant de résoudre ces conflits soient 
établis. 
• 
L' 
éthique de la vertu 
s’intéresse moins à la prise de décision 
qu’au caractère des décideurs tel qu’il s’exprime dans leur 
comportement. Une vertu est un type d’excellence morale. 
Comme indiqué précédemment, la compassion est une 
vertu particulièrement importante pour le médecin. Et aussi, 
l’honnêteté, la prudence et le dévouement. Les médecins 
qui possèdent ces vertus sont mieux à même de prendre les 
31 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
bonnes décisions et de bien les appliquer. Cependant, même 
les personnes vertueuses ne sont souvent pas sûres de la 
manière d’agir dans certaines situations et ne sont pas à l’abri 
d’une mauvaise décision. 

ucune de ces quatre approches ou d’autres proposées n’est 
parvenu à emporter un assentiment universel. Les individus diffèrent 
les uns des autres tant dans leur préférence pour une approche 
rationnelle de la prise de décision éthique que dans leur préférence 
pour une approche non rationnelle. Cela peut s’expliquer en partie 
par le fait que chaque approche présente à la fois des points forts 
et des points faibles. Une combinaison des quatre approches 
qui retiendrait de chacune ce qu’elle a de meilleur peut-être un 
excellent moyen de prendre des décisions éthiques rationnelles. Il 
s’agit d’identifier les règles et les principes les mieux appropriés à 
une situation donnée et de tenter de les appliquer au plus grand 
nombre possible. Il conviendra aussi d’examiner les conséquences 
possibles des autres alternatives et d’indiquer celles qui sembleraient 
préférables. Enfin, il conviendra de s’assurer que le comportement 
du décideur, à la fois au regard de la prise de décision et de sa mise 
en application, est admirable. 
Les étapes de ce processus de prise de décision seraient les 
suivantes 

1. 
déterminer l’éventuelle nature éthique de la question 
donnée; 
2. 
consulter les sources autorisées comme les déclarations 
et codes d’éthiques des associations médicales et les 
collègues respectés afin de voir comment les médecins 
traitent généralement ce problème; 
3. 
examiner les autres solutions possibles à la lumière des 
principes et valeurs qu’elles contiennent et de leurs 
conséquences probables; 
4. 
discuter la solution proposée avec les personnes 
concernées; 
32 
5. 
décider et agir avec sensibilité envers les autres personnes 
concernées; 
6. 
évaluer la décision prise et être prêt à agir différemment à 
l’avenir. 
Con 

lusion 
This chapter sets the stage for what follows. 
When dealing with specific issues in medical 
ethics, it is good to keep in mind that 
physicians have faced many of the same 
issues throughout history and that their 
accumulated experience and wisdom can be 
very valuable today. The WMA and other m 
33 
Manuel d’éthique médicale – Principales caractéristiques de L’éthique médicale 
CONCLUSION 
Le présent chapitre prépare en quelque sorte 
celui qui suit. Lorsque des questions spécifiques 
d’éthique médicale se posent, il est bon de se 
rappeler que des médecins ont déjà rencontré bon 
nombre de ces problèmes dans le passé et que 
leurs expériences et sagesse conjuguées peuvent 
aujourd’hui être très utiles. L’AMM et d’autres 
organisations médicales perpétuent cette tradition 
par l’énoncé de recommandations éthiques utiles 
aux médecins. Cependant, malgré un haut niveau 
de consensus des médecins sur ces questions, 
certains peuvent ne pas être ou ne sont pas 
d’accord sur la manière de traiter certains cas 
particuliers. De plus, l’avis du médecin peut être 
complètement différent de celui du patient ou 
autre fournisseur de soins. Il importe surtout, pour 
résoudre ces conflits éthiques, que les médecins 
comprennent les différentes approches d’une 
prise de décision éthique, non seulement la leur, 
mais aussi celle des personnes avec lesquelles ils 
interagissent. Ils pourront ainsi décider par eux- 
mêmes de la meilleure façon d’agir et expliquer 
leur décision aux autres. 

 

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Modifié en dernier lieu le 4.11.2014
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